• Israël, permis de tuer

     

    Israël, permis de tuer - 22 janvier 2019

     

    par Manlio Dinucci

     

    “Avec une action vraiment insolite, Israël a officialisé l’attaque contre des objectifs militaires iraniens en Syrie et intimé aux autorités syriennes de ne pas se venger contre Israël” : ainsi les médias italiens rapportent-ils l’attaque effectuée hier par Israël en Syrie avec des missiles de croisière et des bombes guidées. “C’est un message aux Russes, qui avec l’Iran permettent la survie au pouvoir de Assad”, commente le Corriere della Sera.

     

    Personne ne met en doute le “droit” d’Israël d’attaquer un État souverain pour imposer le gouvernement qu’il doit avoir, après que pendant huit années les USA, l’Otan et les monarchies du Golfe ont essayé avec Israël de le démolir, comme ils l’avaient fait en 2011 avec l’État libyen.

     

    Personne ne se scandalise que les attaques aériennes israéliennes, samedi et lundi, aient provoqué des dizaines de morts, dont au moins quatre enfants, et de graves dommages à l’aéroport international de Damas. Par contre on donne un large écho à la nouvelle que par prudence est restée fermée pendant une journée, au grand déplaisir des excursionnistes, la station de ski israélienne sur le Mont Hermon (entièrement occupé par Israël avec les hauteurs du Golan).

     

    Personne ne se préoccupe du fait que l’intensification des attaques israéliennes en Syrie, au prétexte que celle-ci sert de base de lancement de missiles iraniens, entre dans la préparation d’une guerre à vaste échelle contre l’Iran, planifiée avec le Pentagone, dont les effets seraient catastrophiques.

     

    La décision des États-Unis de sortir de l’accord sur le nucléaire iranien -accord défini par Israël comme “la reddition de l’Occident à l’axe du mal dirigé par l’Iran”- a provoqué une situation d’extrême dangerosité pas seulement pour le Moyen-Orient. Israël, la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient -non adhérent au Traité de non-prolifération, souscrit par contre par l’Iran- tient pointées contre l’Iran 200 armes nucléaires (comme l’a spécifié l’ex-secrétaire d’État étasunien Colin Powell en mars 2015). Parmi les divers vecteurs d’armes nucléaires Israël possède une première escadre de chasseurs F-35A, déclarée opérationnelle en décembre 2017.

     

    Israël a non seulement été le premier pays à acheter le nouveau chasseur de cinquième génération de l’étasunien Lockheed Martin, mais avec ses propres industries militaires il joue un rôle important dans le développement de l’avion de chasse : les Israel Aerospace Industries ont commencé en décembre dernier la production de composants des ailes qui rendent les F-35 invisibles aux radars. Grâce à cette technologie, qui sera appliquée aussi aux F-35 italiens, Israël potentialise les capacités d’attaque de ses forces nucléaires, intégrées au système électronique Otan dans le cadre du “Programme de cooptation individuel avec Israël”.

     

    Mais de tout cela on ne trouvera pas d’information sur nos médias, comme on n’en trouve pas non plus sur le fait que, en plus des victimes provoquées par l’attaque israélienne en Syrie, il y a celles encore plus nombreuses provoquées chez les Palestiniens par l’embargo israélien dans la Bande de Gaza. Où – à cause du blocus, décrété par le gouvernement israélien, de fonds internationaux destinés aux structures sanitaires de la Bande- six hôpitaux sur treize, dont les deux hôpitaux pédiatriques Nasser et Rantissi, ont dû fermer le 20 janvier par manque du carburant nécessaire pour produire de l’énergie électrique (dans la Bande la distribution par réseau est extrêmement sporadique).

     

    On ne sait pas combien de victimes provoquera la fermeture délibérée des hôpitaux de Gaza. On ne trouvera de toutes façons pas d’information là-dessus sur nos médias, qui par contre ont largement diffusé ce qu’a déclaré le vice-premier ministre Matteo Salvini dans sa récente visite en Israël : “Tout mon engagement à soutenir le droit à la sécurité d’Israël, bastion de démocratie au Moyen-Orient”.

      

    Édition de il manifesto

     

    https://ilmanifesto.it/israele-licenza-di-uccidere/

     

    Traduit de l’italien par M-A P.

     

    https://reseauinternational.net/israel-permis-de-tuer/

     

     


    votre commentaire
  • ,

    La promesse nucléaire de Poutine – C’est le moment

    La promesse nucléaire de Poutine – C’est le moment

    par Joaquin Flores

    L’Armageddon nucléaire est à l’ordre du jour. Ne pas comprendre le moment présent serait basé sur une mauvaise interprétation de la situation actuelle dans le monde russe et américain. Ne pas comprendre ce que signifient certaines très grandes déclarations faites en ce moment, et ce à quoi elles répondent, laissera tout le monde dans la confusion. L’article suivant explique à la fois ce qui se passe en ce moment si important d’une part et pourquoi nous avons décidé de le couvrir de cette façon, d’autre part. Par mesure de précaution, cet article plonge dans une arène qui se situe hors de la méthode conventionnelle d’approche de ce sujet.

    « Il semble que nous vivons à une époque où la sénilité du grand public a atteint des proportions telles, où l’exceptionnalisme américain et le culte dévastateur de l’invincibilité sont devenus si importants que beaucoup ne savent pas que la Fédération russe possède le stock nucléaire en activité le plus important du monde, et toute attaque grave contre la Russie qui la menace existentiellement entraînerait la fin de la vie humaine sur cette planète« .

    Tout d’abord, le FRN peut confirmer que proche de notre travail, une partie du message de Lavrov est claire – quand il a parlé de contrer les médias avec les médias. Le FRN a noté une hausse, un pic si vous préférez, dans les campagnes des médias russes en matière de renseignement.

    Sur quelle base le savons-nous ? Les lecteurs savent peut-être qu’auparavant, les membres de l’équipe du FRN, en dehors de leurs fonctions au FRN, avaient pendant une longue période (….- phrase omise ici pour des raisons juridiques -…) avec le Chef Adjoint de la Commission des Affaires étrangères du Sénat russe, le Sénateur Andreï Klimov ; le politicien et économiste russe, conseiller de Poutine pour l’intégration économique régionale, membre du Conseil National Financier de la Banque de Russie et membre à part entière de l’Académie des Sciences russe, Sergey Glazyev ; L’agent des services secrets soviétiques et russes, le Lieutenant Général des services de renseignements étrangers, l’ancien directeur de l’Institut russe d’études Stratégiques, Leonid Petrovich Reshetnikov, et le philosophe russe, sociologue, initié du Kremlin et géostratège, dirigeant du Mouvement Eurasien, Alexander Dugin.

    Poutine à la conférence de Valdai

    Poutine à la conférence de Valdai

    Pourquoi en parler maintenant ? Bien que nous l’ayons déjà mentionné, il est important de rappeler aux lecteurs que le FRN n’est pas comme les autres sources d’information et d’analyse en ligne. Les évaluations suivantes, pour être claires, ne sont pas basées sur des déclarations particulières faites à FRN par l’un des hommes mentionnés ci-dessus, et nous ne pouvons pas confirmer ou nier toute interaction avec eux à ce sujet.

    Mais l’ensemble de la sphère pro-russe du renseignement médiatique a beaucoup d’arguments avec lesquelles travailler, compte tenu du message de Poutine. C’est parce que nous vivons à une époque d’un autre grand changement de paradigme, où de plus en plus de couches de la société occidentale se réveillent du sommeil imposé par le cadre naïf-empiriciste.

    Tout ce qui se passe en ce moment est lié – l’augmentation des tensions dans le Donbass ; l’attaque terroriste en Crimée que les Russes semblent couvrir et transformer en incident de type Colombine ; la situation à Idlib et le rôle de la Turquie dans le non-respect de certaines dispositions par l’Armée syrienne libre (FSA) soutenue par la Turquie (TFSA) ; la déclaration du pape François selon laquelle « Je suis le diable » à la fin septembre ; la déclaration de Lavrov sur les puissances occidentales qui, espérons-le, ne sont pas assez folles pour commencer la troisième guerre mondiale, puis l’importante déclaration de Poutine sur l’Armageddon nucléaire, le martyre, le ciel et l’enfer.

    Pourquoi le FRN a-t-il adopté une approche axée sur l’interprétation des événements mondiaux sous un angle autre que strictement laïque ? Pendant un moment, il se peut que le FRN ait semblé manquer la cible et se soit engagé sur la voie de l’obscurantisme et de la mythopoièse. Puis l’approche du FRN a été justifiée, l’Eglise Orthodoxe (l’Eglise Orientale) a connu un schisme, aux mains des opérations de renseignement américaines et du Vatican, et le président russe Poutine – au Valdai – lâche la mère de toutes les déclarations sur les martyrs, les pêcheurs, la fin du monde, Armageddon, la repentance, le ciel et l’enfer.  Poutine a fustigé le « Grand Satan », l’a nommé comme tel « le vrai Ahmadinejad ».

    Alors décomposons tout cela.

    L’escalade des préparatifs, des provocations et de la violence en Ukraine et dans le Donbass est critique, comme elle l’est en Syrie. Les élections ukrainiennes et la violence qui les entoure, peut-être pour les empêcher d’avoir lieu, sont essentielles. Pendant des mois, le FRN a assuré une couverture exclusive en anglais du processus en Ukraine et de la façon dont il s’est intensifié. Cela implique un certain nombre de choses. Le Pravy Sektor fait de nouveau la une des journaux, avec l’entière bénédiction de Porochenko, de même que les autres bataillons dits volontaires, Azov, et d’autres qui sont maintenant entièrement intégrées aux mercenaires américains et de l’OTAN.

