•  

    La Russie peut-elle bloquer une nouvelle fois un changement de régime en Syrie?

    Crises/guerres Désinformation Droit international Etats-Unis Hégémonie Ingérence Propagande Russie Syrie Ukraine
     
     
     

    lavrov - Sergueï Lavrov - Adel al-Jubeir

    Sergueï Lavrov et Adel al-Jubeir  Sergueï Lavrov et Adel al-Jubeir – 11 août 2015 [photo Reuter]

     

    Il y a deux endroits où les Etats-Unis et leurs satellites de l’OTAN se sont engagés dans des guerres par procuration avec la Russie. L’un est l’Ukraine et l’autre la Syrie. Récemment, il y a eu des rapports selon lesquels la guerre par procuration de quatre ans contre la Syrie toucherait peut-être à sa fin.

    Derrière la fumée et les miroirs

    Nos médias n’ont jamais rapporté la vérité sur les évènements en Syrie. Dès le début, la réalité a été la suivante: les Etats-Unis, soutenus par le Royaume-Uni, la Turquie, l’Arabie saoudite et Israël ont financé et entraîné des groupes de combattants travaillant sous différents masques politiques et religieux (y compris Daech) dans le but de renverser le gouvernement du Président Assad. Le gouvernement syrien est soutenu par la Russie, l’Iran et le Hezbollah.

    Au début, la guerre a été menée par des agents de l’Occident mais, il y a deux ans, les Etats-Unis décidèrent d’intervenir directement en utilisant l’aviation et les forces navales pour bombarder des cibles en Syrie. Le plan prévoyait une attaque conjointe des Etats-Unis et de la France, tôt dans la matinée du samedi 31 août 2013. Il fut toutefois stoppé quelques heures seulement avant son déclenchement. Le fait qu’il devait y avoir une telle attaque, et la raison pour laquelle elle fut annulée n’ont jamais été rapportés par les médias traditionnels occidentaux. Qu’a-t-il pu se produire pour arrêter une telle attaque?

    La guerre qui n’a pas eu lieu

    Tôt le matin du samedi 31 août 2013, un officiel américain a téléphoné au cabinet du président Hollande pour lui dire d’attendre un appel d’Obama plus tard dans la journée.
    « Présumant que ce téléphone du soir annoncerait le début des frappes aériennes par les Etats-Unis (contre la Syrie), Hollande a donné l’ordre à ses officiers de mettre au point leurs propres plans d’attaque. Les avions de combat Rafale ont été chargés de missiles de croisière Scalp ; on a ordonné à leurs pilotes de lancer leurs munitions d’une portée de 250 miles quand ils se trouveraient sur la Méditerranée. » (1)

    Autrement dit, à ce moment-là, les pilotes français et les troupes US attendaient seulement l’ordre final du président Obama pour lancer leur attaque. Toutefois, plus tard le même jour, à 18h15, Obama a appelé le président français pour lui dire que l’attaque programmée pour le 1er septembre à 3h du matin n’aurait pas lieu comme prévu. Il devait consulter le Congrès.

    Un article paru dans Global Research souligne l’ampleur du déploiement militaire autour de la côte syrienne.(2) Un mois plus tard, Israel Shamir décrit comme suit les évènements au large de la côte syrienne:

    L’évènement le plus dramatique de septembre 2013 fut le face-à-face près de la côte du Levant, entre cinq destroyers américains pointant leurs Tomahawks vers Damas et, face à eux, la flottille russe de onze navires dirigés par le croiseur lance-missiles Moskva et soutenue par des navires de guerre chinois. Apparemment, deux missiles furent lancés vers la côte syrienne, et les deux échouèrent à atteindre leur cible.”(3)

    La carte ci-dessous montre quelques uns des détails de ce très vaste déploiement naval.

    Syrie

     

    Alors, pourquoi les Etats-Unis et la France n’ont-ils pas attaqué la Syrie? Il semble évident que les Russes et les Chinois ont simplement expliqué qu’une attaque sur la Syrie par les forces américaines et françaises entraînerait une attaque des Russes et des Chinois contre les navires de guerre américains et français. Obama a sagement décidé de ne pas commencer la troisième guerre mondiale en septembre 2013. Nous pouvons tous nous féliciter de ce résultat.

    Les plans des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Turquie

    Depuis, les Etats-Unis et leurs alliés ont poursuivi plus ou moins la même sorte de guerre par procuration, en incluant une nouvelle organisation appelée Etat islamique en Irak et au Levant [aujourd’hui : Daech]. Il est clair, cependant, qu’ils n’ont pas été totalement satisfaits par leurs plans et ont décidé d’opter à nouveau pour une autre forme d’engagement direct dans le conflit.

    Dans un article récent intitulé « La diplomatie de navette pour sauver la Syrie« , Andrew Korybko, explique que les Etats-Unis et la Turquie ont lancé une stratégie appelée « Division 30″, « par laquelle un petit groupe d’unités d’élite à leur solde a été déployé dans le pays à partir de la Turquie sous la couverture protectrice des frappes aériennes américaines. Le jour même où des représentants militaires syriens arrivaient à Moscou, on apprit qu’Obama avait autorisé le Pentagone à bombarder toute unité combattant contre ce groupe, y compris l’Armée arabe syrienne si cela devait se produire, une nouvelle connue sans doute un peu de temps auparavant par la Russie au travers de son célèbre réseau de renseignement. »(4)

    Un rapport similaire a été publié par Stephen Lendman:

    Le 2 août, le journal britannique Sunday Express publiait un article intitulé “SAS sous l’uniforme des combattants de Daech dans la guerre d’infiltration contre les djihadistes,” et qui disait: “Plus de 120 membres de ce régiment d’élite sont actuellement dans ce pays en guerre”, secrètement “habillés de noir et brandissant le pavillon de Daech,” engagés dans ce qui a été appelé Opération Shader – consistant à attaquer des objectifs syriens sous prétexte de combattre Daech. Peut-être que des éléments des forces spéciales américaines et de la CIA sont secrètement impliquées de la même manière.”(5)

    L’utilisation de telles troupes d’élite apparaît comme une opération gagnante pour les Etats-Unis. S’il n’y a pas d’opposition de l’armée syrienne, Assad est fini. Et si, au contraire, les troupes syriennes attaquent les forces de l’OTAN, elles feront alors face à une attaque à grande échelle de l’OTAN.

    Ces rapports suggèrent que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont utilisé certaines de leurs propres forces d’élite pour intervenir directement en Syrie. En suivant la politique selon laquelle tout groupe armé qui s’opposera à leurs forces d’élite fera l’objet de frappes aériennes, les Etats-Unis et leurs alliés ont un plan clair pour une intervention directe en Syrie, avec des avions et des missiles de l’OTAN. Ce serait leur deuxième tentative de parvenir à un changement de régime par des attaques directes contre le gouvernement.

    Quelques intéressantes initiatives diplomatiques de la Russie (*)

    L’article d’Andrew Korybko montre que la Russie travaille à nouveau diplomatiquement pour contrer les actions des Etats-Unis contre la Syrie. Une partie de sa stratégie consiste à affaiblir la position des Etats-Unis en poussant certains pays à prendre leurs distances vis-à-vis de la coalition américaine. En tête de liste figure une série de discussions avec l’Arabie saoudite. Il y a eu une rapide augmentation des contacts entre les deux pays. Par exemple, le président Poutine et le roi Salman ont l’intention de se rendre réciproquement visite avant la fin de l’année, et de signer entre eux un accord de coopération nucléaire. Il y a aussi des rapports selon lesquels la Russie aurait arrangé une rencontre secrète entre le chef de la sécurité syrienne et le ministre saoudien de la défense. Selon Korybko:

    « L’Arabie saoudite a finalement réalisé que son rejeton wahhabite est devenu incontrôlable, et qu’elle doit donc se sortir du bourbier dans lequel elle s’est engagée par procuration en Syrie, avant que le contrecoup ne devienne insupportable…(car) elle préfère détourner ses ressources, en argent et en temps, de sa guerre désormais perdue en Syrie vers sa dernière aventure militaire le long de sa frontière sud. En ajoutant à cela la crainte paranoïaque de Riyad que le Yémen ne devienne une base pour une guerre par procuration de l’Iran, il paraît logique que le Royaume puisse accepter une défaite en Syrie de façon à sauver autant de terrain stratégique que possible au Yémen (et le plus tôt possible). »(6)

    Mais il se pourrait que les Russes fassent plus qu’aider la Syrie par la diplomatie.

