• 2022, ou 2021 ? Imaginons... (eva)

    ATHENA-DEFENSE

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    T 80 Russe

    Et si l'apocalypse l'an un n'était plus une hypothèse  ?

    8 4 21 https://www.athena-vostok.com/et-si-lapocalypse-lan-un-netait-plus-une-hypothese-1?btm_medium=email&btm_source=notifications&trck=notif-12938563-1456088-12HJu

     

    L’année 2022 était largement entamée, l’ensemble du Moyen-Orient et de l’arc méditerranéen avait basculé dans le chaos. L’armée russe après une campagne éclair occupait l’ensemble du Donbass, les oblasts de Donetsk et de Louhansk et la partie est de l’Ukraine. La maitrise du ciel ayant été acquise par des bombardements préventifs et ciblés, l’aviation ukrainienne avait été soit détruite soit clouée au sol, soit paralysée par des attaques électroniques.  

    Les colonnes blindées appuyées par une artillerie pléthorique et puissante, par des essaims de drones tueurs et des munitions rodeuses et préalablement éclairées par des éléments spetsnaz, s’étaient arrêtées à une soixantaine de kilomètres de Kiev sur une ligne approximative passant par Chernihiv – Brovary- Uman et Odessa. 

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    T 64 Ukrainien

    L’Occident avait réagi en envoyant une série d’ultimatum à Moscou pour faire cesser son avancée et avait menacé d’une frappe nucléaire sur les éléments de commandement russe qui avait immédiatement répondu que toute frappe nucléaire serait suivie de riposte de même niveau sur le territoire européen.  La Chine, dans l’attente d’une analyse plus poussée de la situation, avait assuré, à titre provisoire, de sa neutralité.

    L’état d’urgence avait été décrété par l’ensemble des pays européens, rendant impossible les mouvements sur les territoires et toutes les liaisons aériennes furent interrompues. Les super- marchés, les pharmacies, les commerces de vêtements chauds étaient pris d’assaut par des populations apeurées et de nombreux pillages et incidents graves étaient signalés un peu partout dans les territoires. 

    La Turquie avait décrété la mobilisation générale, les réservistes avaient été rappelés partout en Europe et les troupes placées en alerte maximale.

    Ainsi, la Russie avait franchi la ligne qu’elle s’était fixée, répondre aux provocations occidentales et donner suite au feu vert donné à l’Ukraine pour son entrée dans le saint des saints, le graal des pays faibles, l’OTAN. Certains se demandaient si la crise sanitaire du covid qui avait duré plus de deux ans et dont les conséquences sociales étaient catastrophiques n’étaient pas un élément déterminant pour précipiter ce monde dans le chaos.  

    Plus localement, l’Ukraine avait crié à l’agression tout en ayant répondu à des « provocations » russes dans le Donbass et détruit en vol un Sukoï russe qui aurait violé l’espace aérien et en mer Noire un navire hydrographique russe aurait été coulé au large de la Crimée  par un missile à l’origine non identifié.   

    Une division blindée de la garde était déployée à la frontière géorgienne au sud. L’équivalent d’une armée blindée, la 3° armée de choc récemment recréée en souvenir de la grande guerre patriotique et de sa présence en RDA jusqu’en 1992, menaçait la Roumanie et la Moldavie à l’ouest si celles-ci ne se retiraient pas de l’alliance atlantique à laquelle elles avaient adhéré, l'une en 2014 et l’autre en 2018.

    La Chine profitant du déséquilibre à l’ouest avait prononcé un ultimatum contre Taïwan après la reprise en main de Hong Kong et avait débarqué sur les îles Spratleys, les îles Paracels, les îles Pratas, le récif de Scarborough et le banc Macclesfield en mer de Chine.

    En Roumanie, les renforts américains affluaient dans le port de Constanta. La Pologne avait mobilisé en masse et réclamait à cor et à cri un débarquement américain.

    La France, comme l’Allemagne avaient décidé d’envoyer chacune une brigade blindée en Pologne en puisant sur ses maigres réserves et une escadre de bombardiers et d’intercepteurs sur les bases de Gdynia et d’Olsztyn en Pologne. 

    A l’Assemblée nationale française, l’opposition qui avait participé à l’affaiblissement des armées françaises demandait pourquoi nous ne possédions qu’un seul porte-avions et de 6 sous-marins d’attaque nucléaire, 4 opérationnels en réalité, l’un étant en arrêt technique majeur et l’autre en cours de reconstruction.

    Le chef d’Etat-major des armées avait démenti la rumeur selon laquelle à cause de ruptures d’approvisionnement en munitions et en missiles ainsi qu’en pièces détachées une partie du potentiel des armées était inopérant. 45 pour cent des intercepteurs, hélicoptères de combat et chars étaient soit cloués au sol soit indisponibles. Pire encore, on prenait conscience de la faiblesse de nos effectifs et de nos moyens. Aucun pays européen n’était à l’abri d’un raid aérien massif mixtes missiles, bombardiers et drones tueurs.

    Au large de Brest, on signalait un essaim de sous-marins nucléaires d’attaque russes dont la mission évidente était de paralyser la sortie de nos SNLE démontrant ainsi notre faiblesse en nombre de frégates anti-sous-marines et anti-aériennes.

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    SNLE français 

    La base de l’île Longue abrite les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Force océanique stratégique.© ARCHIVES OUEST-FRANCE/THIERRY CREUX 

     

    La situation en Allemagne était similaire, tout comme au Benelux. Seule l’Italie parvenait à maintenir en Méditerranée un semblant de puissance navale mais des manifestations pacifistes poussaient à la neutralité, à Rome, Milan et Turin.

    Les Etats-Unis débarquaient des renforts en matériels et en logistique à Gdansk. En représailles, la Russie avait décrété la moitié de la mer Noire comme zone exclusivement réservée au déploiement de sa flotte et le Bosphore comme zone de libre accès. Toute tentative de contrôle du Bosphore par l’Otan serait considérée par la Russie comme casus belli.  Les navires américains, britanniques et turcs se croisaient donc en Mer Noire avec le risque constant de déclencher des incidents majeurs.    