    La FRN a confirmé que Pravy Sektor a été retiré de la ligne de front pour suivre une formation avec des membres d’ISIS ou d’Al-Qaïda. Cela inclut les mercenaires du Moyen-Orient, et par défaut ou par extension si vous préférez, ISIS et Al Qaeda. Cela se produit juste avant l’attaque terroriste au Collège Kertch en Crimée, où le reportage officiel russe ne correspond pas aux témoignages d’étudiants et d’enseignants interrogés sur place quand c’est arrivé. Ce reportage montrait tout un groupe d’assaut portant des masques de ski noir qui semble être entré dans l’école par la salle de bain – l’explosion n’était pas la principale responsable de la plupart des décès, mais plutôt les balles tirées par ce groupe d’assaut. Il a été dit alors par un témoin, qu’ils parlaient une langue indéterminable, donc de nationalité inconnue.

    Entraînement du groupe islamiste Jamaat-e-Islami en Crimée

    Entraînement du groupe islamiste Jamaat-e-Islami en Crimée

    ISIS et Al-Qaïda opèrent désormais aux côtés des « Bataillons volontaires » nazies en Ukraine, soutenant les efforts des États-Unis. Trump a été extrêmement froid avec Poroshenko, la seule réunion qu’ils ont eue – elle a été révélé et fait maintenant l’objet d’une poursuite en diffamation contre la BBC de Poroshenko – que la marionnette installée par Obama-Nuland a dû payer pour rencontrer Trump, pour des séances photos, afin d’envoyer un message en Ukraine qui n’a aucune substance. Pendant ce temps, l’État Profond américain et le complexe militaro-industriel continuent de faire leurs opérations en Ukraine, indépendamment de ce que le président américain peut vouloir ou non.

    Le processus d’Idlib est essentiel – la Turquie est peut-être revenue aux hésitations et a peut-être beaucoup de mal à gérer le jonglage des forces américaines et britanniques et des mandataires qui travaillent contre toute résolution pacifique à Idlib, où la Turquie ne peut que parler au nom des forces dites rebelles (terroristes) qu’elle soutient directement – le TFSA (FSA soutenue par la Turquie). La tendance que nous avons historiquement observée avec ces conflits jumeaux – l’Ukraine et la Syrie – est que lorsqu’il y a un pic dans l’un, il y a un pic dans l’autre. Cela se produit pour de nombreuses raisons, allant des tentatives de rendre confuses les réponses russes à la création d’un brouillard de couverture médiatique de la guerre, où certains événements critiques sont éclipsés par d’autres.

    La Syrie possède actuellement les S-300 et Israël ne les a pas frappés, même si les renseignements militaires israéliens savent où ils se trouvent, et même si Israël a menacé de les frapper « à tout prix ». Et pourtant, ils ne sont pas encore opérationnels pour ce qui est de la formation du personnel syrien en matière d’armement. Ils sont donc là, installés, et Israël ne les a pas frappés « chirurgicalement ». Israël s’est révélé être une puissance militaire relativement inefficace, perdant des dizaines de chars d’assaut ultramodernes lors de la guerre de 2006 contre un acteur non étatique, le Hezbollah. Imaginez ce qu’ils feraient contre le Hezbollah plus l’Iran, plus l’Armée Arabe Syrienne (AAS) reconstruite ? Peuvent-ils compter sur l’Arabie Saoudite pour les soutenir ? Si l’on considère le bourbier saoudien dans le « petit » Yémen, il est difficile d’imaginer l’armée mercenaire manifestement déloyale qui comprend les forces saoudiennes rivaliser contre l’AAS. Rappelons qu’ils se voyaient nettement désavantagés face aux militaires irakiens sous Saddam Hussein, et rappelons que l’armée irakienne à ce moment-là n’était pas à 100% après sa guerre contre l’Iran soutenue par les Etats-Unis.

    2.38684057La déclaration du Pape François « Je suis le diable » du 22 septembre est décisive. C’était le lendemain de l’événement de l’équinoxe d’automne, dont la signification sera connue de ceux qui creusent plus profondément. C’était apparemment une « plaisanterie » au passage, comparant François à Jean-Paul II, qui était « aimé ». Nous sommes censés lire ceci comme « comparé à Jean-Paul II, les Polonais me voient comme un vrai méchant« . C’est une façon très banale et très « absurde » de comprendre cette affirmation. Il était en visite officielle et portait sa robe et « tout le toutim » – et il l’a dit, aussi clairement que le jour, « Je suis le diable ». Ce n’est pas « Je suis détesté », ce n’est pas « Je suis pieux », ce n’est pas « Ces gens me voient comme le mal » – non – c’était « JE SUIS LE DIABLE ». Pris seul, il serait très difficile d’ignorer ces mots. Si l’on considère l’ensemble des événements mondiaux qui se déroulent simultanément, nous serions aveugles de ne pas voir l’ensemble de la situation. La façon dont les confessions, les déclarations et les incantations importantes fonctionnent est simple – peu importe si elles semblent avoir été dites en plaisantant, l’impact, la véracité et le pouvoir de la déclaration ne sont pas moindres pour un sou. Cela ne signifie pas pour autant, bien sûr, que le Pape François est le diable. Cela signifie qu’il le croit lui-même, qu’il a besoin que cela soit connu publiquement et l’a dit le 22 septembre quand la période du 21 au 22 septembre pendant Halloween confère des pouvoirs particuliers (et bien connus) aux praticiens de la voie obscure.

    Rappelons aussi que le 26 janvier 2014, François se tenait sur son balcon avec deux enfants qui lâchaient des « colombes de paix » pour célébrer quelque chose. Les colombes ont immédiatement été attaquées par un corbeau et une mouette qui voulaient les tuer. Les critiques religieux du Pape ont interprété cet événement comme un présage de malheur, se pourrait-il qu’ils aient raison ? Le Saint-Esprit est bibliquement et historiquement représenté par une colombe et est le symbole de la paix de Dieu qui est une paix spirituelle. Le diable a été symbolisé par les corbeaux, et une mouette est un albatros qui symbolise un fardeau ou une punition pour un crime. Cela peut être interprété comme signifiant que la paix de Bergoglio n’est pas la vraie paix mais une paix mondaine, une fausse paix que Dieu permettra au Diable de mettre en pièces, et qui sera un fardeau autour de son cou, ce qui signifie que Bergoglio devra payer pour ses péchés profanes.

     

    Le monde est un endroit dangereux et chaotique, rempli de gens violents et de pulsions dangereuses. La libération de deux « colombes de la paix » qui représentent aussi le Saint-Esprit est censée représenter la présence de Dieu dans un monde autrement assailli de toutes parts par les forces du mal. Quand le pape les libère, c’est aussi pour renforcer l’autorité apostolique. Mais le Pape n’a aucune autorité, donc ses colombes étaient condamnées, et le présage est ici incroyablement sombre. Le 26 janvier fut aussi le jour où le premier Imam chiite fut assassiné par un Kharijite du nom d’Ibn Muljam en 661 à la Grande Mosquée de Kufa, en Irak actuelle.

    Compte tenu de ce que nous savons, ce que l’on appelle la pratique institutionnalisée satanique de la pédophilie de l’Église catholique forme apparemment un pilier de la doctrine organisationnelle de l’Église, étant donné la façon dont l’Église la traite. En même temps, la pédophilie dans l’église semble faire la une des journaux chaque fois que l’attention du public se tourne vers les pratiques pédophiles de l’élite politique américaine et de Hollywood.

    La scission, le schisme, dans l’église orthodoxe est énorme. Certains disent qu’elle peut être réparé – il y a de l’espoir qu’elle pourra l’être, une fois que Bartholomée mourra. D’autres disent que ce n’est pas vraiment un schisme au sens du 11e siècle parce que, bien que politique, il n’y a pas de composante doctrinale – c’est faux. Le Patriarche de Constantinople a essentiellement assumé les pouvoirs pontificaux et brisé la doctrine de « Primus inter pares » – premier parmi ses semblables. C’est un point critique en orthodoxie. De nombreux évêques et hauts responsables de l’Église ont déclaré publiquement que le schisme dans l’Église entraînera la mort de milliers et de milliers de personnes dans un avenir très proche. C’est une prévision très inquiétante, mais qui a été répétée au plus haut niveau de l’église orthodoxe en dehors des schismatiques de Fener et de Bartholomew qui occupaient Constantinople. « De milliers de personnes mourront« , étaient les mots du Métropolite Jonas.

    Sergey Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

    Sergey Lavrov, ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie

    Lavrov a averti que la Russie était prête à répondre aux attaques des médias et à toutes les provocations, et il a ridiculisé l’Occident, se demandant vraiment s’il était réellement prêt à être assez stupide pour déclencher la Troisième Guerre Mondiale. Il est important de méditer sur la signification de cette déclaration. Lavrov vient de soulever le spectre de la Troisième Guerre Mondiale, pour la deuxième ou la troisième fois au cours des deux derniers mois seulement. Il s’agit d’un langage très différent de celui de la ligne standard de « nos partenaires », même si cette expression est toujours utilisée. Il est important de se rappeler que Poutine a déclaré que les « partenaires américains » étaient aussi des « adversaires géostratégiques » de la Fédération de Russie. Il semble que nous vivons à une époque où la sénilité du grand public a atteint des proportions telles, où l’exceptionnalisme américain et le culte dévastateur de l’invincibilité sont devenus si importants que beaucoup ne savent pas que la Fédération russe possède le stock nucléaire en activité le plus important du monde, et toute attaque grave contre la Russie qui la menace existentiellement entraînerait la fin de la vie humaine sur cette planète.