    L’armée russe pourrait à nouveau soutenir la Syrie

    Il faut bien comprendre les graves conséquences qui découlent de la volonté américaine d’attaquer les unités de l’armée syrienne – ou qui que ce soit d’autre – si elles s’opposent aux troupes de la « Division 30″. Le danger vient du fait qu’Obama a “autorisé le Pentagone à bombarder toute unité combattant contre ce groupe, y compris l’Armée arabe syrienne si cela devait se produire.” Ecrivant au sujet de la récente rencontre entre des militaires russes et une délégation de trois officiers de haut rang de l’armée syrienne arrivés à Moscou le 3 août de cette année, Korybko remarque:

    Bien sûr, cette provocation pourrait immédiatement conduire à une escalade de la guerre contre la Syrie, au bombardement américain de toutes les installations militaires et gouvernementales syriennes, et à un changement de régime aussi rapide qu’en Libye. Cela est très sérieusement pris en considération par Moscou, et les moyens stratégiques d’éviter ce scenario catastrophique ont assurément été mis sur la table au cours de cette rencontre.”(7)

    Alors, qu’est-ce qui pourrait avoir été discuté lors de cette réunion entre officiers syriens et russes? “L’ordre du jour de la visite comprend des échanges d’expérience dans la lutte contre le terrorisme, ont indiqué des sources.”(8) Korybko explique que les Russes pourraient faire face à cette nouvelle stratégie de la façon suivante:   

    « La Russie peut toujours recourir à la mesure préventive consistant à intégrer ses conseillers militaires basés en Syrie dans des positions en première ligne de l’armée arabe syrienne. »

    Cette stratégie fonctionnerait ainsi:

    Si la Russie est absolument déterminée à supprimer la possibilité pour les Etats-Unis d’utiliser une attaque de l’armée syrienne contre la “Division 30” comme prétexte à une escalade leur permettant de se lancer à grande échelle dans leur opération pré-planifiée de changement de régime, alors elle pourrait prendre la décision courageuse et résolue de positionner ses conseiller militaires en Syrie sur la ligne de front antiterroriste aux côtés de l’armée arabe syrienne. Cette décision pourrait raisonnablement être communiquée aux Etats-Unis de façon formelle ou informelle via les services secrets et des canaux diplomatiques de façon à ce que Washington soit conscient des conséquences incalculables d’une riposte contre les Syriens si ceux-ci répondent aux provocations de la “Division 30”. Bien que ce soit là pour certains une suggestion risquée, c’est un fait avéré que l’armée américaine n’a jamais directement ciblé un militaire russe, choisissant de compter plutôt sur ses acolytes pour une telle tâche macabre (que ce soient les Moudjahidines en Afghanistan ou les terroristes en Tchétchénie). La raison en est claire: une attaque directe par les Etats-Unis contre une unité militaire russe est un motif flagrant de guerre, et même dans les conditions actuellement tendues, il n’est pas possible que les Etats-Unis fassent un geste aussi impensable.”(9)

    En d’autres termes, les Russes pourraient avoir un moyen de contrer les derniers plans américains visant à renverser le gouvernement Assad. En effet, les Etats-Unis sont en train de dire aux Syriens « Si vous attaquez nos troupes (la Division 30), cela signifie la guerre avec les Etats-Unis. » Les Russes diraient – à nouveau – aux Etats-Unis: « Si vous attaquez nos troupes en Syrie, cela signifie la guerre avec la Russie. »

    Si la suggestion de Korybko au sujet des plans russo-syriens est correcte, ce serait la deuxième fois que la Russie se prépare à tracer une ligne sur le sable. Nous pouvons seulement espérer que la sagesse l’emportera à nouveau à Washington, et que les plans des Etats-Unis pour une guerre ouverte en Syrie seront abandonnés.

    9 août 2015

    (*) L’Arabie saoudite vient de rejeter  l’initiative russe sur une coalition anti-EI ce mardi 11 août. Ce qui montre qu’elle va continuer de soutenir les groupes terroristes en Syrie.[Ndlr].

    1. https://medium.com/war-is-boring/french-bombers-were-loaded-up-syrian-rebels-were-deployed-all-awaiting-obamas-okay-to-attack-69247c24253f
    2. http://www.globalresearch.ca/massive-naval-deployment-us-and-allied-warships-deployed-to-syrian-coastline-before-the-august-21-chemical-weapons-attack/5347766
    3. http://www.globalresearch.ca/the-war-on-syria-the-september-2013-military-stand-off-between-five-us-destroyers-and-the-russian-flotilla-in-the-eastern-mediterranean/5355644
    4. http://thesaker.is/the-shuttle-diplomacy-to-save-syria/
    5. http://www.globalresearch.ca/british-sas-special-forces-dressed-up-as-isis-rebels-fighting-assad-in-syria/5466944
    6. http://thesaker.is/the-shuttle-diplomacy-to-save-syria/
    7. .http://thesaker.is/the-shuttle-diplomacy-to-save-syria/
    8. http://sputniknews.com/politics/20150805/1025431105.html
    9. http://thesaker.is/the-shuttle-diplomacy-to-save-syria/

     

    http://arretsurinfo.ch/la-russie-peut-elle-bloquer-une-nouvelle-fois-un-changement-de-regime-en-syrie/

     

     

     


    votre commentaire
  • La guerre d'Obama contre Syrie/Irak a un an...

     
    La guerre d'Obama contre Syrie/Irak a un an...  
     
    IRIB- Cette semaine marque le premier anniversaire
    du début des frappes aériennes, en Irak, et du lancement d’une nouvelle guerre américaine, au Moyen-Orient. Le gouvernement Obama a marqué ce sinistre jalon, par une nouvelle escalade de la guerre, et entériné une proposition du Pentagone, qui autorise les avions américains à apporter une couverture aérienne totale à une petite bande de mercenaires, déployés en Syrie, après avoir été entraînés, armés et financés, par l’armée américaine. Ces nouvelles règles d’engagement stipulent que les frappes aériennes, en appui à cette force – qui comptait moins de 60 individus, avant la capture de ses commandants, de plusieurs de ses membres et la mort d’un certain nombre d’autres, la semaine passée – seront effectuées contre toute menace prétendue, de la part des forces gouvernementales syriennes. Il s’agit d’un stratagème grossier, pour impliquer, directement, l’armée américaine, dans la guerre de changement de régime, en Syrie. Celle-ci dure, depuis quatre ans, est appuyée, par Washington et ses alliés régionaux, et utilise, comme mandataires, des milices islamistes sectaires.
     