    L’Allemagne, après de nombreuses controverses, avait décidé d’augmenter son budget de la défense à 2,5% du PIB tout comme la France, l’Espagne et l’Italie, ce qui était un leurre compte tenu de l’effondrement du PIB de l’ensemble de ces Etats et de toute façon beaucoup trop tardif.  La Grande-Bretagne avait demandé aux EU de déployer des missiles nucléaires tactiques sur son sol et ouvert ses bases aux B52.       

    Les faucons du congrès américains appuyés par William Joseph Burns, le tout nouveau patron de la CIA nommé par Biden, et les lobbies de l’armement poussaient à crever l’abcès en entrant dans une confrontation majeure en Europe.  A la Maison Blanche, on soufflait le chaud et le froid tout en estimant la situation proche du cataclysme ultime.   Le monde occidental prenait conscience de sa faiblesse, l’apocalypse l’an un n’était plus une hypothèse.

    L’agit-prop, les attaques informatiques menées par des hackers, les fausses informations, la logorrhée des chaines d’information en continue, prenaient le pas sur toute tentative d’analyse objective de la situation.

    Le monde politique était partagé entre les radicaux prêts à l’affrontement, les conciliateurs tenant du règlement diplomatique envers et contre tout et les analystes conscients de notre incapacité à tenir plus de huit jours si une affrontement majeur devait avoir lieu.

    Parmi ceux-ci de nombreux généraux tenus au devoir de réserve mais qui en aparté confiaient leur désarroi.

    D’ailleurs, les sondages non diffusés en France indiquaient que le pourcentage de  partisans russophile comprenant ou excusant, voire encourageant l’intervention de Poutine était à 50%, et de 15% en Allemagne.  

    En pleine campagne présidentielle, Marine Le Pen jouait la carte de l’apaisement et Macron, en qui plus grand monde n’avait confiance depuis les déconvenues de la lutte contre la covid, s’agitait en faisant croire à son influence tout en se rangeant derrière l’Allemagne, payant ainsi ses reculades incessantes au nom d’un européanisme sectaire déconnecté du monde réel.    

    Après 74 ans de guerres et de conflits périphériques incessants et d’illusions de paix en Europe, la situation chaque jour filait vers la chute d’un empire en lambeau,  dont cette fois-ci le monde occidental ne pourrait se relever.

    L’Asie et le monde arabo-musulman attendaient sa revanche, nous étions mûrs pour cette disparition que certains appelaient de leur vœux.

    Et puisqu’il fallait mourir que cela vienne vite !

    Une frange infime de la population se préparait à la résistance….

    A suivre.

    Je rappelle que l'objectif de mes billets est celui de provoquer le débat, en respectant l'opinion de chacun.  Cela est respecté dans 99% des cas. Je vous remercie tous de continuer dans ce sens. R.Pi


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    Des Balkans à la Baltique: faut-il s’attendre à un conflit Otan-Russie?

    Par Alexandre Lemoine

    Mondialisation.ca, 12 février 2021
    Observateur continental

    Région : États-Unis, L'Europe, Russie et CEI

    Thème: Guerre USA OTAN, Militarisation


    Cette année, deux machines de guerre gigantesques, l’Otan, d’une part, et la Russie et la Biélorussie, d’autre part, entreront en mouvement pour s’élancer l’une en direction de l’autre pratiquement de front. Ce scénario militaro-politique dans littéralement quelques mois est déjà exposé dans les plans des QG des dizaines de pays, et il est pratiquement inéluctable.


    Le général américain Tod Wolters, commandant des forces de l’Otan en Europe, a fait part de l’envergure des manœuvres prévues – Defender Europe 2021.


    Les plus importantes manœuvres de l’Alliance en 2021 se tiendront en mai-juin sur le territoire de 12 Etats des pays baltes au nord jusqu’à la péninsule des Balkans au sud. A Defender Europe 2021 participeront près de 31.000 hommes de 26 pays membres et partenaires de l’Otan.


    En prévision des exercices les Etats-Unis projetteront un grand contingent depuis la partie continentale du pays en Europe.


    Selon le plan initial, ces exercices devaient être d’une moindre ampleur compte tenu des manœuvres Defender Pacific 2021 prévues pour cette année dans l’océan Pacifique. Le report de ces dernières à 2022 a permis d’accroître le nombre de participants européens aux exercices Defender. De plus, à cela a contribué la décision d’annuler le retrait d’Allemagne de 12.000 soldats américains.


    De leur côté, Minsk et Moscou ont déjà entamé la préparation des manœuvres stratégiques de commandement conjointes Ouest 2021 sur le territoire biélorusse.


    Trop de choses montrent que nous n’assistions à rien d’autre qu’au scénario le plus probable d’une grande guerre sur le continent. En d’autres termes, d’une Troisième Guerre mondiale.


    Le journal polonais Polityka dans un article intitulé « La Pologne devra maîtriser ses nerfs en observant la confrontation entre l’Otan et la Russie » écrit à ce sujet ceci: « Defender Europe 2021 et Ouest 2021 vont pratiquement s’effleurer. Et bien qu’on les qualifie de « simples manœuvres », comme nous l’avons déjà vu, elles seront orientées sur des ennemis concrets. Les Etats-Unis avec l’Otan s’entraîneront forcément une nouvelle fois à défendre le flanc Est contre la Russie, alors que cette dernière avec la Biélorussie préparera un exercice de contrattaque ».


    Comment les généraux des deux côtés perçoivent-ils le scénario de ces activités gigantesques de par le temps et l’espace?


    L’Otan a l’intention de placer ses troupes en état d’alerte en mai et en juin. Du moins, dans un premier temps les principales activités, telles que Bruxelles et Washington les imaginent, se dérouleront en Europe de l’Est au bord de la mer Noire et de la Méditerranée. Dans ce cas, il serait logique de supposer que la mèche de la Troisième Guerre mondiale serait allumée par l’Ukraine, qui se consume depuis longtemps.


    La veille ou immédiatement après le début des événements tragiques les Etats-Unis entameront la projection de leurs forces par l’aviation et la mer (via la Grèce et les ports dans la mer Adriatique) dans les Balkans: en Croatie (le polygone de Slunj), en Bosnie-Herzégovine (polygone de Manjaka) et en Macédoine du Nord (polygone de Krivolak). Une partie des exercices est également prévue au Monténégro, au Kosovo et en Albanie. En Bulgarie et en Roumanie auront lieu des manœuvres de défense antiaérienne et des tirs de missiles sol-sol. Une grande partie des manœuvres se déroulera en Hongrie, qui servira de ligne arrière de la « guerre ».