    Ensuite, il y a l’importante déclaration de Poutine, aux proportions qui change le paradigme. Lors de la conférence de Valdai, Poutine a renforcé les déclarations de Lavrov et a ajouté une dimension très sérieuse concernant la foi, la religion, l’âme et la destinée de l’homme, le concept et la pratique du katechon, et les délimitations catégoriques du bien et du mal, du ciel et de l’enfer, de la repentance. Cela exige une considération encore plus profonde que la déclaration de Lavrov, qui est aussi puissante, mais strictement laïque. La compréhension de cette déclaration est cruciale, car elle déplace les frontières du « discours civil » d’une manière paritaire à celle de l’Occident. Mais c’est extrêmement différent. En fait, elle reflète exactement les déclarations de Lavrov.

    Comment cela se fait-il ? Les forces atlantistes ont poussé leur public de masse, dont elles fabriquent le consentement, par le biais de l’abus des médias de masse, vers une direction très instable où les experts des médias de plus en plus mainstream salivent pour la guerre. Lavrov a déclaré :

    « Nous serons prêts pour des provocations à plus grande échelle, mais notre réponse est très simple – si vous nous parlez à travers les médias, nous répondrons de la même manière, mais d’une manière concrète et appropriée« .

    Ainsi, si les médias atlantistes « prêchent le mal chaotique », alors la Russie répondra, concrètement et correctement, dans le langage du « bien ordonné ».

    Poutine a déclaré, pour mémoire :

    « Tout agresseur doit savoir que le châtiment sera inévitable et qu’il sera détruit. Et puisque nous serons les victimes de son agression, nous irons au ciel en martyrs. Ils mourront tout simplement, n’auront même pas le temps de se repentir. »

    Bien que Poutine ait clairement indiqué que les forces nucléaires de la Russie ne sont pas conçues pour une frappe préventive et qu’elles existent comme une puissance de deuxième frappe destinée à dissuader une attaque par une nation étrangère, la Russie a changé sa doctrine pour permettre une attaque nucléaire même si elle n’est pas attaquée par des missiles nucléaires. La doctrine nucléaire russe prévoit en effet l’emploi d’armes nucléaires dans les conflits conventionnels, à condition que l’existence de la Russie soit en jeu. Il s’agit là d’un changement important par rapport à l’engagement de non-utilisation en premier lieu que Moscou s’était elle-même imposé et que l’agression américaine avait forcé Moscou à abandonner en 1993. Poutine a déclaré :

    « Cela signifie que nous ne sommes prêts à utiliser des armes nucléaires que si nous nous assurons qu’un agresseur potentiel attaque la Russie. Nous avons un système d’alerte précoce et nous l’améliorons. Il enregistre le lancement des missiles et la trajectoire de vol. Seulement quand nous nous assurerons que nos missiles voleront vers l’agresseur, il doit savoir que le châtiment est inévitable« .

    Washington a affirmé qu’il pourrait utiliser des armes nucléaires en réponse à une attaque non nucléaire contre lui-même ou ses alliés. Il y a ici une grande imprécision quant aux circonstances qui pourraient causer une telle action, et cela n’a fait qu’alimenter les spéculations selon lesquelles une cyber-attaque pourrait permettre une réponse nucléaire.

    essai nucléaire russe

    essai nucléaire russe

    Mais les paroles de Poutine ne sont pas aléatoires, elles ne le sont jamais, et il y a de nombreuses raisons de croire, à la lumière de tous les événements que nous devrions énumérer, que les événements en ce moment sont particulièrement tendus. Il est important de comprendre aussi que Poutine est, d’un point de vue philosophique, principalement un disciple du socialiste chrétien Nikolaï Berdyaev. Son ouvrage, « La philosophie de l’inégalité« , s’apparente à une lecture obligatoire pour les gouverneurs qui travaillent à proximité du président russe. « Le sens de l’histoire » est aussi un texte crucial nécessaire pour comprendre le sens complet de la déclaration superficiellement « inquiétante » de Poutine.

    Cela ne veut pas dire quelque chose comme « la fin est proche », mais plutôt ceci : Poutine montre que les méthodes et la rhétorique apocalyptiques latentes de l’Occident peuvent être comparées à d’autres. Il est important d’établir cette « parité du discours » et de rappeler aux gens ce qui est en jeu et dans quelle mesure les Russes sont déterminés, et d’où vient cette détermination. Les gens qui croient en l’au-delà n’ont pas peur de mourir, mais en même temps, s’accrocher à ces préceptes et principes religieux sacrés est l’opposé de la version de Reagan de l’Armageddon nucléaire. Au contraire, les gens de conscience ne doivent résolument pas vivre comme si c’était la fin des temps, et ne doivent pas se comporter de manière à provoquer de tels événements, « prématurément » pour ainsi dire.

    Source : PUTIN’S NUCLEAR PROMISE – THIS IS THE MOMENT

    traduit par Pascal, revu par Martha pour Réseau International

    https://reseauinternational.net/la-promesse-nucleaire-de-poutine-cest-le-moment/

     

    ,

    Psychologie tragique de Poutine

    Psychologie tragique de Poutine

    Le président russe Poutine est sans le moindre doute ni discussion nécessaire le seul dirigeant politique du triste temps présent à mesurer (notamment) l’ampleur et la gravité de la menace d’un conflit dévastateur, au niveau nucléairequi figure dans les menaces générales (pour tous les acteurs) pesant sur nous. Le nombre des interventions majeures où le président russe aborde cette question est élevé par rapport à l’indifférence, – ou la mention en passant, sans conviction, – où les autres dirigeants tiennent cette question. Cette indifférence, surtout dans le chef des dirigeants du bloc-BAO (USA et autres) est d’ailleurs un thème majeur accompagnant les interventions de Poutine sur le sujet. Ainsi PhG notait-il dans son Journal-dde.crisis, le 23 juin 2016, à propos d’une intervention de Poutine concernant la possibilité de l’évolution vers un conflit nucléaire planétaire, en présence d’une dizaine de journalistes de ces pays du bloc :

    « “C’est précisément à vous [journalistes] qu’ils disent tous ces bobards et vous les acceptez, et vous les répercutez auprès des concitoyens de vos pays ; et, de ce fait, vos concitoyens ne réalisent en rien le sentiment du danger imminent, – et c’est ce qui me préoccupe tant. Comment ne pouvez-vous ne pas comprendre que le monde est en train d’être poussé vers une direction irréversible, alors qu’ils prétendent que rien ne se passe. Je ne sais quoi faire de plus que ce que je fais pour vous pénétrer de cette réalité…” (J’ai choisi cette traduction de “vous pénétrer”, qui n’est pas la plus élégante, mais pour rendre compte de l’expression “how to get through you anymore”, qui rend bien compte que Poutine parle de quelque chose qui ressemble à une cuirasse psychologique interférant complètement sur la communication, qu’il ne parvient pas à percer.) »

    Il se trouve, évidemment très logiquement, que la tension et les possibilités de conflit ne cessent d’augmenter, à mesure de l’augmentation du paroxysme de la Grande Crise de l’Effondrement du Système. Cette montée de la tension ne cesse pas depuis plusieurs années et elle suit depuis trois ans une très profonde crise du système de l’américanisme que nous avons symbolisé sous l’expression de “D.C.-la-folle”.

    • Cette tension à cause de la possibilité d’une guerre, qui pourrait être nucléaire et d’annihilation réciproque, se retrouve dans les psychologies courantes des personnes les plus concernées à cet égard. Military Times du 17 octobre 2018, publie un sondage au sein des forces armées US en septembre 2018, suivant un autre en septembre 2017 sur le même sujet : « Pensez-vous que les États-Unis vont être entrainés dans un nouveau conflit l’année prochaine ? ». En septembre 2017, 5% des soldats interrogés répondaient positivement, “oui les USA vont être entraînés dans un nouveau conflit”, 46% en septembre 2018 ; 67% pensaient que ce ne serait pas le cas en septembre 2017, 50% pensent dans le même sens en septembre 2018. Ce sentiment est en accord avec celui des chefs lorsqu’il se laissent aller à la confidence ; en décembre 2017, le général Ropert Neller, Commandant du Marine Corps, cionfiait à un contingent de Marines qu’il visitait en Norvège : « J’espère me tromper mais je pense qu’une guerre arrive… »

    (L’expert militaire deGazeta.ru, Mikhail Khodarenok, ancien officier de l’Armée Rouge du temps de l’URSS, publie un article, repris par RT, où il analyse notamment à partir de ce sondage les possibilités de guerre USA-Russie pour 2019. Sa conclusion est “optimiste” : il met en doute la cohérence de ce sondage, tout comme la possibilité d’un tel conflit, selon les arguments rationnels qui ont prévalu dans la Guerre froide. Nous sommes nous-mêmes en profond désaccord avec cette analyse, parce que le rationnel en tant que dynamique positive de la pensée n’a aujourd’hui plus aucune pertinence, qu’il s’agit d’un rationnel-faussaire, du déterminisme-narrativiste, etc., et notamment à propos de la guerre nucléaire.)

    • Sur le “front intérieur”, alors que les crises courantes (l’affaire Khashoggi, l’affrontement démocrates-républicains, etc.) se poursuivent, le front antirusse est réactivé (dans WSWS.org, le 20 octobre 2018). Il conjugue autant la dénonciation d’un prétendu activisme russe aux USA, en connexion avec les prochaines élections selon la narrative désormais rodée du Russiagate, que des mesures effectives de type conflictuel cette fois sur le théâtre européen dans le sens de la désintégration des structures de sécurité mises en place entre les USA et l’URSS jusqu’à la fin de la Guerre froide. Il s’agit pour ce dernier cas d’une sortie possible imminente des USA du traité le plus important de la période des années 1980, et surtout du seul traité prévoyant la disparition complète d’une catégorie complète d’armes nucléaires, les armes nucléaires de moyenne portée.