    La seule utilité imaginable de la soi-disant «nouvelle force syrienne», dont la taille atteint, à peine, celle d’une équipe de football américain, est de servir d’appât, pour provoquer des tirs de l’armée syrienne, et fournir un prétexte à une intervention américaine généralisée, pour renverser le gouvernement du Président Bachar al-Assad. Ce tournant vers une intervention renforcée et un bain de sang plus important, encore, n’est que le dernier chapitre d’une politique de guerre, affligée de contradictions si ahurissantes, qu’il est impossible de la défendre, de façon cohérente. Incapable de le faire, le gouvernement recourt aux mensonges et à la tromperie, pour parvenir à imposer la guerre à l’opinion publique américaine. Il y a, à peine, un an, Obama a dit à la population américaine qu’il avait ordonné des frappes aériennes et l’envoi d’un petit contingent de forces spéciales, en Irak, dans le but de secourir les Yézidis, une petite communauté religieuse du Nord de l’Irak, face à un massacre imminent aux mains de l’Etat islamique, en Irak et en Syrie, (EI). Cette milice islamiste sunnite avait envahi près d’un tiers de l’Irak, un mois, auparavant, mis en déroute des soldats irakiens, entraînés par les Etats-Unis, qui prirent la fuite. Cette débâcle était due aux interventions américaines passées, qui ont tué des centaines de milliers d’Irakiens, et laissé derrière elles, une société en ruines, fracturée par des conflits sectaires. L’EI, lui-même, porte le label «made in USA»; il avait bénéficié du soutien de la CIA et des principaux alliés régionaux de Washington, Turquie, Arabie saoudite et Qatar, dans la guerre de changement de régime, en Syrie. Il s’est, aussi, vu renforcé par la guerre que les Etats-Unis et l’OTAN avaient menée, en 2011, pour renverser et assassiner le chef d’Etat libyen, Mouammar Kadhafi. Cette entreprise néocoloniale s’appuyait sur des milices islamistes du même type, liées à Al-Qaïda, et dont beaucoup de membres – en plus d’énormes stocks d’armes, capturées en Libye – ont été transférés, en Syrie. Le sort des Yézidis est, depuis longtemps, oublié. On a, ultérieurement, tenté de vendre cette nouvelle guerre, comme lutte contre le terrorisme – c’est-à-dire, contre les terroristes même, que les Etats-Unis avaient soutenus, en Libye et en Syrie – en exploitant le sort d’Américains, capturés et décapités par l’EI. Il y eut, ensuite, les combats, pour briser le siège de la ville syrienne de Kobané, l’aviation américaine apportant un soutien aérien rapproché aux milices kurdes, en lutte contre l’EI. Diverses organisations de la pseudo-gauche ont, comme il fallait s’y attendre, trouvé, dans les Kurdes, la raison de soutenir cette guerre impérialiste.
     
    Quelques mois plus tard, à peine, les anciens alliés kurdes de Washington étaient livrés au loup turc. En échange de l’utilisation des bases turques, pour bombarder la Syrie, Washington sanctionnait, comme «lutte contre le terrorisme», le bombardement des positions kurdes, par Ankara. Obama a, aussi, défendu la proposition turque de découper en territoire syrien, une zone tampon, près de la frontière turque, pour faire avancer la guerre de changement de régime contre Assad. Entre-temps, comme l’a, clairement, montré la réaction consternée de Washington, face à la récente débâcle de la capture de ses mercenaires syriens, par le Front al-Nosra, la stratégie du gouvernement Obama était fondée sur une lutte, dans le cadre d’un «front uni» avec l’affilié syrien d’Al-Qaïda. Voilà ce qu’il en est de la «guerre contre le terrorisme !» Dans cette guerre, les seules constantes identifiables sont les objectifs prédateurs de l’impérialisme américain, poursuivis, de façon ininterrompue, ce dernier quart de siècle, au moyen de la violence militaire.
     
    La guerre lancée par Obama – porté au pouvoir, par une vague de sentiment anti-guerre, et qui sert, maintenant, de porte-parole servile à l’appareil militaire et du renseignement – représente la continuation de la guerre d’agression criminelle contre l’Irak, déclenchée, sur la base de mensonges, par George W. Bush, en 2003. Cette guerre était, elle-même, la continuation de la guerre du Golfe, lancée en 1991, par Bush père. Chaque étape de cette éruption du militarisme américain s’est révélée être plus dangereuse que la précédente.
     
    La dernière intervention, en Syrie, vise, non seulement, à renverser le gouvernement Assad, à imposer un régime fantoche des Etats-Unis, en vue d’asseoir l’hégémonie américaine, sur un Moyen-Orient, riche en pétrole, et, stratégiquement, vital, mais aussi, à préparer des guerres plus catastrophiques, encore, contre les principaux alliés de Damas, l’Iran et la Russie. La logique de l’offensive de l’impérialisme américain, pour la domination mondiale, conduit, inévitablement, à une guerre avec la Russie et la Chine, à une intensification des tensions avec les alliés ostensibles de Washington, en Europe, et confronte l’humanité au spectre d’une troisième guerre mondiale. Cette semaine ne marque pas, seulement, le premier anniversaire de la guerre d’Obama, en Irak et en Syrie, mais aussi, celui de l’adoption, à l’unanimité, par le Troisième Congrès national du Parti de l’égalité socialiste, (Etats-Unis), de la résolution, sur «La lutte contre la guerre et les tâches politiques du Socialist Equality Party». Ce document crucial déclare: «C’est parce que les Etats-Unis sont le centre de l’impérialisme mondial, le poste de pilotage de la planification internationale de la guerre et de la contre-révolution, que l’opposition à la guerre, à l’échelle mondiale, ne peut être mobilisée, sans l’émergence d’un puissant mouvement anti-guerre, dans ce pays. La classe ouvrière américaine doit prendre sa place, dans une lutte de la classe ouvrière internationale, pour l’abolition de l’impérialisme et du système capitaliste de l’Etat-nation». Le document dit encore: «Il n’y a pas, en dehors du CIQI, [Comité international de la Quatrième Internationale], et du SEP, de mouvement, au monde, qui cherche à, ou soit capable de diriger la classe ouvrière, dans une lutte révolutionnaire contre la guerre, lutte, qui exige qu’on développe, dans la classe ouvrière et son avant-garde, la compréhension du lien inextricable, qui existe entre la guerre, à l’étranger, et l’exploitation, à l’intérieur du pays – entre l’impérialisme et le capitalisme». Les événements, survenus au cours de l’année écoulée – l’extension de la guerre, au Moyen-Orient et au Yémen, et son escalade, en Irak et en Syrie, la militarisation de l’Europe de l’Est et la menace d’une guerre contre une Russie, dotée de l’arme nucléaire, ainsi que les provocations de plus en plus agressives contre la Chine – confèrent à cette perspective une urgence plus grande encore.

    Bill Van Auken 
     

    votre commentaire
  •  
    EmpireCatoon
     
     

    Les USA sur le point d’entreprendre l’invasion de la Syrie. Les décideurs de Washington appellent à la division, à la destruction et à l’occupation militaire de la Syrie

     

    À l’insu du grand public, ce ne sont pas les politiciens élus qui sont à l’origine des politiques qui lient leur destinée à celui de la nation ou à la sphère géopolitique. Ce sont plutôt les groupes de réflexion financés par la grande entreprise et les grands financiers – des équipes de décideurs non élus qui transcendent les élections et qui produisent des documents servant ensuite de fondement aux dispositions législatives qui reçoivent l’aval des « législateurs » et qui sont aussi repris et répétés ad nauseam par les grands médias.

    Un document de politique de ce genre a été récemment produit par le tristement célèbre groupe de réflexion US Brookings Institution, document intitulé Deconstructing Syria: Towards a regionalized strategy for a confederal country [Déconstruction de la Syrie : vers une stratégie régionale pour la création d’un pays confédéré]. Cette conspiration à découvert, signée et datée, visant à diviser, à détruire, puis à occuper progressivement une nation souveraine située à des milliers de kilomètres des rives de l’Amérique illustre de manière peu rassurante à quel point l’impérialisme moderne demeure dangereux et tenace, même en ce 21e siècle.

    Le groupe armé État islamique (EI) comme prétexte : les USA ont versé des milliards de dollars à des « modérés » qui n’existent pas

    Les auteurs de ce document admettent ouvertement que les USA ont fourni des milliards de dollars pour armer et entraîner des militants qui ont servi à alimenter un conflit dévastateur aux proportions de plus en plus régionales. Ils admettent que les USA maintiennent des opérations en Jordanie et en Turquie, membre de l’OTAN, afin d’injecter encore plus d’armes, d’argent liquide et de combattants dans ce conflit déjà catastrophique, et qu’ils devraient même élargir leurs opérations.

    Ils relatent ensuite l’ascension du prétendu « État islamique » (EI), sans toutefois expliquer la provenance de son financement et de ses armes. Le lecteur comprendra sans peine que si les États‑Unis ont engagé des milliards de dollars en argent comptant, en armement et en entraînement pour soutenir sur de multiples fronts de prétendus « modérés » qui, en somme, n’existent pas sur le champ de bataille, un soutien étatique plus grand encore serait requis pour la création et le maintien d’e l’EI et du Front al‑Nosra d’al‑Qaida qui, de l’aveu même de la Brookings Institution, dominent sans conteste l’« opposition ».