    Avec les troupes des alliés de l’Otan, au sud du continent, aux exercices participera la 82e division aéroportée des Etats-Unis, qui sera projetée depuis la base américaine de Fort Bragg par l’aviation de transport militaire. De plus, dans une bataille d’entraînement dans les Balkans participera la 173e brigade aéroportée américaine (stationnée à Vicence, en Italie) et la 53e brigade d’infanterie de la Garde nationale de Floride. Ainsi que des unités plus réduites.


    En parallèle des tirs retentiront bien plus au nord, en Pologne. Personne ne cache que l’objectif de l’Alliance consiste à travailler une offensive contre Kaliningrad et la base de la flotte de la mer Baltique. Ce qui affectera forcément la Biélorussie.


    Selon le plan de Defender Europe 2021, avec des chars Abrams et des véhicules de combat d’infanterie Bradley de la 1ère division de cavalerie, la 33e division d’infanterie italienne participera à « l’assaut » de Kaliningrad. Ainsi que des forces d’appui comprenant la 12e brigade d’aviation militaire (déployée depuis mars 2013 en Bavière, Allemagne), la 41e brigade d’artillerie avec des lance-roquettes multiples M270 (qui attend son heure depuis 2018 en Bavière), ainsi que la 372e brigade de génie (Minnesota).


    Si ces forces ne suffisaient pas, les Etats-Unis pourraient également envoyer en Estonie une autre brigade aéroportée. Cette éventualité a été annoncée l’été dernier par le commandant des forces américaines en Europe Christopher Cavoli.


    L’ampleur de ce plan et le coût exorbitant des jeux militaires à venir de l’Alliance près des frontières russes sont impressionnants.


    Les experts supposent que Moscou réagira en organisant toute une série d’exercices sur l’axe stratégique occidental. Le point culminant sera le lancement de missiles intercontinentaux sur le polygone de Koura au Kamtchatka.


    Quel est le plus grand danger dans ces deux scénarios? Etant donné que des batailles d’entraînement se dérouleront dans une zone sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale des Balkans à la mer Baltique, et que ces événements impliqueront des centaines de milliers de personnes sur tout le continent et une grande quantité de matériel militaire, la probabilité d’accidents fatals montera en flèche. Qui plus est au vu des contacts mutuels pratiquement suspendus entre les militaires à Moscou, à Bruxelles et à Washington. Par conséquent, la probabilité de la dernière guerre pour l’humanité augmente elle aussi. Alors que personne des deux côtés de l’Atlantique ne semble la souhaiter.


    Alexandre Lemoine

    La source originale de cet article est Observateur continental
    Copyright © Alexandre Lemoine, Observateur continental, 2021

     

    https://www.mondialisation.ca/des-balkans-a-la-baltique-faut-il-sattendre-a-un-conflit-otan-russie/5653617

     

     


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    Lettre ouverte à l’Amiral Christophe Prazuck,

    chef d’état-major de la Marine

     

     

    Monsieur,

    Je vous écris pour vous faire part de mon indignation, si ce n’est de ma révolte la plus totale en ce qui concerne le silence des armées, et particulièrement de notre État-major, concernant les trahisons en cours actuellement au sommet de l’État. Il me semble cependant opportun en préambule – puisque vous incarnez à vous seul tout un pan de la dissuasion nucléaire française – de rappeler la tradition française concernant la stratégie de défense voulue par le Général de Gaulle, définie et portée en son époque, par le Général Charles Ailleret.

    Ce dernier en 1966, organise le retrait de la France du commandement intégré de l’OTAN, afin de permettre à notre pays, de rester indépendant dans la maîtrise de sa stratégie de défense en cas de conflit entre blocs alliés. J’oserais vous rappeler que les derniers plus grands conflits mondiaux dans lesquels la France a été impliquée (Guerre de Crimée, 1ère et Seconde Guerre Mondiale), découlent de la logique des alliances militaires qui ont verrouillé la destinée de millions de nos compatriotes à des volontés de guerre qui ne concernaient pas notre pays au premier chef.

    Aussi lorsque le Général de Gaulle en 1968, évoque le fait que notre dissuasion nucléaire doit être comprise comme une stratégie de défense « tout azimuts », il s’explique le 27 janvier de la même année devant les membres de l’institut des hautes études militaires de Paris de la façon suivante :

    « Je voudrais profiter de mon passage ici pour traiter de la stratégie qu’on a dit tout azimuts, dont on a parlé ces derniers temps. Nous faisons oui, un armement atomique. C’est un armement complètement nouveau, qui implique une refonte militaire et une refonte de puissance, sans comparaison avec tout ce que l’on a pu connaître auparavant. C’est une affaire de longue haleine. On ne le fait pas pour demain, mais pour des générations, dans un système de défense et de dissuasion complètement nouveau. Et dans ce long espace de temps, qui peut dire ce que sera l’évolution du Monde ? Dans 20 ans, qui gouvernera les États-Unis et avec quel système ? Qui gouvernera l’URSS ? L’Allemagne ? Le Japon ? … et la Chine ? Qui peut dire ce qui se passera en Amérique du Sud et en Afrique ? Personne sans aucun doute. En fonction de toutes ces incertitudes, nous faisons notre armement nucléaire. Et ce n’est pas la première fois dans notre histoire qu’il en est ainsi ! Vauban, en son époque, a fortifié toutes les frontières de la France, les Pyrénées, les Alpes, nos ports et même la Belgique. Nous sommes allés partout, nous avons fait la guerre partout, nous sommes entrés à Madrid, Berlin et Moscou. Nous avons fait la guerre en Europe, en Orient, en Amérique, en Asie. Il n’y a pas de raison que cette stratégie qui de tout temps nous a protégé contre tout, ne se perpétue pas. Par définition même, notre armement atomique doit être tout azimuts. Il faut que vous le sachiez, que vous le voyiez et que vos études et votre état d’esprit s’y habituent ».