    « Lançant une nouvelle escalade de la campagne anti-russe des agences de sécurité nationale, les procureurs fédéraux ont publié hier des accusations criminelles pour “ingérence” dans les élections de mi-mandat de 2018 contre un ressortissant russe. Le même jour, le directeur des services de renseignement nationaux, du FBI et du ministère de la Justice ont publié une déclaration commune qui met en garde contre les “campagnes en cours” non précisées de la Russie, de l’Iran et de la Chine – toutes les cibles principales de l’agression militaire américaine – pour saper et infiltrer la démocratie américaine. et influencer les prochaines élections.

    » Les deux déclarations ont été rendues publiques sans aucune justification, ni la moindre preuve, mais elles ont été immédiatement acceptées comme une vérité évangélique et amplifiées par [la presseSystème]. Le New York Times et le Washington Post ont publié en quelques heures quatre rapports en ligne sur les accusations. […]

    »  [Cette campagne médiatique] vise à présenter les États-Unis comme étant en état de siège et à préparer l’opinion publique à une nouvelle intensification des tensions militaires avec la Russie et à des préparatifs de guerre. Toujours hier après-midi, le New York Times, porte-parole central de la campagne anti-russe du groupe de sécurité nationale, a annoncé que le gouvernement Trump se retirerait du traité de 1987 sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (INF) avec la Russie.

    » Le traité sur les FNI a été signé par le président américain Ronald Reagan avec l’Union Soviétique. Il interdit les missiles de moyenne portée lancés depuis le sol, capables de frapper des cibles situées entre 500 et 5 500 kilomètres. Washington a accusé à plusieurs reprises la Russie d’avoir violé le traité FNI, mais n’a fourni aucune preuve à l’appui des allégations. La Russie a nié avoir violé l’accord. Le retrait du traité marquerait une nouvelle étape dans la position de confrontation de l’armée américaine vis-à-vis la Russie et des préparatifs de la guerre nucléaire. »

    • C’est aussi en fonction de cette montée de la tension que la dernière sortie de Poutine sur la question de la menace d’une guerre nucléaire a, – du moins pour le ton, et nous verrons plus cet aspect plus en détails, plus loin, – un aspect un peu particulier qui peut être l’objet de sarcasmes. In petto, les sarcasmes ne doivent effectivement pas manquer chez les adversaires de Poutine mais ils marquent également une évolution psychologique très spécifique chez lui. Cela se passait avant-hier au 15ème Forum international de Valdaï, organisé chaque année par les Russes :

    « La Russie aura recours à l’arme nucléaire uniquement en cas de frappe nucléaire lancée contre son propre territoire, a déclaré Vladimir Poutine dans le cadre de la 15e édition du club de discussion Valdaï à Sotchi. La doctrine nucléaire russe ne comprend pas la notion de frappe préventive, a rappelé jeudi le chef du Kremlin.

    » “Notre doctrine ne prévoit pas de recours à l’arme nucléaire pour une frappe préventive, mais en réponse à une frappe ennemie. Cela veut dire que la Russie est prête à employer son arme nucléaire «uniquement si nous sommes persuadés qu’un agresseur potentiel a lancé une attaque contre la Russie”. […]

    » Selon Poutine, la doctrine militaire russe avertit l’éventuel ennemi de conséquences inévitables. “L’agresseur doit être conscient que la vengeance est imminente et qu’il sera détruit dans tous les cas”, a souligné le Président. “Nous, comme les victimes de l’agression, nous irons au Paradis comme les martyrs, alors qu’eux, ils crèveront sans suite [sans rédemption], car ils n’auront même pas le temps de se repentir”, a observé le président russe.” »

    Il est effectivement remarquable de trouver chez Poutine une considération qui ressemble soit à une sorte de plaisanterie macabre, soit à une remarque empreinte de naïveté pseudo-religieuse au premier degré : “nous mourrons mais nous irons au paradis tandis que nos adversaires mourront (crèveront)”, sans avoir le temps ni l’opportunité de sauver leurs âmes par le repentir (pas de paradis pour eux, plutôt l’enfer). A notre sens, cette remarque et l’état d’esprit qui y président, pour nous en tenir à l’évolution de la rhétorique “nucléaire” de Poutine, ne sont certainement pas dus au hasard. Ils sont la marque d’un complet désabusement catastrophiste coloré de dédain et de dérision pour “les adversaires”. Cela procède, selon nous, de plusieurs points.

    • Encore une fois, si nous nous en tenons à la rhétorique de Poutine nous observons qu’il semble bien en être arrivé à un stade où il lui paraîtrait extrêmement possible sinon probable (voire inévitable ?) qu’il y ait un conflit avec les USA, avec la quasi-certitude que ce conflit tournerait à l’affrontement nucléaire. Poutine lui-même est persuadé de cet enchaînement (conflit devenant nucléaire), comme le sont nombre de commentateurs.

    (La croyance des experts, surtout russes, est que la perspective d’un enchaînement vers un conflit nucléaire implique un effet dissuasif décisif pour le déclenchement de la guerre. Nous sommes très loin de partager cette appréciation en raison de la forme et de l’agitation de la psychologie actuellement en cours à “D.C.-la-folle”, et de moins en moins persuadés que les militaires US soient capables de jouer un rôle modérateur.)

    • Poutine a essayé vainement d’avertir ses “partenaires-adversaires” de ce danger depuis au moins 2014 et la crise ukrainienne, soit par la rhétorique raisonnable du danger commun du nucléaire, soit par la pression d’armements nouveaux rendant vain tout espoir d’échapper à une destruction complète en cas de guerre nucléaire. Tout cela, sans la moindre amorce du moindre résultat…

    • Désormais, pourrait-on croire, c’est le fatalisme qui prévaut chez Poutine, avec son discours de Valdaï, où s’expriment dérision, plaisanterie macabre, observations courantes du type populaire et religieux, etc. Notre appréciation est qu’il s’agit d’une évolution tragique du caractère/de la psychologie de Poutine : cet homme rationnel, plutôt modéré, qui place les arrangements diplomatiques au-dessus de tout, se heurte depuis quatre ans au moins à un mur infranchissable (“stonewalling”) d’irrationalité et de désordre. Qu’il réalise cet état de sa psychologie, qu’il veuille ou non le faire sentir, il reste que cette évolution tragique finit à notre sens par apparaître dans ses attitudes et ses interventions.

    • En fait, nous nous trouvons depuis quatre ans au moins avec cette perspective apparue d’une guerre nucléaire, dans une situation d’incertitude totale et de basculement très possible de la psychologie au sein du bloc-BAO. Cette remarque vaut aussi bien, et encore mieux comme on le comprend, pour “D.C.-la-folle” dans sa période actuelle. Cela rend la perspective d’une tension où soudain on réaliserait, à “D.C.-la-folle” et aux USA, la possibilité de la guerre nucléaire à sa juste “valeur”, extrêmement incontrôlable par le fait d’un paroxysme psychologique dont nul ne sait l’effetNous envisagions pour la première fois d’une façon aussi nette une telle possibilité dans l’immédiat effet du “coup de Kiev” du 21 février 2014, et ainsi l’observation ci-dessous est-elle nettement identifiée à cette crise, à la chronologie courte de cette crise, – mais l’idée fondamentale de l’évolution psychologique reste valable…

    « La crise ukrainienne, et la réalisation que les pressions du Système (du bloc BAO, son factotum) peuvent conduire à l’extrême catastrophique des affaires du monde, peuvent aussi bien, grâce au “formidable choc psychologique” dont nous parlons et à l’immense crainte qu’il recèle, déclencher une autre dynamique d’une puissance inouïe. Notre hypothèse à cet égard, rencontrant l’idée de la formidable puissance symbolique du centenaire de la Grande Guerre (voir le 2 janvier 2014), est que cette dynamique est celle de l’effondrement du Système dont rien, absolument rien ne réclame qu’il se fasse dans l’apocalypse nucléaire, parce qu’alors elle pourrait bien être, cette dynamique, le fruit de la panique psychologique totale naissant de la perspective soudain apparue que le risque de la guerre nucléaire existe plus que jamais. »

    source:http://www.dedefensa.org/article/psychologie-tragique-de-poutine

    https://reseauinternational.net/psychologie-tragique-de-poutine/

     

     

    Russie, quelle vision pour le XXIe siècle ?

    Russie, quelle vision pour le XXIe siècle ?

    Par Emmanuel Leroy

    el_colloqueAvant d’aborder ce que serait aujourd’hui la vision du monde des héritiers de Vladimir 1er, prince de Novgorod et Grand-Prince de la Rus’ de Kiev, je crois nécessaire d’essayer de comprendre pourquoi la Russie est l’objet de tant de haine de la part des élites qui gouvernent l’occident. Répondre à cette question me parait important car souvent, trop souvent de mon point de vue, depuis le règne de Pierre le Grand, le pouvoir en Russie a eu tendance parfois, à calquer sa politique en réaction ou à l’imitation de l’occident, sans percevoir toujours très clairement les forces véritables qui sont à l’œuvre dans la vision occidentale du monde. Cette tendance lourde a bien évidemment favorisé cette fameuse querelle opposant les slavophiles aux occidentalistes à laquelle l’URSS n’a pas échappé, et dans laquelle la Russie de Vladimir Poutine baigne encore, séparant deux visions du monde antagonistes qu’incarnent parfaitement aujourd’hui des personnalités comme Sergueï Glaziev pour le camp conservateur slavophile ou comme Alexeï Koudrine pour le camp libéral occidentaliste.  

    Note du Saker Francophone

     Ce discours a été prononcé lors d’un colloque intitulé « Réémergence de la Russie au XXIe siècle » organisé au Centre Culturel Russe de Paris, le 15 octobre 2018 par l’Académie de Géopolitique de Paris.