    En réalité, les lignes d’approvisionnement d’e l’EI conduisent tout droit aux zones opérationnelles US en Turquie et en Jordanie, car c’est bien l’Ei et al‑Qaida que l’Occident prévoyait utiliser avant même que le conflit n’éclate en 2011, et sur lesquels il a depuis fondé sa stratégie – y compris la plus récente étape de la campagne.

    Image : Au dire de tous, y compris des groupes de réflexion et des grands médias occidentaux, le territoire du groupe armé État islamique englobe des corridors qui vont jusqu’à la Turquie, membre de l’OTAN, et jusqu’à la frontière de la Jordanie, alliée des USA. Ces deux pays hébergent un personnel militaire US considérable ainsi que des contingents de la CIA et des forces spéciales. Il va de soi que l’EI est une création et un prolongement de l’Occident qui subsiste grâce au flux constant de fournitures provenant de ces deux bases d’opération.

    L’invasion US de la Syrie

    Après avoir armé et financé une armée de terroristes d’al‑Qaida occupant littéralement la superficie d’une région entière, les États‑Unis prévoient maintenant profiter du chaos qui en résulte pour justifier ce qu’ils recherchent depuis le début du conflit, alors qu’il était devenu évident que le gouvernement syrien n’allait ni capituler ni s’effondrer – soit l’établissement de zones tampons aujourd’hui qualifiées par la Brookings Institution de « zones sécuritaires».

    Une fois créées, ces zones accueilleront des forces armées US, qui occuperont littéralement des territoires syriens saisis, nettoyés par des alliés interposés, dont des groupes kurdes et des bandes de combattants d’al‑Qaida dans le Nord, et des milices terroristes étrangères opérant le long de la frontière jordano‑syrienne dans le Sud. La Brookings Institution va même jusqu’à admettre que plusieurs de ces zones seraient créées par des extrémistes, mais que les critères de « pureté idéologique » seraient en quelque sorte « abaissés ».

    Image : L’Occident n’a que légèrement voilé son soutien à al‑Qaida et à l’EI à un grand public impressionnable. Dans les milieux politiques, les propos concernant l’utilisation d’al‑Qaida pour diviser et détruire les ennemis de Wall Street partout dans le monde sont animés et enthousiastes.

    Les États‑Unis supposent que lorsqu’ils se seront approprié ce territoire et que des troupes US y seront stationnées, l’Armée arabe syrienne n’osera pas attaquer de crainte de provoquer une réaction militaire US directe contre Damas. Dans son document, la Brookings Institution affirme ce qui suit (c’est nous qui soulignons) :

    L’idée serait d’aider les éléments modérés à établir des zones sécuritaires fiables à l’intérieur de la Syrie lorsqu’ils seraient en mesure de le faire. Les forces étasuniennes, de même que les forces saoudiennes, turques, britanniques, jordaniennes et autres forces arabes, agiraient comme soutiens, non seulement à partir des airs, mais par la suite au sol, et ce, par l’intermédiaire des forces spéciales. La stratégie mettrait à profit le terrain désertique ouvert de la Syrie, qui permettrait la création de zones tampons où serait surveillé tout signe d’attaque ennemie au moyen d’outils technologiques, de patrouilles et autres méthodes pour la mise en place desquelles les forces spéciales externes pourraient venir en aide aux combattants syriens locaux.

    Si Assad était assez bête pour menacer ces zones, et même s’il parvenait en quelque sorte à forcer le retrait des forces spéciales externes, il perdrait sans doute sa puissance aérienne au cours des frappes de représailles qui s’ensuivraient, menées par ces mêmes forces, ce qui priverait ses militaires de l’un des seuls avantages dont ils bénéficient par rapport à l’EI. Il serait donc peu probable qu’il le fasse.

    En un seul énoncé, la Brookings Institution admet que le gouvernement syrien n’est pas engagé dans une guerre contre son peuple, mais contre l’« Etat islamique » (EI). Il est évident que la Brookings Institution, les politiciens et autres stratèges partout en Occident se servent de la menace que représente l’EI combinée à celle d’une intervention militaire directe comme levier devant finalement leur permettre d’envahir le territoire syrien pour se l’approprier entièrement.

    L’invasion pourrait réussir, mais pas au profit des alliés interposés des USA

    Le plan tout entier suppose de la part des États‑Unis d’abord la capacité de s’approprier ces « zones » et de s’y maintenir et, ensuite, celle de les articuler en régions autonomes fonctionnelles. Des tentatives similaires de « construction de nations » par les USA sont aujourd’hui visibles en Afrique du Nord dans l’État en déroute qu’est devenue la Libye, voisine sud‑est de la Syrie, en Irak, en Afghanistan, en Somalie… la liste est longue.

    La folie de ce plan, tant par les tentatives de recourir pour le mettre en œuvre à une crédibilité non existante et à la force militaire, que du fait de ceux qui sont suffisamment bêtes pour faire confiance à un pays qui a laissé dans son sillage à l’échelle de la planète une bande de destruction et d’États en déroute allant du Vietnam du Sud à la Libye, aller-retour, ne peut être qualifiée que de monumentale.

    Il est presque certain que cette stratégie peut servir à achever la destruction de la Syrie. Elle ne peut toutefois pas servir à réaliser l’une ou l’autre des promesses que feront les États‑Unis, quelles qu’elles soient, pour obtenir la coopération des divers acteurs nécessaires à sa réussite.

    Image : « Libérée » par les USA et par l’OTAN, la Libye est sous la domination d’al‑Qaida, qui s’est récemment rebaptisée elle‑même EI. Les allégations des décideurs US selon lesquelles leur invasion progressive de la Syrie se traduira par quelque chose de différent pour les Syriens sont à tout le moins malhonnêtes.

    Il existe assurément des mesures que la Syrie, ses alliés l’Iran et le Hezbollah, de même que la Russie, la Chine et d’autres nations qui subissent les menaces hégémoniques occidentales peuvent prendre pour empêcher les forces US de s’approprier et de conserver des parties du territoire syrien et de réaliser ce qui constitue essentiellement une lente invasion. Déjà, les USA ont utilisé comme prétexte la présence de leurs propres hordes d’ISIS pour se livrer à des opérations militaires sur le territoire syrien, ce qui, comme prévu, a conduit à l’étape suivante d’invasion progressive.

    Une augmentation des forces de maintien de la paix non otanaises en Syrie pourrait en définitive faire échec aux plans de l’Occident. La présence d’Iraniens, de Libanais, de Yéménites, d’Afghans ou d’autres forces partout en Syrie, particulièrement en bordure de la « zone » que les USA s’efforcent de créer, pourrait placer ces derniers devant l’éventualité d’une confrontation multinationale pour laquelle ils n’ont ni la volonté politique ni les ressources nécessaires.

    En dernière analyse, la capacité de la Syrie et de ses alliés à opposer une force de dissuasion suffisante à l’agression US en Syrie, et ce, tout en coupant les lignes logistiques utilisées par les USA pour approvisionner ISIS et d’autres groupes terroristes actifs en Syrie et en Irak, sera déterminante pour la survie de la Syrie.

    Tony Cartalucci

     

    Article original en anglais:

    EmpireCatoon

    US To Begin the Invasion of Syria. Washington Policymakers Call for the Division, Destruction and Military Occupation of Syria, publié le 26 juin 2015

    Source principale : New Eastern Outlook

    Traduction par Jacques pour Mondialisation.ca

     

    Tony Cartalucci, rédacteur et analyste en géopolitique basé à Bangkok. Il écrit surtout pour le magazine Web New Eastern Outlook.