    Monsieur,

    Si je suis bien conscient que nos « élites » politiques sont aussi capitulardes et enclines à l’esprit de trahison que celles qui ont trahi Napoléon III à Sedan alors que Gambetta venait de trouver des renforts dans l’Ouest de la France, ou encore celles qui ont accordé les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en vue de faire cesser les combats alors qu’un petit nombre de généraux et d’officiers étaient prêts à poursuivre la lutte, je ne me résous pas à considérer que notre commandement militaire soit en train de laisser l’État français être démantelé de sa puissance et des moyens de son indépendance, alors que « la Maison brûle ».

    Je ne prendrai appui que sur des questions militaires et diplomatiques les plus récentes pour en témoigner, tout en notant que le seul fait même d’être sous la tutelle de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, est en soi un ensemble d’atteintes considérables et intolérables à notre souveraineté et à notre indépendance nationale.

    Le 5 Juin 2014, un article du journal « Le Monde » nous alerte que M. Obama, président d’une puissance paraît-il « alliée » de la France, souhaite que nous suspendions (annulions) la vente de navires de type « Mistral » à la Russie. Outre les énormes capitaux engagés dans ce contrat, les milliers d’emplois dont il est question, ou encore les considérations diplomatiques sous-jacentes, cette vente avait été négociée moyennant des transferts technologiques, notamment sur des équipements radars dont la France avait la seule maîtrise technologique. Cette vente sera donc annulée par M. Hollande, ce qui outre porter gravement atteinte à nos relations diplomatiques avec une puissance alliée de deux guerres – et parfaitement fiable et utile à nos intérêts soit dit en passant – a permis à cette dernière de finalement jouir de l’acquisition de brevets et données qui ne pouvaient être concédés par la France que sous condition que la transaction soit honorée par les deux parties. A-t-on entendu un seul responsable militaire de haut rang s’indigner de la situation ? Sommes-nous les vassaux des Américains ou sommes-nous souverains sur nos affaires diplomatiques, militaires et commerciales ? N’y a-t-il pas des intérêts fondamentaux que nous nous devons de préserver ?

    Poursuivons Monsieur, avec la guerre subie par la Syrie. D’abord rappelons que nombre de terroristes ayant tué des centaines de nos compatriotes sur notre territoire se sont AGUERRIS EN SYRIE. Ce qui n’a pas empêché François Hollande, mais aussi par l’entremise du Secrétariat Général de Défense et de Sécurité Nationale, son Ministre des Finances de l’époque Emmanuel Macron, d’autoriser la livraison d’armes de guerre à des « rebelles » qui combattaient le gouvernement légitime syrien. M. Fabius, alors Ministre des Affaires étrangères, n’hésitait pas à dire à l’époque que le front Al Nosra faisait « du bon boulot » en Syrie. Je le martèle et vous le rappelle, des citoyens français ont été tués sur notre sol par des combattants que la France a soutenus et armés en Syrie. Cela relève du financement du terrorisme d’une part au sens de l’article 421-2-2 du Code Pénal, mais aussi purement et simplement de la haute trahison ! Y a-t-il eu un officier de haut rang pour s’indigner de ces « prises de décisions » par des politiciens félons ? Non, la grande muette est restée imperturbablement silencieuse. Y compris lorsque M. Hollande, puis plus tard M. Macron, en réponse à de pseudo-attentats chimiques attribués au gouvernement syrien sans même que des autorités internationales aient eu le temps d’investiguer et rendre un rapport d’enquête établissant de telles conclusions, ont engagé nos forces navales et aériennes dans une série de bombardements sur le territoire syrien. Non seulement ces opérations militaires violent expressément notre constitution, mais aussi l’article 2 de la Charte de l’ONU ou encore l’article 8bis des Statuts de Rome sur l’établissement de la Cour Pénale Internationale, qui dispose que :

    Aux fins du présent statut, on entend par « crime d’agression », la planification, la préparation, le lancement ou l’exécution par une personne effectivement en mesure de contrôler ou de diriger l’action politique ou militaire d’un État, d’un acte d’agression qui, par sa nature, sa gravité et son ampleur, constitue une violation manifeste de la Charte des Nations Unies

    Cela signifie Monsieur, que ce n’est pas seulement leur responsabilité qu’ont engagée Emmanuel Macron, François Hollande et leurs ministres dans ce crime. C’est la votre aussi ! Vous auriez dû refuser de contribuer à un tel crime, et vous ne l’avez pas fait !

    Poursuivons encore, car nous nous rapprochons de l’objet et de la conclusion de ce courrier. Malgré les incantations angéliques de nos politiciens, il n’y a pas, il n’y a jamais eu, et IL N’Y AURA JAMAIS « d’amitié franco-allemande ». Les Américains comme les Allemands ont des considérations parfaitement anglo-saxonnes sur la France. Du fait que nous représentons une puissance diplomatique et économique pouvant contrarier leurs propres desseins sur le monde, il s’agit pour l’Allemagne et pour les Etats-Unis de nous affaiblir par des prises de contrôle de notre outil industriel stratégique (Nexter, Alstom, etc), ou encore en jouant de la propension à trahir de nos politiciens sur les considérations diplomatiques. D’ores et déjà, veuillez expliquer aux sous-mariniers français qu’en cas de conflit futur avec les USA, les données relatives au bruit de cavitation et à la vitesse de nos SNA et SNLE ne sont plus inconnus des Américains (je vous félicite pour ne pas avoir donné votre démission à ce titre lorsque M. Macron a cédé la branche industrielle qui fabrique les turbines de nos SNLE à General Electric). Depuis le 22 Janvier 2020, nous avons cédé en outre à l’Allemagne, des pans entiers de notre indépendance militaire et diplomatique, en acceptant que nos politiques extérieures soient soumises aux considérations allemandes en vertu du Traité d’Aix la Chapelle ; en leur octroyant gratuitement une place conjointe au Conseil de Sécurité de l’ONU ; et que des Ministres Allemands puissent venir directement au sein même des plus hautes instances de l’État, participer à des réunions ministérielles concernant nos propres affaires intérieures. Depuis la collaboration sous le Régime de Vichy, jamais nous n’avions été si loin dans notre asservissement à l’Allemagne.

    Désormais, ces derniers ne cachent plus leur volonté de voir la France partager son outil de dissuasion nucléaire avec eux, et Macron, tel « un cabri », n’a pu s’empêcher de faire un discours avalisant cette requête allemande portée par le député Johann Wadephul, le 7 février dernier, à l’École de guerre à Paris :

    « Je souhaite que se développe un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective ».