     Introduction

     

    Définir ce que souhaite le camp libéral n’est pas très difficile, il nous suffit de regarder à quoi ressemble l’occident aujourd’hui, à savoir des sociétés où toute notion de solidarité a disparu, où l’argent règne en maître, où l’homosexualité et le mariage pour tous sont promus comme une norme, et où l’on augmente l’âge de la retraite tout en ouvrant les vannes de l’immigration au lieu de promouvoir la natalité. La faction libérale en Russie est pratiquement absente du champ électoral comme on l’a vu ces dernières années avec les résultats du parti Iabloko mais elle est en revanche surreprésentée dans les médias – contrairement à ce que l’on pense en Occident – dans la sphère économique et au sein du gouvernement où aux côtés du Premier ministre siègent d’autres ministres qui ont parfaitement intégré la théorie de la « main invisible » dans leur vision du monde.

    Il est plus difficile de définir précisément ce que souhaitent les conservateurs russes car il y a plusieurs approches possibles du conservatisme : il y a celle incarnée par le club Stolypine de M. Glaziev qui, au rebours des idées libérales d’Adam Smith, souhaiterait un État interventionniste sur le modèle de l’Allemagne de Bismarck influencée par les idées de Friedrich List et de son « protectionnisme éducateur ». Il existe aussi un conservatisme slaviste que l’on pourrait qualifier de social-chrétien et qui s’inspire d’auteurs comme Berdiaev, Soloviev, Iline, Dostoïevski ou encore Soljenitsyne mais qui ne semble pas avoir trouvé de traduction politique dans le paysage russe contemporain. Et il existe enfin, grand paradoxe, un conservatisme communiste dont la permanence peut s’analyser non seulement comme une réaction aux dérives libérales de la Russie sous Boris Eltsine mais également comme un contrepoids à l’hégémonie du parti majoritaire – lorsque celui-ci est perçu comme trop libéral – comme on vient de le voir récemment à Vladivostok.

    L’autre paradoxe de la société russe contemporaine est celui incarné dans les plus hautes sphères de l’État où est promue une vision conservatrice et multipolaire du monde, en réaction à la vision unipolaire et totalitaire du l’Occident, tout en ayant conservé au plan institutionnel une Constitution occidentalo-compatible héritée des années Eltsine et permettant sur le plan économique la mise en place d’une praxis ultra-libérale que ne désavouerait pas l’École de Chicago. Il s’agit là d’une contradiction idéologique majeure que la Russie devra trancher tôt ou tard, et le plus tôt dans l’intérêt du peuple russe lui-même sera le mieux.

    Pour mieux comprendre en quoi la Russie d’aujourd’hui incarne, presque malgré elle, l’opposition absolue au système occidental, il faut se pencher sur les origines profondes de la russophobie et nous essayerons de répondre dans une deuxième partie à la question délicate « Que veut faire la Russie ? ».

    Les origines profondes de la russophobie

    Au fil du temps et de mes réflexions, j’ai acquis la conviction que l’on ne peut comprendre les événements géopolitiques sans avoir présent à l’esprit ce que le grand historien Fernand Braudel appelait l’histoire longue et qui renvoie en quelque sorte à l’aphorisme de Nietzsche selon lequel l’homme de l’avenir sera celui qui aura la plus longue mémoire.

    Si l’on refuse l’idée que la plupart des guerres, des coups d’État, des « révolutions de couleur » auxquels nous assistons relèvent d’une très ancienne vision du monde que j’appelle l’idéologie anglo-saxonne, on se trouve alors dans la situation d’un médecin traitant un cancer avec de l’aspirine.

    Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne ?

    C’est ce que Kipling a appelé Le Grand jeu lors de l’affrontement des empires russe et britannique dans ce qui n’était pas encore l’Afghanistan. Mais le Grand jeu c’était aussi l’éradication du catholicisme en Angleterre sous Cromwell, c’était la politique des William Pitt, père et fils, dans l’avènement de la Révolution française et de la prise de contrôle de la France après la défaite de Waterloo, c’était la politique impériale de Benjamin Disraeli, c’était la guerre du Japon contre la Russie en 1905 et la première révolution qui suivit, financée par les banques anglo-saxonnes, tout comme la révolution bolchevique de 1917, ce furent les deux guerres mondiales et ce jeu, car pour eux c’est un jeu, même s’il est souvent cruel, continue jusqu’à aujourd’hui avec l’Afghanistan, la Libye, la Syrie, la Géorgie, l’Ukraine, le Yémen etc.

    Je n’aurai pas le temps en quelques minutes de vous résumer cinq siècles d’histoire européenne et a fortiori mondiale, aussi, je voudrais juste esquisser devant vous quelques pistes de réflexion afin que vous creusiez vous-même dans cette direction si vous l’estimez nécessaire.

    Le grand rêve de puissance et d’hégémonie mondiale de l’oligarchie anglaise est né, selon moi, au retour de l’expédition autour du monde du pirate Francis Drake le 26 septembre 1580 où la part du butin volé aux Espagnols et réservée à la reine Élisabeth représentait selon certaines sources une fois et demie le budget annuel du royaume. Francis Drake est probablement devenu après ses exploits le modèle à suivre et parmi ses nombreux admirateurs, un en particulier mérite d’être retenu, Walter Raleigh (cf. controverse de l’École de la nuit), car il est le premier, à avoir conceptualisé l’idée d’hégémonie anglo-saxonne sur le monde. En effet, ce gentilhomme, un peu pirate lui aussi, eut le temps d’écrire avant sa mort un ouvrage intitulé L’Histoire du monde et dans lequel il affirme : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ».

    C’est là, à partir de cet exploit de piraterie exceptionnel qu’est née cette idée de parvenir à la suprématie mondiale par la puissance maritime et l’accaparement des richesses d’autrui.

    Mais ce qu’il faut bien comprendre – et c’est cela qui est véritablement révolutionnaire – c’est que cette idée s’est transmise de génération en génération à travers les siècles au sein des élites anglo-saxonnes notamment chez le Britannique Mackinder dont la formule maîtresse est « Qui tient l’Europe orientale tient le heartland, qui tient le heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde » – et qui s’est transformée chez l’Américain Spykman dans la formule plus ramassée « Qui contrôle le rimland gouverne l’Eurasie ; qui gouverne l’Eurasie contrôle les destinées du monde ».

    Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à trois siècles de distance, ces trois personnages partagent tous l’idée de domination du monde et c’est là véritablement qu’il faut comprendre la nature profonde de cette idéologie.

    Mais alors en quoi cette idéologie anglo-saxonne serait-elle russophobe ?

    Elle n’est pas spécifiquement russophobe, elle a d’abord été francophobe, puis hispanophobe, puis à nouveau francophobe, puis germanophobe, mais il se trouve qu’après les défaites successives de l’Espagne à la fin du XVIIe siècle, de la France en 1815, des empires centraux en 1918 et du monde germanique en 1945, il ne reste plus qu’un protagoniste sur le continent eurasiatique à s’opposer aux Anglo-Saxons, et c’est le peuple russe.

    Voilà brièvement résumées, les causes profondes de la russophobie et tant que l’on n’a pas intégré cette vision de la longue histoire, on ne peut comprendre véritablement la nature des conflits qui sont en cours. Ces conflits sont des étapes, des épiphénomènes dans le Grand jeu de contrôle des destinées de l’humanité par la nomenklatura anglo-saxonne et la Russie est le dernier grand obstacle qui se dresse devant elle et voilà pourquoi elle doit disparaître. A n’importe quel prix.

    Et elle a bien failli disparaître en 1991 quand elle perdu un cinquième de son territoire et plus de 30 millions de ses concitoyens qui sont aujourd’hui, Kazakhes, Kirghizes, Ouzbeks ou Tadjiks. Elle a failli mourir aussi durant ces années 1990 où elle fut pillée et saccagée ignominieusement par des prédateurs travaillant en étroite relation avec la finance anglo-saxonne.

    Pour ceux qui voudraient un dessin explicite, je leur conseille de visiter l’académie Glazounov à Moscou où au premier étage se trouve un immense tableau de cet illustre peintre et résumant parfaitement le martyre que subi la Russie dans ces années terribles.

    russie 20181022

     

    Oui, je pense également que la fin de l’Union Soviétique a été la plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle car elle a permis à l’Occident d’avancer jusqu’aux frontières de la Russie et même de mettre la main sur son cœur historique, la Rus’ de Kiev.

    À ce stade, que peut faire la Russie pour inverser le processus et mettre un terme à l’hégémonie totale de ceux qui veulent prendre en main les destinées du monde, car tout bien pesé, c’est bien de cela dont il s’agit : unipolaire ou multipolaire le monde de demain devra choisir et dans ce contexte d’antagonisme absolu, que pourra faire la Russie ?

    Et tout d’abord…

    Que veut faire la Russie ?

    Il peut paraître présomptueux, surtout ici, devant des citoyens russes, de poser cette question, mais si l’on se souvient de ce que disait Churchill lui-même à ce sujet, à savoir que « la Russie était un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », il n’est peut-être pas inutile d’ouvrir la matriochka pour essayer de voir ce qu’il y a dedans.

    Je crois que la Russie a un rôle essentiel à jouer dans les années qui viennent pour restaurer un équilibre dans le monde mais c’est un message qui est difficile à faire passer car le tempérament russe est assurément peu porté à l’universel, du moins tel que le conçoivent les Français ou les Anglo-Saxons.

    Pourtant la Russie a déjà par deux fois dans son existence, proclamé sa vérité dans le monde. La première fois, c’était au nom de la Sainte Alliance quand le Tsar Alexandre 1er tentait d’élever une digue contre les idées destructrices de la Révolution française. La deuxième fois, et c’est un paradoxe, c’est au nom des idéaux de cette même Révolution française que les bolcheviques répandront sur la terre l’idéal prolétarien.