     

    http://www.mondialisation.ca/les-usa-sur-le-point-dentreprendre-linvasion-de-la-syrie-les-decideurs-de-washington-appellent-a-la-division-a-la-destruction-et-a-loccupation-militaire-de-la-syrie/5459983

     

    Lire aussi :

    État islamique : le génocide dont l’Occident est complice

    Exclusif : Les projets secrets d’Israël et de l’Arabie saoudite

    Les projets de réorganisation du « Moyen-Orient élargi »

     

     

    Médiamensonges :
     
    C'est dans un souci de rétablir le dialogue entre les "Charlie" et les "pas Charlie" que Michel Collon met en lumière les relations entre les Etats-Unis et l...**
     
    .

     


    votre commentaire
  •  

    « Syrie : en route pour un nouvel ordre mondial »

    « Syrie : en route pour un nouvel ordre mondial »

    Nous vivons un épisode historique. Il engage le destin de la Syrie, l’avenir des Arabes et de l’Islam. Qu’on le veuille ou non, que l’on s’en réjouisse ou que l’on s’en afflige, il remet en question l’ordre établi. C’est pourquoi tous les peuples du monde, de l’Est et de l’Ouest, de l’Orient et de l’Occident, du Nord et du Sud, sont concernés par le grand ébranlement, même si les dirigeants, par déficit de conscience ou excès d’insouciance, semblent parfois hésiter entre les chemins de la paix et le sentier de la guerre.

    L’injustice de l’ordre du monde ne date certes pas d’hier. Depuis cinq siècles, l’Occident, européen d’abord, euro-américain ensuite, a soumis la planète à une razzia en règle qui lui a permis d’asseoir sa domination.

    Mais l’ordre établi dont il est question ici est celui qui a prévalu durant une double décennie, de 1991 à 2011, lorsque la disparition de l’URSS a ouvert aux stratèges anglo-saxons une fenêtre d’opportunités unique : depuis l’aube de l’impérialisme « moderne », le rêve des géopoliticiens est de faire de la « ceinture verte musulmane » qui court du Moyen-Orient à l’Afghanistan un glacis en mesure d’enrayer l’expansion des empires eurasiens, russo-soviétique et chinois, et donc de préserver l’hégémonie euro-américaine. A l’heure de la guerre froide, il s’agira d’endiguer le communisme. Les Etats de cette ceinture extensible au gré des évènements peuvent être forts à condition d’être des alliés complaisants comme la Turquie de l’OTAN ou l’Iran du Chah, mais ils doivent être faibles s’ils sont perçus comme hostiles, le mieux étant alors de les opposer les uns aux autres (sur une base confessionnelle ou ethnique).

    Suite à l’éclatement de l’Union Soviétique, les vastes contrées de l’ex-Asie centrale communiste sont « ouvertes » aux ambitions américaines et la fin de la guerre froide neutralise pour un temps la Russie et la Chine. Le moment semble donc venu pour l’Amérique d’avancer ses pions afin de prendre le contrôle du monde arabe et du monde musulman, de ses ressources, notamment en gaz et en pétrole, et de pousser vers le nord ses avant-postes stratégiques afin d’étrangler les deux Grands de l’Eurasie : il y va des intérêts de l’empire atlantique et du maintien de la suprématie d’Israël en tant que puissance principale de la région.

    En tout état de cause, le « moment unipolaire » américain va apporter au monde vingt ans de malheur et d’extrême injustice, comme en témoignent les interventions conduites par Washington et les Européens à partir de 1991 pour démanteler et détruire la Yougoslavie, l’Irak, l’Afghanistan, le Soudan, la Somalie, le Liban, la Libye, le Yémen et bien sûr la Syrie…

    Les évènements que l’on a qualifiés en Occident de « printemps arabe » ne sauraient être considérés hors de cette logique impérialiste. Ils constituent seulement l’épisode le mieux synchronisé de la séquence évoquée précédemment. Loin de toute conspiration, ils s’inscrivent dans une stratégie dont chacun peut connaître les objectifs et les techniques : il suffit de chercher pour trouver. Comme l’Irak ou le Liban ou la Libye, la Syrie est visée depuis les années 1990 et plus précisément ciblée depuis 2003 par l’Amérique, le plus officiellement du monde. Sous couvert de « promotion de la démocratie », les ONG et « fondations » américaines sont à l’œuvre bien avant 2011 pour former des milliers de « cyber-résistants » de Tunisie, d’Egypte, de Libye, de Syrie (et d’autres pays, en particulier de l’ancienne Yougoslavie, qui aura servi de terrain d’expérimentation, et d’Ukraine).

    Durant toute cette période, les principes du droit international (la souveraineté, la non- ingérence, l’obligation de négocier, le droit à l’autodétermination, le droit des peuples à décider librement de leur régime politique…), mais plus généralement la légalité, les usages et coutumes de la vie diplomatique, le respect des diversités seront si malmenés au nom de la « communauté internationale » et des Etats qui prétendent l’incarner qu’il serait fastidieux de dresser la liste des méfaits de l’unipolarisme américain, toujours drapé dans de nobles principes systématiquement bafoués par lui.

    Enfin, quand les principes reconnus ne permettent plus de justifier l’injustifiable, on tentera d’en imposer de nouveaux, en les présentant comme avalisés alors qu’ils ne le sont pas. Inventé par Kouchner à l’occasion de la guerre sécessionniste du Biafra (Nigeria), à la fin des années 1960, le droit d’ingérence humanitaire vise soi-disant à protéger les populations civiles en détresse. Rebaptisé « responsabilité de protéger », il est le cheval de bataille des professionnels de l’ingérence qui entendent l’utiliser pour remplacer les pouvoirs existants par des régimes plus obéissants. Le principe, qui ne figure pas dans la charte des Nations-Unies, est sujet à controverse. Déjà expérimenté contre le Soudan, il sera en mars 2011 le fondement de la résolution 1973 contre la Libye, adoptée en l’absence de véto, qui autorisera l’intervention de l’OTAN dans les conditions que l’on sait, la légalité onusienne étant ouvertement contournée.

    Dans un tel climat d’illégalité intégrale, les agresseurs à la manœuvre, d’Orient ou d’Occident, n’ont plus à se soucier des lois et coutumes en vigueur dans les relations internationales, ou même des lois de la guerre, puisqu’ils ne prennent plus la peine de « déclarer la guerre », comme le voudrait l’éthique traditionnelle. Ce qui rend difficile de faire la paix. C’est ainsi que la Syrie sera expulsée de la Ligue Arabe en novembre 2011 en violation des statuts, en son absence.

    Dans ce paysage international dévasté, l’entreprise guerrière de l’empire occidental aura fini par se transformer en une guerre universelle, un conflit global, dans lequel la Syrie est un théâtre central, un acteur majeur, un enjeu crucial, un symbole rêvé. Pour les gens honnêtes, il n’est pas difficile d’identifier les acteurs, les responsables, les alliés et les complices de cet enfer.

    Il est juste de saluer la détermination du pays légal, de ses institutions, de son armée nationale, de son peuple, grâce à laquelle la Syrie sortira, espérons-le, victorieuse de l’épreuve, forte de toutes ses communautés, diverse et tolérante comme elle l’a toujours été. Face à l’injustice de la guerre, la diplomatie peut réussir des merveilles, ainsi qu’en témoigne l’issue heureuse d’un épisode qui a marqué un tournant dans l’histoire du conflit.

    En septembre 2013, au sortir d’un été violent marqué par une affaire manipulée d’attaque à l’arme chimique, la Syrie est menacée de « frappes punitives » par les maîtres fouettards de la « communauté internationale ». Un évènement diplomatique considérable va dénouer cette situation dramatique. Au Sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, un double accord est conclu entre la Russie et l’Amérique. Une initiative russe, agréée par la Syrie, acceptée par Washington, permet de désamorcer une crise d’importance comparable à celle des fusées de Cuba en 1962 : la Syrie adhère à l’organisation de non-prolifération des armes chimiques, la nécessité d’une solution politique globale est confirmée et l’Amérique renonce à l’option militaire.