    Combien d’officiers Monsieur, ont rappelé au TRAÎTRE Emmanuel Macron, que la stratégie de défense de la France, et en particulier sur le plan nucléaire, est « tout azimuts » et que nous avons eu par le passé suffisamment de guerres avec l’Allemagne, pour qu’il n’y ait absolument rien à négocier à ce sujet ?

    Combien Monsieur ?

    Depuis bien longtemps l’Armée aurait dû réagir à ces trahisons constantes de nos politiciens ayant débuté sous Jacques Chirac, et ayant crû nettement en puissance depuis l’ère Sarkozy jusqu’à nos jours. En mai 1958, des militaires de haut rang avaient « porté leurs couilles » face à la démagogie de nos politiciens, et avaient su leur rappeler, quelle institution porte réellement l’État et dispose dans les faits du « monopole de la violence légitime ». En Tunisie récemment, lorsque le peuple s’est insurgé contre son dictateur, c’est l’Armée qui a fait pression sur ce dernier pour qu’il s’en aille, en laissant la constitution de ce pays décider des autorités civiles de remplacement. En France, pendant que le peuple se fait matraquer et éborgner par un gouvernement qui le trahit sans cesse, que fait l’Armée ? RIEN !

    Pendant que le Gouvernement cède tous nos fleurons industriels les plus stratégiques à des puissances étrangères, que dit notre Armée ? RIEN !

    Lorsque le Gouvernement envisage désormais de partager notre dissuasion nucléaire avec l’Allemagne ou la Pologne, que fait notre Armée ? RIEN !

    Je croyais nos militaires plus pragmatiques, légitimement patriotes, et pour le moins plus soucieux de notre indépendance nationale que nos politiciens, mais visiblement, je me trompais. Même lorsque le Général de Villiers a donné sa démission au gouvernement, nos chefs de corps et officiers de l’État-Major ne se sont pas montrés solidaires.

    Alors que dans nos hôpitaux, les médecins donnent leur démission collectivement. Dans nos régies de transports ou dans la rue, les Français sont solidaires pour lutter contre une réelle tyrannie menée par des traîtres à la patrie. À l’inverse, notre Armée est finalement dirigée par une cohorte de capitulards qui sont en train de laisser nos politiciens dépecer l’État français par lambeaux tout entiers !

    C’est une honte ! Un scandale digne des heures les plus sombres de notre Histoire !

    Aussi Monsieur, à titre symbolique, je réclame votre démission pour restaurer la dignité de nos Armées, et particulièrement les corps ayant à charge de gérer la dissuasion nucléaire de la France. Je réclame le soutien de tous les officiers qui ont encore de l’honneur à votre démission. J’exige en tant que citoyen français, que la France reste LIBRE et INDÉPENDANTE pour les siècles à venir, et que « la grande muette » cesse de nous faire honte en n’étant pas capable de reproduire ce qu’elle a su faire durant l’année 1958.

    Nous sommes gouvernés par des TRAÎTRES, j’insiste à ce sujet et peux le justifier par des faits, et des références précises à du droit pénal et constitutionnel si nécessaire, et il est hors de question que le cœur régalien de la France continue de servir des félons en col blanc qui démolissent avec une ardeur pathologique, notre souveraineté et notre indépendance nationale.

    Cette lettre sera publiée en ligne et envoyée à différents médias, pour vous obliger moralement à prendre position.

    Pour faire valoir ce que de droit pour notre peuple,

    Sylvain Baron

    source : https://sylvain-baron.blogspot.com/2020/02/lettre-ouverte-lamiral-christophe.html

    https://reseauinternational.net/lettre-ouverte-a-lamiral-christophe-prazuck-chef-detat-major-de-la-marine/

     

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  • Le grand œuvre de Choïgou

    28 mars 2019

     

     

    Le grand œuvre de Choïgou

     

     

    Le texte ci-dessous, écrit avec chaleur et venu manifestement d’un officier ou ancien officier US, rapporte et commente un discours du ministre russe de la défense Choïgou, récemment prononcé devant la Douma d’État et mettant en évidence selon l’auteur la transformation radicale, révolutionnaire (peut-être dans un sens paradoxalement traditionnaliste dans certains domaines) de l’armée russe. On voit confirmé, par un avis autorisé, la puissante et très importante stature de Choïgou, un homme non exempt de spiritualité qui semble avoir conduit et achevé une refonte structurelle et psychologique complète de l’armée russe pour en faire qualitativement la première du monde, – tant du point de vue de l’équipement et des tactiques-stratégie, que du point de vue humain et psychologique…

    L’auteur, resté anonyme sous la signature du site du colonel Lang, Sic Semper Tyrannis (ou STT), est sans aucun doute un officier de l’U.S. Army, que nous devinerions comme proche du colonel Lang (lui-même de l’US Army, dans la Defense Intelligence Agency), et sans doute hors des cadres actifs comme Lang. En effet, beaucoup de choses, d’expressions, de sentiments, renvoient à la psychologie et à l’expérience du terrain, sinon à la nostalgie, d’un officier de forces armées terrestres. Ainsi sent-on, derrière une réelle admiration pour le chef et l’administrateur, une sorte de camaraderie de corps de l’auteur “STT” pour Choïgou désigné comme un homme de grande valeur, – sentiment somme toute très inhabituel de la part d’un (militaire) US pour un militaire russe, et d’autant plus précieuse pour la compréhension de l’attitude du Russe.

    Assault battalion of Russian army's engineer force conduct military exersizeOn part d’un très récent discours de Choïgou devant une commission de la Douma de la Fédération de Russie ; le sujet général en était l’état d’une armée russe complètement transformée et régénérée depuis la phase radicale lancée en 2013d’une démarche réformiste en cours depuis plus de quinze ans. L’auteur, s’appuyant sur une analyse du site SouthFront.org, qui en avait transcrit les principaux passages, constate qu’il en était resté à une première lecture au simple détail, en liste, des nouveaux systèmes d’armes mis en service.