    On voit se dessiner en Russie, depuis le début des années 2000 une vision du monde multipolaire et qui semble vouloir s’afficher comme une altérité à l’idéologie occidentale.

    Pour bien comprendre la réorientation de la Russie en ce début de XXIe siècle, il faut relire le discours fondamental de Vladimir Poutine à Munich en février 2007 qui entend mettre un terme à l’unipolarité anglo-saxonne et qui réaffirme une certaine conception westphalienne d’équilibre du monde.

     

    Voilà ce que déclarait le Président de la Fédération de Russie : « J’estime que le monde unipolaire n’est pas seulement inadmissible pour le monde contemporain, mais qu’il est même tout à fait impossible. Non seulement parce que dans les conditions d’un leader unique, le monde contemporain (…) manquera de ressources militaro-politiques et économiques, mais, et c’est encore plus important, ce modèle est inefficace, car il ne peut en aucun cas reposer sur une base morale et éthique de la civilisation contemporaine. »

    Dans ce discours, Vladimir Poutine remettait également en cause la prétendue primauté du droit étasunien sur le droit international et dénonçait la volonté des États-Unis d’empiéter dans les domaines réservés des autres États, notamment à travers la sphère juridique.

    Mais contester le modèle occidental en lui opposant la multipolarité – qui n’est qu’un concept creux – n’est pas suffisant. Tant que l’économie et les institutions russes fonctionneront avec le moteur occidental de l’idéologie libérale, la Russie sera confrontée à une contradiction interne qui sera mortelle à terme.

    À l’idéologie des droits de l’homme, il faut opposer la primauté du droit des peuples.

    Au libéralisme égoïste et destructeur qui ne favorise que l’oligarchie mondiale, il faut opposer l’interventionnisme de l’État souverain protecteur des plus faibles.

    À la permissivité sans limite et à la destruction des valeurs fondamentales des sociétés humaines, il faut opposer la protection de la famille et des valeurs traditionnelles, y compris religieuses.

    Ces quelques exemples montrent bien que la nature de la guerre totale qui oppose aujourd’hui l’occident à la Russie est bien culturelle et idéologique avant d’être militaire et je redoute fort que les conflits chauds ou tièdes comme ceux de Syrie ou du Donbass et dans lesquels les Anglo-Saxons entraînent la Russie aujourd’hui, ne soient que des leurres pour dissimuler le cheval de Troie que jour après jour les occidentaux mettent en place dans tout l’espace de la CEI.

    Nous étions en Arménie la semaine dernière avec mon ami Jean-Michel Vernochet pour une série de conférences et de rencontres et nous avons pu mesurer la réalité de la présence étasunienne dans ce pays ex-soviétique où ils ont installé leur deuxième plus grande ambassade dans le monde aux confins de la Caspienne, de la Mer Noire et de la Méditerranée : Pas un programme culturel ou archéologique sans la présence du logo « USAID », pas un café qui n’arbore fièrement le sigle Coca-Cola et jusqu’à la Bibliothèque nationale d’Arménie qui abrite en son sein un « American Corner » où sont diffusées, entre autres, les œuvres de M. Brzezinski et de l’amiral Mahan. Même les Chinois sont présents à Erevan avec leur programme « China Aid ». Nous n’y avons pas vu de programme « Russia Aid » et dans ce pays qui comptait 100% de russophones il y a un quart de siècle, les jeunes générations ne parlent plus que l’anglais et dans moins d’un siècle, il n’y aura plus que quelques savants distingués qui parleront encore la langue de Pouchkine.

    Plus grave encore que ce que je viens de vous décrire en Arménie, est la reconnaissance de l’Église autocéphale d’Ukraine la semaine dernière par le patriarcat de Constantinople. Il s’agit là encore d’une catastrophe géopolitique ou géo-religieuse majeure pour le monde slave. À quoi sert de vaincre militairement le terrorisme manipulé par l’Occident en Syrie quand le monde orthodoxe est menacé d’un schisme majeur ?

    Je voudrais achever cette intervention en formulant le vœu que la Russie retrouve sa place, toute sa place dans le monde, notamment en reprenant la tête de file des pays non-alignés afin que se dresse contre la maladie occidentale une alliance de pays libres et souverains. La Russie pourrait proposer de remettre à jour la Charte de La Havane de 1948 et d’y entraîner tous les peuples qui veulent sortir de la spirale mortifère de l’idéologie anglo-saxonne. Quelques pays en Europe et dans le monde semblent aujourd’hui se réveiller et être prêts à sortir de l’état de vassalité et d’esclavage dans lequel ils sont plongés.

    La Russie non seulement s’honorerait à les y aider, mais ce faisant, j’en suis persuadé, elle se sauverait elle-même.

    Emmanuel Leroy

    Président de l’association humanitaire Urgence Enfants du Donbass

    Photo: La Rus’ : le point litigieux historique entre l’Ukraine et la Russie

    source:http://lesakerfrancophone.fr/russie-quelle-vision-pour-le-xxieme-siecle

    https://reseauinternational.net/russie-quelle-vision-pour-le-xxie-siecle/

     


    votre commentaire
  • Thu Oct 11, 2018 3:21PM
    Le PM israélien, Benjamin Netanyahu, et le président français, Emmanuel Macron. ©AFP
    Le PM israélien, Benjamin Netanyahu, et le président français, Emmanuel Macron. ©AFP

    Incapable de défendre ses propres intérêts face à une Amérique qui lui impose taxes, sanctions extraterritoriales et frais d’entretien des troupes militaires, l’Europe s’acharne, impuissante, sur l’Iran.

    Ainsi le petit Royaume de Belgique vient d’accuser un diplomate iranien de tentative d’attentat contre le meeting du juin dernier à Villepinte des Moujahedines du peuple, une milice armée qui appelle à la guérilla en Iran et que la France accueille le plus tranquillement du monde sur son territoire. Une milice qui figurait jusqu’en 2009 sur la liste noire de l’UE et qui revendique des milliers d’assassinats aussi bien en Iran qu’en Irak.

    Seul hic : le dossier à charge que retient la Belgique contre le diplomate iranien ne contient aucune preuve digne de ce nom. Seulement quelques suppositions fournies à la police belge et à ses comparses français et allemand par le très fiable service du renseignement israélien, le Mossad ! La réaction iranienne n’a pas tardé : le ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur allemand dont le pays, chose étrange, continue à résister du mieux qu’il peut au chantage US qui vise, comme on le sait, le commerce avec l’Iran. 

    Le diplomate Assadollah Assadi, en poste à l’ambassade d’Iran à Vienne, avait été interpellé en Allemagne début juillet dans le cadre de l’enquête sur le prétendu projet d’attentat de Villepinte. Le mardi 9 octobre, l’intéressé a été remis à la Belgique qui n’a pas tardé à l’accuser, ouvrant ainsi la voie à son introduction en justice. La Belgique devient donc le deuxième pays européen pro-accord nucléaire à s’embrouiller avec l’Iran. Et ce n’est pas tout. 

    Peut-on croire en la bonne foi des autorités françaises quand elles disent vouloir préserver leurs relations avec l’Iran ?

    À peine une semaine après que la France a accusé l’Iran d’avoir tenté de mener des attentats terroristes sur son sol, quitte à geler les avoirs iraniens pour une durée de six mois, le ministre français de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, connu pourtant pour ses coups de colère anti-US et son indignation face à l’omnipotence économique de Washington, a pris la parole à Paris devant la Conférence des amis d’Israël et il a cru bon de lancer ceci : « Les États européens doivent soutenir Israël face à l’Iran. » Le Maire a également insisté sur le fait que Paris est contre le boycott des produits israéliens avant de souhaiter un renforcement des liens commerciaux avec Israël.

    Des propos de Le Maire, on croit comprendre ceci : défendre les intérêts israéliens face à l’Iran veut dire très clairement que la France, dirigée par le clan « Macron », cherche à s’impliquer davantage dans les conflits qui opposent Israël à l’axe de la Résistance : comme dans le cas de la destruction de l’Il-20 en Syrie où la participation française a été vaguement évoquée par des sources russes, mais tue par la suite pour cause de considérations géostratégiques. Défendre Israël face à l’Iran veut dire aussi que la France est prête, le cas échéant, à soutenir une action militaire israélienne contre l’axe de la Résistance en général et l’Iran en particulier. La France pourrait donc ainsi bombarder des « milices pro-iraniennes » en Irak, comme ne cesse de le promettre Netanyahu. 

    Reste à savoir dans quelle mesure un scénario aussi apocalyptique pourrait servir les intérêts du peuple français. Depuis que BP bénéficie, à la faveur du soutien US, des exemptions pour poursuivre ses activités dans le secteur du pétrole iranien, il devrait y avoir de nombreuse voix en France qui se demandent : pourquoi les Américains n’en ont-ils pas fait autant pour la France ? Cette question est aussi celle que se posent une bonne partie de l’opinion musulmane qui voit l’exécrable et aveugle alignement de la France sur Israël. À propos, le ministre Le Maire qui s’indignait il y a peu de la tyrannie économique des USA, vient de lancer : « Lorsque j’ai rencontré le Premier ministre Benyamin Netanyahu, nous avons convenu de doubler le volume des échanges commerciaux entre les deux pays. Cela signifie donc qu’il n’y aura pas de boycott français des produits israéliens », comme pour lancer un pied de nez à tous ces Français depuis si longtemps membres du mouvement BDS. 

    Le diplomate iranien en Allemagne est victime du complot des groupes terroristes, a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.
     