    Victoire de la science diplomatique, confirmant la renaissance de la Russie et l’émergence du bloc des BRICS à direction russo-chinoise, cet accord symbolise la recomposition de la vie internationale sur de nouvelles bases. La parenthèse se referme. Finie « la fin de l’Histoire ». Adieu le « moment unipolaire » américain. Belle leçon de sagesse et de diplomatie, car il n’est pas facile de faire prévaloir la légalité internationale et les grands principes onusiens contre les partisans de l’ingérence à-tout-va. Pendant quelques jours, le monde a frôlé la guerre mondiale. Pendant quelques mois, il a cru à la dynamique de paix…

    Force est de le reconnaître, cette dynamique n’aura pas duré. Moins de deux ans plus tard, en ce mois de mai 2015, il apparaît que les sentiers de la guerre sont malheureusement bien plus fréquentés que les chemins de la paix.

    Mais pas trop d’impatience, le monde ancien n’existe plus. La « communauté internationale », celle qui représente 10% de l’humanité, est isolée. La page est tournée sur le « moment unipolaire » qui consacrait le triomphe des « grandes démocraties » et de leur « économie de marché ». Les élites intellectuelles, médiatiques, politiques des « pays de l’arrogance » ont du mal à digérer la fin d’une hégémonie sans partage, qui, avec la fin de l’Histoire, avait vocation d’éternité, mais qui finalement n’aura duré que deux décennies.

    Certes, le monde multipolaire que la plupart des pays et peuples de la planète appellent de leurs vœux n’est pas encore en place, bien loin de là. L’accouchement est difficile, mais il est en gestation. L’Occident est disposé à faire des guerres asymétriques ou par procuration, mais il n’a plus ni les moyens ni la volonté de mener des guerres à son propre compte. Nul ne le regrettera, surtout pas les peuples occidentaux, qui n’en veulent plus, fût-ce pour conserver la maîtrise des affaires du monde. Les émergents et les pays de la résistance ne demandent d’ailleurs nullement à remplacer une hégémonie par une autre. Le monde sera multipolaire ou ne sera pas.

    Il faudra bien que la vraie communauté internationale, celle qui représente l’écrasante majorité de la planète, demande des comptes à ceux qui ont entretenu et entretiennent cette entreprise de massacre et de destruction. L’éthique consiste d’abord à ne pas travestir le calvaire quotidien que vivent les Syriens par une désinformation et une manipulation systématiques des opinions.

    Plus que jamais, il faut rappeler l’évidence et ce que commande la légalité. C’est aux Syriens et à eux seuls qu’il appartient de décider de leur destin en toute souveraineté et en toute indépendance. Les dirigeants étrangers, de Washington, de Paris, de Londres, de Riyad, de Doha ou d’Ankara, n’ont aucune légitimité pour le faire à leur place.

    En tout cas, il est grand temps que l’on remette le monde d’aplomb, que l’on cesse d’invoquer « le Bien » pour justifier la turpitude et l’injustice, et que l’on cesse d’invoquer les droits de l’homme pour asservir les peuples…Il est urgent que la stabilité et la paix reviennent en Syrie et dans le Grand Moyen-Orient, que la voix de la diplomatie se substitue au fracas des armes et que les va-t-en guerre cessent de faire la loi.

    xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx

    En fait, je viens de décrire et commenter mon ouvrage « Tempête sur le Grand Moyen- Orient », publié à Paris aux éditions Ellipses il y a deux mois, et qui devait être présenté dans une seconde intervention. Je compléterai par quelques précisions et remarques.

    Il est important de souligner que ce livre a été achevé et mis à jour vers la fin septembre 2014 : les développements postérieurs (les six derniers mois) ne sont pas pris en compte.

    Pourquoi le « Grand Moyen-Orient » ? C’est pour, j’allais dire, rendre un hommage à ma façon à George W. Bush, qui a réussi à endosser la paternité de ce concept créé par les géostratèges néoconservateurs américains.

    « Extensible au gré des pulsions américaines, le Grand Moyen-Orient s’étend désormais de l’Atlantique à l’Indonésie, sur plus de 50 degrés de latitude. En raison de sa position stratégique aux confins de l’Eurasie autant que par sa richesse en gaz et pétrole, cette immense « ceinture verte » islamique détient un potentiel de puissance considérable et constitue un enjeu majeur. De son devenir, mis en question par la tempête actuelle, dépend en bonne partie la physionomie de notre monde de demain : sera-t-il unipolaire, aux ordres de l’Occident comme il l’a été depuis la fin de la guerre froide, ou multipolaire comme le préconisent les émergents (et d’autres) ? » Telle est la question posée (sur la couverture arrière du livre).

    L’enjeu est de taille : le monde à venir devra être plus équitable, plus juste, plus respectueux des diversités, en un mot multipolaire. Le monde arabe, le monde musulman est le théâtre de cet affrontement planétaire, et les pays qui en font partie en sont les acteurs, les pièces de l’échiquier. Ils ont tous trouvé leur place dans la « Tempête sur le Grand Moyen-Orient ». Si j’ai consacré deux chapitres (sur quatorze) et fait de fréquentes références à la guerre de Syrie, c’est qu’elle cristallise tous les aspects de l’enjeu global mentionné ci-dessus, à savoir le devenir de notre monde à tous, dans le respect de la légalité internationale et de l’égalité souveraine de tous ses Etats.

    Il m’a paru nécessaire de replacer ces événements qui agitent le monde, ses politiques, ses diplomates, ses militaires, ses intellectuels et ses médias dans leur contexte universel. En effet, ceux qui veulent interdire toute compréhension des faits (et ils sont nombreux), s’appliquent à « saucissonner » les problèmes, à les retirer de leur contexte, à en escamoter les tenants et aboutissants, notamment au plan géopolitique. J’ai donc voulu offrir une grille de lecture plausible des évènements actuels, dans leur cadre historique, géographique et géopolitique. Pour être recevable et crédible, une thèse doit satisfaire à plusieurs conditions :

    –              Etre honnête et ne comporter ni erreurs grossières, ni falsification des réalités

    –              Avoir une logique intrinsèque et une cohérence interne

    –              Rendre compte globalement de l’ensemble des faits et des situations, de leur déroulement et de leur enchaînement.

    A l’auditoire de décider si l’approche dont j’ai fait état répond à ces critères, aux lecteurs de voir de voir si « Tempête sur le Grand Moyen-Orient » rend compte de l’ensemble des faits et de leur enchaînement en ce qui concerne le passé, le présent et même l’avenir (tel qu’il s’est déroulé durant les six derniers mois).

     Michel Raimbaud, ex-Ambassadeur (retraité)

    http://reseauinternational.net/syrie-en-route-pour-un-nouvel-ordre-mondial/

     

    État islamique : le génocide dont l’Occident est complice

    État islamique : le génocide dont l’Occident est compliceComment a-t-il été possible de déposer Saddam Hussein en quelques semaines et Mouammar Kadhafi en quelques mois alors que l’État islamique ne subit que des défaites épisodiques, voire quand il ne remporte pas de franches victoires ? En moins d’une semaine sont tombées Ramadi, une des capitales de province d’Irak, et Palmyre, cette oasis au nord-est de Damas qui abrite les ruines monumentales d’une grande ville qui fut l’un des plus importants foyers culturels du monde antique.

    Combiner ces deux fronts et l’emporter à chaque fois aura été un véritable coup gagnant pour le calife autoproclamé Abou Bakr al-Baghdadi. Arrêté presque par erreur en 2004, ce dernier passera dix mois dans les geôles étasuniennes en Irak avant d’être relâché. Il est aujourd’hui au faîte de sa gloire. Et même si ses djihadistes ont connu récemment des pertes après avoir engagé une majeure partie de leurs forces, ils ont aussi dispersé des adversaires plutôt coriaces : des milices chiites et le Hezbollah, qui soutiennent Bagdad et Damas, ont été soumis à une si rude épreuve que le premier ministre irakien Haïder al-Abadi est allé solliciter la Russie en vue de se faire livrer des armes au plus tôt.