    (On notera dans ce domaine des systèmes d’armes dont nous parlons très peu, une indication qui nous paraît nouvelle, concernant le missile sol-sol à courte (et nouvellement moyenne) portée SS-26 Iskander, qui joue et va jouer un rôle essentiel en Europe avec la fin du traité FNI. Il est signalé que ce missile normalement balistique dispose également d’une version “missile de croisière”, – vol normal, en général à très basse altitude, – et il est confirmé qu’il a opéré en Syrie : « L’Iskander peut tirer des ogives nucléaires et plusieurs types d’ogives classiques et dispose de multiples moyens de guidage, y compris une version de missile de croisière. Il a été testé avec succès en Syrie. »)

    A l’invitation du colonel Lang, “STT” a lu le discours d’une façon plus attentive et a découvert que c’était bien plus que cela : la réforme a transformé l’armement des armées russes,mais aussi les hommes, mais aussi le soldat russe lui-même. Il s’agit d’un ensemble de mesures dont le but commun est de rechercher une condition à la fois plus confortable, plus responsable et plus patriotique pour le soldat russe, à côté de toute la puissance que peuvent lui donner les différentes technologies nouvelles intégrées dans les forces.

    C’est un point d’autant plus important que la question du traitement des soldats russes, dans les dernières décades de l’URSS (notamment dans l’ère Brejnev), puis dans le désordre des années-Gorbatchev en même temps que la guerre en Afghanistan, puis enfin dans la catastrophe des années 1990, était devenue centrale dans l’appréciation des capacités militaires. Les conscrits étaient traités d’une façon épouvantable, avec très souvent des traitements de brimade sinon de torture de la sorte que peuvent endurer des prisonniers de droit commun, avec souvent des décès ou des suicides du fait de ces traitements, au point où des mères de conscrits se constituèrent en association pour défendre leurs enfants. Le moral et donc la capacité de combat étaient bien entendu à mesure, alors que le corps des officiers, mal payé ou même privés de traitement pendant ces années de désordre, était caractérisé par une corruption extraordinaire et un affaiblissement à mesure là aussi de l’autorité et des responsabilités de commandement.

    Cet épisode dramatique a été largement pris en compte par le réformiste Choïgou, qui a détaillé diverses mesures, y compris au niveau des technologies nouvelles, permettant d’améliorer considérablement le sort et les capacités des soldats, en même temps que l’armée a été considérablement “professionnalisée” avec actuellement deux tiers des effectifs faits de volontaires qui sont évidemment affectés aux unités d’élites et de combat.

    Le texte de “STT” accorde une très grande importance à cet aspect de la réforme de l’armée russe, jusques et y compris la plus récente, qui est une sorte d’encadrement politique ayant pour but d’entretenir et d’exalter le patriotisme des soldats, tout comme le sens de leur mission tout entier axé sur la protection de la nation russe. (“STT” insiste beaucoup sur le caractère essentiellement défensif de nombre des nouveaux armements, étant bien entendu que cet aspect défensif est également très efficace dans les cas de projection des forces qui sont par nature offensifs, — comme on a pu le voir et comme on le voit encore en Syrie.) “STT” l’interprète indirectement, comme nous le ressentons, comme une sorte de renaissance de certaines vertus traditionnelles des forces armées comprises comme une institution de défense suprême d’une grande nation, au contraire de l’évolution d’autres forces. On comprend qu’il s’agit dans le chef de l’auteur essentiellement d’une critique des forces armées US, qui ont tout misé sur la technologie et sur les pratiques postmodernes de sous-traitance, de mercenariat, de bureaucratisation, qui finissent, et cela très rapidement une fois le processus enclenché, par diluer et pervertir les psychologies et les sentiments patriotiques pour donner des forces déshumanisées et sans idéal, et souvent décadentes, remplissant des tâches de plus en plus critiquables et indignes comme font nombre de forces US à travers le monde, particulièrement depuis le tournant de 1999-2001. Ainsi l’évolution des forces russes et celles des forces US ont suivi un destin inverse et croisé, les forces US partant de très haut pour s’abîmer dans une décadence d’hyper-technologies de plus en plus improductives, de déshumanisation et de “gangstérisation” pour des conflits illégaux au service de la recherche d’une hégémonie faussaire ; et les forces russes, non moins modernisées mais d’une façon maîtrisées, ont été orientées vers des comportements patriotiques et souverainistes qui entraînent des capacités de combat de très haut niveau.

    Choïgou Gerasimov 20190328Manifestement, “STT” attribue massivement à la personnalité exceptionnelle de Choïgou, assisté de cadres dirigeants de grande qualité comme le chef d’état-major général Gerasimov, la responsabilité de cette évolution. L’ère Poutine avec ses succès dans le domaine de la sécurité nationale, doit bien entendu beaucoup à son président, mais également à ses grands ministres, Choïgou pour l’armée comme Lavrov pour la diplomatie. Cela nous conduit à confirmer notre jugement déjà exposé de l’importance capitale prise par les forces armées et la communauté de défense dans l’équilibre du pouvoir en Russie, avec un rôle important à jouer contre toute tentative de déstabilisation interne sous des poussées externes subversives, type-regime change. Nous rappelons ce jugement, présenté le :

    « …[I]l nous paraît assez probable que cette force [la défense et l’armée] pèse d’un poids important sur Poutine pour maintenir la politique russe de sécurité nationale sur une voie de fermeté… […] Ainsi la partie des déclaration de Gerasimov donnant une nouvelle définition de la guerre, et y incluant, pour ce qui regarde les forces armées, les pratiques de  “regime change”  et d’“agression douce”, impliquent sans guère de doute que ces forces armées se jugent fondées à considérer que toute action de déstabilisation venant du groupe des “libéraux”-“5èmecolonne” les concerne directement, et qu’elles se jugent compétentes et autorisées, ces forces armées, à agir contre cela. »

    Ci-dessous, le texte “STT” (Sic Semper Tyrannis) du site du colonel Patrick Lang

    dedefensa.org

    ***

     

    « L’armée russe a été radicalement transformée »