     
     
    L'irresponsable, immature, impulsif, belliciste Macron pion d'USisraël, risque de mener directement à la guerre contre l'Iran, d'abord en Syrie et en Irak, puis à la confrontation avec la Russie; bref à la WW3 (3e guerre mondiale),
    eva R-sistons (Chantal Dupille)
     

    votre commentaire
  •  

    Libération d’Idlib : La Turquie se met en travers du chemin de la Russie qui ralentit le rythme

    Libération d’Idlib : La Turquie se met en travers du chemin de la Russie qui ralentit le rythme - 15.9.2018

     

    Par Elijah J. Magnier: @ejmalrai

    Traduction : Daniel G.

    La Turquie envoie des renforts de troupes, d’unités de commando et de chars vers la ville d’Idlib et autour au nord de la Syrie, afin de remplir un objectif précis : empêcher l’attaque de la ville par les forces syriennes et leurs alliés soutenus par la Russie. Ankara profite ainsi du fait que la Russie a ralenti le rythme de la mise en œuvre de sa stratégie visant à libérer la ville des djihadistes (dont Al-Qaeda), en raison de la menace américaine de bombarder l’armée syrienne et les forces gouvernementales sous le prétexte qu’elles « utilisent des armes chimiques ». Ces fameuses « armes chimiques » font partie intégrante de la bataille d’Idlib en tant qu’outil utilisé pour attaquer la Syrie au moment où la guerre se termine.

    La Russie considère que les renforts turcs violent l’accord d’Astana conclu entre Turcs, Russes et Iraniens, qui limitait le nombre de postes d’observation et la présence militaire autour de la ville et dans les régions rurales d’Idlib. La Russie croit aussi que la Turquie est incapable de remplir son engagement d’éradiquer totalement la présence de djihadistes, notamment ceux d’Al-Qaeda, qui ont pris position dans la ville et autour. En fait, le président turc Erdogan a demandé un nouveau prolongement pour lui permettre de répondre aux demandes russes et iraniennes concernant Idlib. Le gouvernement de Damas a rejeté ce délai, car ses dirigeants trouvent qu’il va à l’encontre des intérêts du pays (la libération de l’ensemble de la Syrie), ce qui confirmerait l’hésitation du président russe apparemment due à la menace américaine.

    Des décideurs à Damas ont affirmé que « la Turquie a offert à la Russie d’assurer la protection de sa base militaire de Hmeimim en empêchant les nouvelles attaques de drones lancées contre elle. La base russe a subi plus de 55 attaques de drones armées, tous abattus par le système de défense russe autour de la base qui se trouve sur la côte syrienne. La Russie se prépare d’ailleurs à attaquer la région rurale de Lattaquié afin de créer une zone de sécurité pour sa base et de se débarrasser de la présence des djihadistes qui ont revendiqué la plupart des attaques. La Russie a ainsi rejeté l’offre turque, en demandant à Ankara de se conformer à l’accord et d’éliminer les djihadistes de la ville en usant de son influence pour éviter l’attaque. Damas croit que la Turquie aimerait annexer Idlib, ce qui l’amène à rejeter tout accord autre que celui déjà signé à Astana, qui consiste en un engagement “d’achever”tous les djihadistes. »

    DnEJadCW4Ac0oxn

     

    De plus, selon les sources, la Turquie « a promis d’intégrer le Front al-Nosra, alias Hay’at Tahrir al-Cham, au sein d’une seule armée à Idlib pour satisfaire les demandes russes et montrer qu’elle exerce un contrôle sur les djihadistes. Les troupes d’Ankara ajoutent plus de personnel militaire (c’est la façon dont la Turquie le présente) pour soutenir tous les mandataires de la Turquie dans leur bataille contre les djihadistes qui refusent de se soumettre ou qui fusionnent avec d’autres groupes. Selon des renseignements fournis récemment par la Turquie à la Russie et à l’Iran, l’armée turque est prête à attaquer tout groupe qui refuse de se soumettre à la Turquie. En outre, il semblerait que des centaines de djihadistes ont quitté la Syrie pour une autre destination. Ankara facilite ainsi la sortie de tous les djihadistes, qui devront sinon combattre et mourir à Idlib. »

    La Turquie demande plus de temps afin de retarder l’attaque contre Idlib. Dans l’intervalle, les alliés de la Syrie sont résolus à prendre le contrôle de la région rurale autour d’Idlib ainsi que la région rurale d’Hama et de Lattaquié. À cette fin et par crainte d’une attaque possible contre Alep par des djihadistes pour détourner l’attaque des forces syriennes, les alliés envoient des contingents importants de militaires creuser des tranchées à des fins défensives autour d’Alep.

    Les alliés de la Syrie, tout comme Damas d’ailleurs, trouvent que la Russie a ralenti le rythme de son attaque, ce qui permet à la Turquie de soulever ses préoccupations à la face du monde quant à la nécessité d’une attaque contre Idlib. La Turquie a encouragé les USA à prendre le temps de préparer sa banque d’objectifs (cibles) en Syrie au cas où ils décideraient de bombarder la Syrie. Elle presse aussi la communauté internationale, surtout les Européens, d’intervenir pour empêcher un éventuel « flot de réfugiés et de djihadistes vers le continent européen en cas d’attaque contre Idlib ». Les deux superpuissances (Russie et USA) viennent d’ailleurs d’effectuer des manœuvres militaires au large de la côte syrienne en Méditerranée et à al-Tanf (en Syrie) respectivement. Elles marchent ainsi « au bord du précipice » tout en faisant étalage de leurs forces l’une contre l’autre.

    DnAeHKuW0AIP_OR

     

    Selon mes sources, la Turquie « demande plus de temps pour régler la situation à Idlib sans combat. Elle propose aussi de résoudre le problème soulevé par les dizaines de milliers de ses mandataires syriens armés quand le moment de la réconciliation politique viendra. Tout cela indique clairement que la Turquie n’est pas prête à quitter la Syrie. »

    Moscou a d’importants intérêts stratégiques avec Ankara (échanges commerciaux, armements, approvisionnement énergétique), tout comme avec Téhéran (échanges commerciaux et énergétiques, qui est l’une des conséquences du rejet, par les Turcs, des sanctions unilatérales américaines imposées contre l’Iran). Le président Erdogan compte sur cette relation stratégique pour stopper la bataille d’Idlib. La Russie et l’Iran maintiennent toutefois des relations stratégiques plus profondes avec la Syrie, où le désir de mettre fin à la guerre et de voir toute la Syrie libérée est beaucoup plus fort.

    « Il n’y a pas de plan en vue de libérer la ville d’Idlib pour l’instant », disent les sources. Le principal objectif est la libération des régions rurales d’Hama, de Lattaquié et d’Idlib. On ne devrait pas s’attendent à ce que les civils syriens, qui sont presque deux millions, partent vers la Turquie ou l’Europe. Ils sont invités à quitter tous les secteurs sous le contrôle des djihadistes (principalement Al-Qaeda et ses partenaires ou partisans armés) pour se rendre dans la ville d’Idlib sous contrôle turc.

    Ce qui est clair pour l’instant, c’est que le président Assad n’est pas prêt à abandonner Idlib au président Erdogan.  Assad a déclaré être prêt à lancer une attaque,  dans quelques semaines, même tout seul, ce qui entraînerait dans son sillage tout le monde vers le champ de bataille.

    source:https://ejmagnier.com/2018/09/14/liberation-didlib-la-turquie-se-met-en-travers-du-chemin-de-la-russie-qui-ralentit-le-rythme/

    https://reseauinternational.net/liberation-didlib-la-turquie-se-met-en-travers-du-chemin-de-la-russie-qui-ralentit-le-rythme/


    votre commentaire
  • ,L’armée de Trump largue une bombe toutes les 12 minutes, et personne n’en parle (Truthdig)

     

    L’armée de Trump largue une bombe toutes les 12 minutes, et personne n’en parle

     

    Nous vivons dans un état de guerre perpétuelle, et nous ne le percevons jamais. Pendant qu’on vous sert votre glace dans cet endroit sympa où ils mettent ces jolies petites feuilles de menthe sur le côté, quelqu’un est bombardé en votre nom. Pendant que vous vous disputez au cinéma avec le jeune de 17 ans qui vous a donné un petit sac de pop-corn quand vous avez payé pour un gros, quelqu’un est anéanti en votre nom. Pendant que nous dormons, mangeons, faisons l’amour et protégeons nos yeux par une journée ensoleillée, la maison, la famille, la vie et le corps de quelqu’un sont pulvérisés en mille morceaux en notre nom.

     

    Toutes les 12 minutes

    L’armée américaine lâche une bombe d’une puissance que vous pouvez difficilement imaginer une fois toutes les 12 minutes. Et c’est bizarre, parce que techniquement, nous sommes en guerre avec – voyons-voir – zéro pays. Cela devrait donc signifier qu’aucune bombe n’est larguée, non ?

    Eh bien, non ! Vous avez fait l’erreur commune de prendre notre monde pour une sorte de monde rationnel et cohérent dans lequel notre complexe militaro-industriel est sous contrôle, l’industrie de la musique est basée sur le mérite et le talent, les Legos ont des bords doucement arrondis (donc quand vous marchez dessus pieds nus, cela ne ressemble pas à une balle perforante qui vient droit dans votre sphincter), et les humains font face au changement climatique comme des adultes plutôt que de s’enterrer la tête dans le sable tout en essayant de se convaincre que le sable autour de leur têtes ne devient pas vraiment très, très chaud.

    Vous pensez à un monde rationnel. Ce n’est pas là que nous vivons.

    Au lieu de cela, nous vivons dans un monde où le Pentagone est complètement hors de tout contrôle. Il y a quelques semaines, j’ai écrit sur les 21 billions de dollars [1 billion = 1 millier de milliards, NdT] (ce n’est pas une coquille) qui ont disparu au Pentagone.[Voir : Al Capone au Pentagone : 21 mille milliards $ disparaissent !!]. Mais je n’ai pas pris en considération le nombre de bombes que nous achetons avec cette somme ridicule. Les militaires du président George W. Bush ont largué 70.000 bombes sur cinq pays. Mais sur ce nombre scandaleux, seulement 57 ont vraiment affecté la communauté internationale.