    La situation urge en effet. Malgré les raids de la coalition dirigée par les États-Unis, l’État islamique a repris plus de la moitié du territoire syrien, soit près de 90.000 km2. L’Oncle Sam, après l’invasion de 2003, n’a en fait jamais contrôlé l’Irak. Il s’est contenté d’assurer la surveillance du territoire, sans jamais véritablement sortir des casernes ou de la fameuse Green Zone. Concrètement, les Occidentaux ont disparu du paysage de l’ancienne Mésopotamie, laissant prospérer le chaos qu’ils ont contribué à instaurer. Les djihadistes terrorisent aujourd’hui non seulement les populations mais administrent des villes entières comme Raqqa, extrayant même du pétrole tout en en faisant commerce. Falloujah est à ce titre devenue un symbole pour l’État islamique. C’est là en effet que tout a commencé pour ce dernier. Il y gère tous les aspects de la vie quotidienne. Les djihadistes ont mis en place une administration, une justice. Les rues sont nettoyées tous les jours… L’organisation dirigée par Abu Bakr el-Baghdadi a le sens de l’organisation. Elle fournit ainsi des denrées de première nécessité aux commerçants comme la farine ou le riz pour les vendre à des prix cassés. Elle aurait également mis en place un système pour payer les propriétaires de générateurs électriques, assurant de facto le courant dans les quartiers de la ville qui en étaient jusque-là privés. Ce modèle serait appliqué dans toutes les zones syriennes et irakiennes tombées sous le contrôle de l’EI, signe d’une volonté de rassurer et de gagner la sympathie des populations locales et des plus démunis. Les djihadistes peuvent en effet se permettre ces largesses… car ils sont riches. Selon les estimations des services de renseignement américains rendues publiques en septembre 2014, l’État islamique engrangerait jusqu’à trois millions de dollars quotidiennement, ce qui en fait l’une des organisations terroristes les plus riches de l’histoire.

    Magnanimes d’un côté, les djihadistes sont impitoyables de l’autre. L’État islamique pourrait ainsi avoir commis des crimes contre l’humanité, crimes de guerre et de génocide en Irak, selon un rapport de l’ONU publié fin mars. Ce rapport dit avoir les preuves qui « suggèrent fortement » que l’EI a perpétré un génocide contre la communauté yézidie avec l’intention de la détruire en tant que groupe. Ce n’est pas tout : les disciplines du calife al-Baghdadi ont également infligé un traitement brutal à d’autres groupes ethniques, indique le rapport, notamment les chrétiens, les Kurdes et les Mandéens.

    S’il existait vraiment un choc des civilisations entre l’Occident et le monde islamique, on pourrait dire que les Américains et les Occidentaux seraient tombés à pieds joints dans le piège tendu par l’État islamique et ses alliés sunnites (lesquels comprennent les monarchies du Golfe et la Turquie).

    Loin de faire plier le djihadisme, les guerres menées par l’Occident depuis l’ère Bush l’ont au contraire renforcé en multipliant ses foyers. Le mode d’action militaire n’est pas remis en cause alors que ses fréquents dégâts collatéraux attisent la haine à l’égard de ceux qui bombardent. Ces guerres contre le terrorisme s’attaquent aux effets et non aux causes. Personne ne songe à fonder cette lutte sur les origines du djihadisme, ni sur les raisons qui le perpétuent, pas plus que ne sont vraiment remis en cause ces alliés qui instrumentalisent le djihadisme ou qui en font le lit. Les pressions sur l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie, lorsqu’il y en a, sont insuffisantes ou trop timorées. Les États-Unis et l’Europe ont quasiment laissé agir leurs alliés régionaux, comme en Syrie où le principal soutien concret à la rébellion a été celui de ces acteurs régionaux, concourant ainsi à la prédominance des groupes islamistes et djihadistes. Et les Occidentaux reprochent aux rebelles encore «  modérés  », très affaiblis, leur coordination sur le terrain avec le Front al-Nosra.

    Loin d’avoir un regard objectif sur la situation, Washington continue de se méfier de l’Iran tout en vouant une confiance pour le moins totale dans la monarchie saoudienne. C’est entre les colonnes de Palmyre, qui n’avaient jamais connu de destruction importante en trois mille ans, que se déroule aujourd’hui une véritable tragédie : une sorte de génocide culturel, historique et humain dont l’Occident est beaucoup plus complice que victime.

    Capitaine Martin

    http://www.resistance-politique.fr/etat-islamique-le-genocide-dont-loccident-est-complice/

     

    Yémen : Erreur stratégique de l’Arabie Séoudite et faute contre le berceau de l’arabisme

    Publié par Gilles Munier sur 24 Juin 2015, 08:28am

    Catégories : #Yémen

    Yémen : Erreur stratégique de l’Arabie Séoudite et faute contre le berceau de l’arabisme

    Par Alain Corvez (15/6/2015)*

    Le 26 mars dernier, en déclenchant des frappes aériennes meurtrières sur le Yémen, sans

    l’autorisation d’aucune organisation internationale et même, selon toute vraisemblance, sans en référer à son grand allié d’outre-Atlantique, l’Arabie Séoudite a entamé une agression contre un pays membre de l’ONU qui n’a déclenché aucune dénonciation du viol du droit international dans le camp atlantique, alors que la Russie et la Chine ont attiré l’attention du Secrétaire Général de l’ONU sur les dangers et les drames que ces frappes aériennes décidées unilatéralement provoquaient.

    Les Etats-Unis, mis devant le fait accompli, ont dû rapidement réagir en soutenant leur allié mais le général Lloyd Austin, chef du commandement central à Washington, reconnaissait fin mars qu’il ne connaissait pas les buts de guerre ni les cibles à atteindre. Depuis, le soutien américain se limite à du renseignement, faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, pour ne pas perdre la face. Il est clair qu’au moment où ils sont prêts de signer un accord avec l’Iran, ils veulent, là encore, assurer leurs alliés du Golfe, et sans doute aussi Israël, qu’ils ne les abandonnent pas.

    Mais tous les experts stratégiques savent que ces frappes qui détruisent l’infrastructure d’un pays pauvre, tuant des civils innocents , privant les populations des moyens élémentaires de vivre, notamment de l’eau en détruisant des barrages, ne mèneront à rien et qu’elles ne font que faciliter la tâche d’Al Qaïda qui avait été chassé de nombreuses positions par les rebelles. La guerre que voudrait faire l’Arabie, avec le soutien de ses alliés du GCC, pour remettre au pouvoir son protégé qu’elle accueille chez elle, Abed Rabo Mansour Hadi, ne peut être gagnée que sur terre, ce qu’elle est incapable de faire. D’autant plus que des révoltes à l’intérieur de ses frontières la menacent désormais.

    Les rebelles Houthis alliés de l’ancienne armée du Président Saleh, qui avait accepté de se retirer du pouvoir, dans la foulée des révoltes arabes initiées en 2011, avec un compromis politique, ont montré qu’ils savaient faire la guerre et possédaient des chefs aux connaissances stratégiques sans commune mesure avec leurs opposants. Les bombardements des provinces frontalières au sud de l’Arabie, d’ailleurs historiquement contestées, qu’ils ont déclenchés en représailles aux frappes aériennes sont efficaces et les seules frappes aériennes n’en viendront pas à bout.

    L’Arabie veut voir dans les Houthis des chiites d’Iran, ce qui est totalement faux, mais elle reprend ainsi le discours de Netanyahou à Washington, pour caricaturer son action comme une défense des sunnites de la péninsule contre les ambitions iraniennes, alors que ce conflit n’a rien à voir avec une rivalité religieuse.

    Les négociations engagées à Genève ont peu de chances d’aboutir à un accord tant que l’Arabie restera sur sa position pourtant intenable longtemps, surtout si la situation sur le terrain se détériore et si les Etats-Unis devaient les ramener à la raison. Elle ne peut pas gagner cette guerre qui résulte des rivalités internes à la famille royale et ne s’en sortira qu’humiliée mais après avoir commis des crimes contre un pays qu’elle a agressé parce qu’elle se sent acculée du fait de la distance prise par son grand allié depuis 1945. A partir du 30 juin, si l’accord nucléaire avec l’Iran est signé, les forces en présence ne seront plus les mêmes au Moyen-Orient.

    *Alain Corvez est conseiller en stratégie internationale.