    Dans sa dernière “situation” de la Fédération de Russie, Patrick Armstrong a mentionné un discours prononcé par Sergei Choïgou devant une commission de la Douma. Dans ce discours, Choïgou dévoile une litanie de nouveaux systèmes d’armes qui sont maintenant entre les mains des forces de défense russes. Impressionnant, mais ce n’est qu’une liste. Il y a quelques jours, le colonel Lang m’a demandé d’examiner le discours de plus près. Il a clairement vu quelque chose que j’ai manqué dans ma première lecture superficielle. Je l’ai relu. C’est un sacré discours. M. Choïgou dit beaucoup plus que la simple énumération des nouvelles armes qui sont entre les mains des soldats russes. “SouthFront” a offert une traduction en anglais du discours qui a d’abord paru dans “Étoile Rouge”, le journal officiel du ministère de la défense de la Fédération de Russie. L’article de“SouthFront” commence comme suit.

    discours de Choïgou 20190328« Le général Sergei Choïgou, ministre russe de la Défense, a pris part à la réunion élargie de la Commission de défense de la Douma d’État. Le chef du ministère de la Défense a communiqué une mise à jour détaillée aux participants sur les résultats des six années de travail à grande échelle pour renforcer la capacité de défense de l’État russe en augmentant la puissance de combat de nos forces armées. En fait, la Russie a maintenant une armée complètement différente de celle qu’elle avait avant 2013. Nous publions aujourd’hui le texte intégral d’un discours prononcé par le général d’armée Sergueï Choïgou lors d’une réunion élargie de la Commission de la défense de la Douma d’État de la Fédération de Russie. »

    Le discours est rempli de chiffres et de faits et est heureusement dépourvu d’hyperbole propagandiste. Qui a besoin de propagande quand les faits parlent d’eux-mêmes ? D’abord quelques faits, justement. Les améliorations apportées aux forces de fusées stratégiques comprennent 12 régiments MIRV ICBM RS-24 Yars MIRV (109 missiles), 108 ICBM lancés par sous-marin, probablement les nouveaux missiles Bulava et 3 sous-marins de classe Borei construits pour utiliser les nouveaux missiles Bulava.

    Un autre système mentionné par Choïgou est le déploiement de 10 brigades de missiles balistiques à courte portée Iskander avec 12 lanceurs/brigade. Ce système permet de tenir à distance l’OTAN. L’Iskander peut tirer des ogives nucléaires et plusieurs types d’ogives classiques et dispose de multiples moyens de guidage, y compris une version de missile de croisière. Il a été testé avec succès en Syrie.

    Parmi les systèmes défensifs vantés par Choïgou figurent 20 régiments de missiles S-400 avec 8 à 12 lanceurs/régiment, 23 divisions (régiments ?) Pantsir-S avec 18 lanceurs/régiment, 17 bataillons de Bastion, systèmes de défense côtière antinavire avec 12 lanceurs/bataillon. Notez qu’il s’agit de systèmes défensifs. Bien sûr, ils peuvent servir de parapluie défensif pour les forces déployées, comme en Syrie, mais ce sont quand même des systèmes défensifs. Ils sont principalement déployés sur le territoire russe pour défendre la Russie contre les attaques maritimes et aériennes. Cela correspond à un autre point soulevé par Choïgou. « D’ici 2019, une couverture radar complète pour le système d’alerte d’attaque de missiles dans toutes les directions stratégiques de la dimension aérospatiale et pour tous les types de trajectoires de vol des missiles balistiques achèvera d’être mise en place autour du périmètre de la frontière russe », a-t-il dit. Le système unifié de détection spatiale et de contrôle de combat est en cours de développement. » Il devrait être clair que les forces armées de la Fédération de Russie ont pour but de défendre la mère Russie et non de s’engager dans l’aventurisme expéditionnaire. Rafraîchissant, n’est-ce pas ?

    Choïgou a également expliqué la réaction de la Russie à la prise de conscience que l’espace est un domaine de guerre. La force aérienne russe est maintenant la force aérienne aérospatiale. Nous le savions depuis un certain temps, mais Choïgou l’a confirmé en vantant le développement de la fusée Angara et le déploiement de 57 nouveaux satellites. Cette réorganisation a eu lieu en 2015 lorsque les Forces de défense aérienne et antimissile, les Forces spatiales et la Force aérienne ont été regroupées au sein des Forces aérospatiales.

    En plus de cette liste des principaux systèmes d’armes et de leur disponibilité, de leur fiabilité et de leur précision accrues, Choïgou s’est donné beaucoup de mal pour souligner les progrès en matière de logistique, de développement des forces, de formation militaire et d’autres « questions relatives aux soldats ». Au cours des six dernières années, il y a eu une amélioration considérable dans les logements des soldats, les soins de santé et les installations de loisirs militaires. Les deux tiers des forces armées sont désormais contractuels (volontaires) et un tiers seulement sont des appelés du contingent. L’Armée de terre compte 136 groupes de bataillons tactiques entièrement prêts, composés tous de volontaires. Ce qui m’a particulièrement frappé, c’est l’accent mis par Choïgou sur le renoncement généralisé aux contractants extérieurs, non militaires, pour la logistique et le soutien domestique des forces, et leur remplacement par des soldats et des employés du ministère de la défense. À cet égard, les forces armées russes vont dans la direction opposée à la nôtre. Oh, comme j’aspire au retour des équipes des mess que nous avions et tout ce qui y ressemblait pour l’entretien et la nourriture dans les bases.

    Un autre point mentionné par Choïgou montre comment lui et les forces armées sont convaincus que les hommes sont plus importants que les machines : « Pratiquement toutes les forces terrestres, ainsi que les brigades de fusiliers motorisés et les brigades d’infanterie navale, soit au total 35 formations, ont été équipées du matériel de combat moderne Ratnik-2. » L’équipement de combat individuel Ratnik-2 comprend un exosquelette passif pour protéger la colonne vertébrale et les articulations ainsi qu’une protection balistique. Ma colonne vertébrale et mes articulations auraient apprécié une telle attention portée à la santé et au bien-être des soldats. Je pense que ce Ratnik-2 est tout aussi impressionnant que les gros équipements. Ceci est une description d’un article du “Military Times”.