    Parce qu’il y a eu 57 frappes au Pakistan, en Somalie et au Yémen – pays avec lesquels les États-Unis n’étaient ni en guerre ni en conflit permanent. Et le monde était plutôt horrifié. Il y eu beaucoup de propos du genre : « Attends une minute. On bombarde des pays en dehors des zones de guerre ? Est-ce que ça ne serait pas une pente savonneuse qui nous mène à passer notre temps à bombarder, bordel de m…? (Pause gênée.)… Nan. Quel que soit le président qui suivra Bush, ce sera un adulte normal (avec quelque chose ressemblant à un tronc cérébral fonctionnel) et il mettra donc fin à ces foutaises ».

    Nous étions si mignons et naïfs à l’époque, comme un chaton lorsqu’il se réveille pour la première fois le matin.

    Le Bureau du journalisme d’investigation [Bureau of Investigative Journalism, ONG britannique consacrée à la production d’articles d’investigation, NdT] a rapporté que sous le président Barack Obama, il y a eu « 563 frappes, en grande partie par des drones, qui visaient le Pakistan, la Somalie et le Yémen… » .

    Ce n’est pas seulement le fait que le bombardement à l’extérieur d’une zone de guerre est une horrible violation du droit international et des règles mondiales. C’est aussi le ciblage moralement répréhensible de personnes pour le pré-crime, ce que nous faisons et ce contre quoi le film Minority Report avec Tom Cruise [film de Steven Spielberg, NdT] nous a mis en garde. (Les humains sont très mauvais pour suivre les conseils des dystopies de science-fiction. Si nous avions écouté 1984, nous n’aurions pas permis l’existence de la NSA. Si nous avions écouté Terminator, nous n’aurions pas permis l’existence d’une guerre de drones. Et si nous avions écouté Matrix, nous n’aurions pas permis à la grande majorité des humains de se perdre dans une réalité virtuelle de spectacle et de bêtises insipides alors que les océans meurent dans un marécage de déchets plastiques… Mais vous savez, qui s’en soucie?)

    En fait il y a eu un black-out médiatique pendant qu’Obama était président. On peut compter sur les doigts de la main le nombre de reportages dans les médias grand public sur les campagnes quotidiennes de bombardement du Pentagone sous Obama. Et même lorsque les médias en ont parlé, le sentiment sous-jacent était « Oui, mais regardez avec quelle courtoisie Obama donne son feu vert pour des destructions sans fin. Il est comme le Steve McQueen de la mort par frappes aériennes ».

    Et prenons un moment pour effacer l’idée que notre « armement avancé » ne touche que les méchants. Comme l’a dit David DeGraw, « Selon les documents de la C.I.A., les personnes figurant sur la liste des personnes tuées, qui ont été ciblées pour la “mort par drone”, ne représentaient que 2 % des décès causés par les frappes de drones ».

    Deux pour cent. Vraiment, le Pentagone ? Vous avez eu 2 au test ? Mais on a cinq points rien que pour avoir bien épelé son nom.

    Mais ces 70.000 bombes larguées par Bush – c’était de la gnognotte. DeGraw à nouveau : « Obama a largué 100.000 bombes dans sept pays. Il a battu Bush de 30.000 bombes et 2 pays. »

    Il faut admettre que c’est effroyablement impressionnant. Cela place Obama dans le club très élitiste des lauréats du prix Nobel de la paix qui ont tué autant de civils innocents. Les rencontres se font uniquement entre lui et Henry Kissinger [l’autre politique américain prix Nobel de la Paix : NdT] portant de petits badges dessinés à la main et grignotant des œufs mimosa.

    Cependant, nous savons maintenant que le gouvernement de Donald Trump fait rougir de honte tous les présidents précédents. Les chiffres du Pentagone montrent qu’au cours des huit années de George W. Bush, il a largué en moyenne 24 bombes par jour, soit 8 750 par an. Au cours du mandat de M. Obama, ses militaires ont largué 34 bombes par jour, soit 12 500 par an. Au cours de la première année de mandat de Trump, il a largué en moyenne 121 bombes par jour, pour un total annuel de 44 096 bombes.

    L’armée de Trump a largué 44.000 bombes au cours de sa première année au pouvoir.

    Il a permis au Pentagone de ne plus prendre de gants, et enlevé la laisse d’un chien déjà enragé. Le résultat final est une armée qui se comporte comme un Lil Wayne croisé avec Conor McGregor. Vous regardez ailleurs pendant une minute, vous vous retournez et vous dites quelque chose comme : « Qu’est-ce que vous venez de faire, bordel ? J’étais parti une seconde, quoi ! »

    Sous Trump, cinq bombes sont larguées par heure – chaque heure de chaque jour. Ça fait en moyenne une bombe toutes les 12 minutes.

    Et qu’est-ce qui est le plus révoltant – la quantité folle de morts et de destructions que nous semons dans le monde entier, ou le fait que les grands médias, en fait, n’en parlent JAMAIS ? Ils parlent des défauts de Trump. Ils disent que c’est un idiot raciste à grosse tête et égocentrique (ce qui est tout à fait exact), mais ils ne critiquent pas le perpétuel massacre à la Amityville que nos militaires perpétuent en larguant une bombe toutes les 12 minutes, la plupart d’entre elles tuant 98 % de personnes non ciblées.

    Quand on a un ministère de la guerre dont le budget n’a aucun compte à rendre – comme nous l’avons vu avec les 21 billions de dollars – et qu’on a un président qui n’a que faire de surveiller le nombre de morts causés par le ministère de la guerre, alors on finit par larguer tellement de bombes que le Pentagone a signalé que nous sommes à court de bombes.

    Oh, mon Dieu. Si nous n’avons plus de bombes, comment allons-nous empêcher tous ces civils innocents de… cultiver leurs terres ? Pensez à toutes les chèvres qui seront autorisées à vaquer à leurs occupations.

    Et, comme pour les 21 billions de dollars, le leitmotiv semble être « on ne sait pas ».

    Le journaliste Witney Webb a écrit en février : « Chose choquante, plus de 80 pour cent des personnes tuées n’ont jamais été identifiées et les documents de la C.I.A. elle-même ont montré qu’ils ne savent même pas qui ils tuent – évitant ainsi la question du signalement des morts civiles en désignant tous ceux qui se trouvent dans la zone de frappe comme combattants ennemis. »

    C’est ça. Nous ne tuons que les combattants ennemis.

    Comment savons-nous que ce sont des combattants ennemis ?

    Parce qu’ils étaient dans notre zone de frappe.

    Comment savions-nous que c’était une zone de frappe ?

    Parce qu’il y avait des combattants ennemis.

    Comment avons-nous découvert qu’il s’agissait de combattants ennemis ?

    Parce qu’ils étaient dans la zone de frappe…

    Tu veux que je continue, ou tu saisis ? J’ai toute la journée.

    Il ne s’agit pas de Trump, même si c’est un maniaque. Il ne s’agit pas d’Obama, même si c’est un criminel de guerre. Il ne s’agit pas de Bush, même s’il a l’intelligence du chou bouilli. (Ça fait à peu près huit ans que je n’ai pas fait une blague sur Bush. Ça m’a fait du bien. Peut-être que je m’y remettrai.)

    Il s’agit d’un complexe militaro-industriel incontrôlable que notre élite dirigeante est plus qu’heureuse de laisser échapper. Presque personne au Congrès ou à la présidence n’essaie de maîtriser nos 121 bombes par jour. Presque personne dans un média grand public n’essaie d’amener les gens à s’en préoccuper.

    Récemment, le hashtag #21Trillion [21 billions, NdT] pour l’argent non comptabilisé du Pentagone a remporté un certain succès. lançons-en un autre : #121BombsADay [121 bombes par jour, NdT].

    Une, toutes les 12 minutes.

    Vous savez où ils frappent ? Qui ils tuent ? Pourquoi ? Cent vingt et une bombes par jour déchirent la vie des familles à l’autre bout du monde – en votre nom et en mon nom et au nom du gamin qui distribue des sachets de maïs soufflé de la mauvaise taille au cinéma.

    Nous sommes un pays voyou avec des militaires voyous [1] et une élite dirigeante qui n’a aucun compte à rendre. Le gouvernement et les militaires que vous et moi entretenons en faisant partie de cette société assassinent des gens toutes les 12 minutes, et en réponse, il n’y a rien d’autre qu’un silence sinistre. Il est indigne de nous, en tant que peuple et espèce, de n’accorder à ce sujet que le silence. C’est un crime contre l’humanité.

    Source : Truthdig, 19-06-2018

    Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

     

    [1] Dans ce Blog, nous avons souvent qualifié de pays voyous ceux qui ne respectent pas la légalité internationale en bombardant d’autres pays, qui ne leur ont rien fait de mal. Se trouvent dans ce cas : les USA, Israël, la GB et la France. Cela ne veut absolument pas dire que les populations de ces pays sont voyoutes. Cela veut dire simplement que leurs élites dirigeantes sont pourries et perçoivent des gratifications sonnantes et trébuchantes du complexe militaro-industriel et d'autres oligarques (pétroliers), qui ont intérêt à larguer autant de bombes et de Tomahawk que possible. La mort de millions d’innocents (essentiellement musulmans) arabes, noirs, pakistanais ou afghans, c’est tout bénéfice. Du côté de la société civile (civilisée ?) et des grands médias, il n’y a rien d’autre qu’un silence sinistre.

    Hannibal GENSERIC

    https://numidia-liberum.blogspot.com/2018/09/larmee-de-trump-largue-une-bombe-toutes.html#more

     


    votre commentaire