    Photo : Alain Corvez

    Bombardement séoudien de Sanaa (classé par l’UNESCO au Patrimoine mondiale de l’Humanité) :

    AVANT.... APRES

    http://www.france-irak-actualite.com/2015/06/yemen-erreur-strategique-de-l-arabie-seoudite-et-faute-contre-le-berceau-de-l-arabisme.html

     

    Yémen : Erreur stratégique de l’Arabie Séoudite et faute contre le berceau de l’arabisme

    votre commentaire
  •  

    Mikheil Saakachvili renonce à la nationalité géorgienne

     
    | 2 juin 2015
     

     

    Mikheil Saakachvili, qui fut président de Géorgie de 2004 à 2013, a renoncé à ses citoyennetés géorgienne et états-unienne et a adopté la nationalité ukrainienne. Il a été immédiatement nommé gouverneur d’Odessa par le président Petro Porochenko.

    Ancien ministre de la Justice du président Chevardnadze, il démissionna en 2001, fut élu président de la Chambre en 2002, et président de la République à la faveur de la « révolution des roses ».

    Formé aux Etats-unis, venu au pouvoir grâce à un soulèvement orchestré par la CIA, il lança dès son élection une purge contre les anciens collaborateurs du président Chevardnadze, se rapprocha des États-Unis et d’Israël et soutint toute action anti-Russe.

    En 2008, alors que son ministre de la Défense était un israélien et son ministre des Territoires était un britannique, il loue deux aéroports militaires à Israël pour que Tel-Aviv puisse aisément bombarder Téhéran, puis attaque l’Ossétie du Sud durant les Jeux Olympiques. La Russie riposte en bombardant les deux aéroports militaires, puis en libérant l’Ossétie du Sud et en reconnaissant ce nouvel État.

    Élu pour son programme anti-corruption, il partira dans une succession de scandales.

    La nomination de Mikheil Saakachvili comme gouverneur d’Odessa doit se comprendre comme une menace à l’encontre de la Russie. En effet, Odessa est le port frontière permettant à la Transnistrie (État pro-Russe non-reconnu) de fonctionner. Il aura donc la possibilité de bloquer son économie.

    Mikheil Saakchvili avait été précédé par son ancienne ministre de l’Intérieur, Ekaterin Zgouladze, qui avait également renoncé à sa citoyenneté géorgienne pour devenir vice-ministre de l’Intérieur d’Ukraine, le 14 décembre 2014. L’époux de Mme Zgouladze, Raphaël Glucksmann (fils de l’essayiste at agent états-unien André Glucksmann), est conseiller de M. Saakachvili.

    http://www.voltairenet.org/article187777.html

     
     
    S’approprier un port, faire une guerre et provoquer une famine

    Les objectifs des USA et les tâches qui attendent Saakashvili à Odessa

    par Simon Uralov

    La nomination comme gouverneur d’Odessa de l’homme qui provoqua la guerre de Géorgie, ruina son pays et abandonna sa nationalité, étonne même ceux qui sont habitués au cynisme politique. Simon Uralov analyse la mission que l’on a pu confier à ce criminel en fuite.

    | Moscou (Russie) | 13 juin 2015
     
    JPEG - 45.8 ko
    Le président ukrainien Petro Porochenko présente à la population d’Odessa son nouveau gouverneur : l’ancien président géorgien, Mikheil Saakashvili.

    Le président fuyard de Géorgie, Mikheil Saakashvili, a été nommé gouverneur de la région d’Odessa avant d’être, aujourd’hui, officiellement présenté à ses habitants [1]. Il remplacera désormais l’oligarque Igor Kolomoïski, qui occupait le poste de gouverneur de l’oblast de Dnipropetrovsk. À la suite de cette décision, l’oligarque ukrainien a fait la remarque cinglante que, peut-être, « Saakashvili cèdera Odessa aux Russes et qu’ensuite il nous faudra la reconquérir » .

    Il est vrai que le conflit pour le pouvoir entre deux des hommes les plus riches et influents en Ukraine, Porochenko et Kolomoïski, a bien lieu d’être. Sauf que cette rivalité n’a désormais qu’une importance mineure, car la nomination de Saakashvili marque la base de projets de grande envergure. Les conflits d’intérêts Porochenko-Kolomoïski passent désormais au second plan.

    Le but final de toute la crise ukrainienne et du « projet Euromaïdan » est d’entraîner la Fédération de Russie dans un conflit militaire. Si, au Donbass, la Russie a su éviter d’interférer directement dans la crise, et que l’armée des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk a su stopper l’agresseur de Kiev, il est moins sûr que la région aux environs de la mer Noire bénéficie d’une telle chance.

    Au premier plan, nous y trouvons la Transnitrie, une petite république moldave dont le territoire n’est autre qu’une fine bande de terre d’une longueur de 200 km, ne possédant ni frontière commune avec la Russie, ni ouverture sur la mer, et où vivent plus de 200 000 citoyens de la Fédération de Russie [2].

    La position géographique de la Transnitrie rappelle celle de l’Ossétie du Sud, au détail près que la Transnitrie est encerclée de toutes parts.

    La nomination de Saakashvili au poste de gouverneur de l’oblast d’Odessa, voisin frontalier de la Transnitrie, va dans la continuité du projet de bloquer la petite république moldave rebelle. En parallèle du cas de la Transnitrie, se règle la question du blocus des terres appartenant au district autonome de la Gagaouzie, lui aussi frontalier de l’oblast d’Odessa.

    La deuxième tâche qui attend Saakashvili est la sauvegarde de la monopolisation des ressources économiques ainsi que la pression sur la dissidence, et ce, pour la simple raison qu’Odessa était et demeure une des villes non envahies par l’idéologie pro-européenne de Maïdan. Il est évident que les ports de l’oblast d’Odessa restent des éléments clés en matière de communication et de transports militaires pour l’Ukraine. Surtout en ce qui concerne l’importation d’armements provenant des USA et l’exportation de céréales, de vivres, d’engrais ainsi que de production métallurgique. Dans le cas d’un scénario d’intervention militaire, le port deviendrait un point d’entrée stratégique pour les troupes étrangères et les mercenaires issus des sociétés militaires privées.

    C’est pourquoi il est judicieux de nommer les tâches qui attendent le citoyen Saakashvili au poste de gouverneur de l’oblast d’Odessa.


    - Sur le plan géopolitique :
    bloquer complètement la Transnitrie, commencer une guerre dans la région contre elle, et pourquoi pas, contre la Gagaouzie.


    - Sur le plan politico-économique :
    • finaliser la privatisation des ports dans l’intérêt des grandes sociétés états-uniennes, en écartant l’oligarchie locale, qui pensait jusqu’ici prendre part au processus ;
    • organiser le transport de céréales et de vivres par le port, ce qui peut par la suite provoquer une famine dans les territoires au sud de l’Ukraine d’avant Maïdan.


    - Sur le plan politique :
    • dissoudre de façon définitive tous les regroupements d’opposants au nouveau pouvoir, surtout au sein des médias et des conseils locaux ;
    • attirer de son côté une partie de l’élite locale et de la bourgeoisie en échange de biens appartenant à l’élite dissidente.
    - Sur le plan militaire :
    • rassembler et organiser les groupes de bandits issus des unions paramilitaires en un organe de répression effectif ;
    • épurer la milice de ses membres opposés au nouveau régime de Kiev.

    Saakashvili déteste assez la Russie et en particulier Vladimir Poutine pour que l’on s’attende à l’inattendu de sa part. Un dirigeant qui a déjà lancé une fois une guerre civile ne peut pas connaître de limites. De plus, aucun engagement privé, moral, historique ou familial ne le lie à Odessa ou à la Transnitrie.

    Les crimes que Saakashvili a commis chez les peuples d’Ossétie, d’Abkhasie et de Géorgie, sans jamais en être punis, vont indéniablement conduire à de nouveaux crimes. L’impunité de Saakashvili est devenue un exemple à suivre pour le pouvoir actuel en Ukraine.

    Prenons en une leçon de taille : un crime ne peut demeurer impuni, auquel cas il se répètera indéfiniment.

    Traduction
    Julia

    Source

    http://www.voltairenet.org/article187871.html


    votre commentaire