    « Au cœur du système se trouve la création d’un réseau hautement intégré qui renforce la connaissance de la situation générale du fantassin et permet de fournir des informations et des renseignements vitaux entre les soldats d’une unité et d’autres ressources externes qui soutiennent cette unité. Pour ce faire, Ratnik inclut le système de communication ‘Mousquetaire’ qui permet des transmissions vocales et vidéo, ainsi que des récepteurs GLONASS (l’alternative russe au GPS) pour la navigation. De plus, le système est livré avec un appareil de chauffage, un filtre à eau, un masque à gaz, une trousse médicale et d’autres “éléments de survie” nécessaires. L’ensemble de la combinaison Ratnik-2 est recouvert de matériaux à infrarouge, ce qui permet aux soldats d’opérer presque sans être détectés par les scanners infrarouges. »

    Enfin, il y a un clin d’œil à l’aspect psychologique et informationnel de la guerre. Non, ce n’est pas cette stupide idée occidentale de la “Doctrine Gerasimov”. Mark Galeotti explique la sottise de cette idée dans ses commentaires sur le discours prononcé par Gerasimov il y a un peu plus de deux semaines. L’intérêt du ministère de la Défense pour l’aspect psychologique de la guerre est essentiellement défensif, tout comme la structure et la disposition des forces armées russes sont de nature défensive. « Conformément au décret du Président de la Fédération de Russie, des organes politiques militaires ont été créés l’année dernière. L’un des domaines les plus importants de leur travail est l’éducation patriotique des militaires des forces armées et des jeunes. » Je pourrais me tromper dans mon interprétation, mais cela ressemble à une structuration modernisée, en beaucoup moins sinistre, des corps des commissaires politiques. Je ne vois pas ça comme une mauvaise chose. Au contraire, je le vois comme une mise en œuvre de cours d’instruction civique pour les troupes, tout comme le Mouvement national des jeunes cadets de l’Armée, également noté dans le discours de Choïgou, représente une éducation civique pour la jeunesse russe… Une vaccination psychologique contre la guerre occidentale de l’information.

    Pour finir, j’aime bien ce type, Sergei Choïgou. Il aime l’histoire et le hockey. Il peint à l’aquarelle, mon activité préférée. Il aime la sculpture sur bois et il est très doué pour la pratiquer. Je nous verrais bien boire autour d’un feu de camp avant qu’il s’évanouisse soudain dans la nuit en chantant dans  l’harmonie de gorge typique des natifs de Mongolie. Ce serait vraiment un grand moment de camaraderie chaleureuse.

    Sic Semper Tyrannis

    source:http://www.dedefensa.org/article/le-grandoeuvre-de-choigou

     

     

     

    https://reseauinternational.net/le-grand-oeuvre-de-choigou/

     

     


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    Etats de droit - 18 mars 2019

    (article exceptionnel sur les guerres actuelles)

     

     

    Ce vendredi 15 mars 2019 marque le huitième anniversaire d’un conflit universel. Déjà plus long que les deux guerres mondiales, il a passé « l’âge de raison » qui signifiait pour les parents et grands-parents de jadis la fin de l’innocence de leur progéniture. Les intellectuels de toutes les rives auraient intérêt à lire l’article publié à cette occasion par Kamal Khalaf, écrivain, journaliste et analyste politique palestinien bien connu, qui rappelle une réalité escamotée :  » s’il y a une guerre qui n’est pas innocente, c’est bien celle de Syrie « . Près de 400 000 morts, des millions de réfugiés, déplacés, exilés, sinistrés, et une multitude de blessés, d’estropiés, de handicapés à vie. Des orphelins, des veuves, des familles brisées ou dispersées. Sans parler d’un pays en partie détruit, à dessein. Ayant déjà beaucoup dit et écrit à ce propos, je n’allongerai pas l’inventaire des supplices infligés à tout un peuple, victime par surcroît d’un flagrant déni de vérité et de justice sans précédent.

    Les dévots, prédicateurs ou imprécateurs qui croient représenter le « monde civilisé » le savent sûrement, si cette tragédie aux innombrables victimes n’a pas la puissance d’évocation d’un 11 septembre, c’est qu’on l’a ensevelie sous une forêt de « faux pavillons », que son récit a été étouffé sous une chape d’omerta ou de mensonge. La manipulation a permis aux faussaires de justifier la poursuite de ce crime collectif au nom de la légalité internationale, pourtant violée par eux sans vergogne et sans pudeur. Que l’on invoque pour prétexte la démocratisation, la défense des droits de l’homme, la responsabilité de protéger, ou bien qu’on la drape dans les oripeaux de la morale humanitaire ou de l’Etat de Droit, l’entreprise alliant dans son lit les « croisés » euro-atlantiques sous leurs enseignes variées et les « djihadistes » sous leurs franchises diverses aura été une entreprise perverse, illégale et criminelle. Et c’est par le biais d’une escroquerie médiatique et intellectuelle sans précédent qu’ils ont pu la faire passer pour une guerre noble, voire une guerre sainte.

    Si l’Etat syrien a pu compter sur des alliés fidèles, son peuple a hérité d’un « groupe d’amis » que l’on ne peut souhaiter qu’à des ennemis héréditaires : à Marrakech en décembre 2012, on dénombre (excusez du peu) 114 Etats, les protagonistes de l’agression. Dans ces pays, incluant la France, les politiques, les intellectuels et les médias n’ont jamais dit « Nous sommes tous des Syriens », ou « tous des Arabes », alors que le « peuple si bon » avait bénéficié de nos effusions à nous, qui étions « tous des Américains » à l’insu de notre plein gré.

    Ce deux-poids, deux-mesures est lié à la conviction que l’Occident est la seule humanité qui vaille, que seules ses valeurs, ses langues, ses modèles, ses conceptions, ses combats ont une portée universelle. Cette certitude est si incrustée que les hommes et femmes de la rue comme les « élites » ne voient pas malice à ce que leurs gouvernants s’arrogent « le droit de dire le droit » et puissent intervenir militairement pour changer le « régime » de tout pays résistant que le maître américain aura daigné qualifier de « voyou ». Que les abonnés des plateaux de la télévision remplacent l’invocation à « nos grandes démocraties » vaguement surfaite par des incantations sur « nos Etats de droit » ne change pas les fondamentaux : l’Occident se considère comme l’incarnation du Droit. Une fois de plus, il constitue le modèle, évidemment inimitable, en la matière. Le résultat est croquignolesque, ainsi qu’en témoignent les réunions du Conseil de Sécurité, où chaque prestation occidentale est un morceau de bravoure, un chef-d’œuvre d’hypocrisie, un grand moment de n’importe quoi. On dira : et la France alors, et Descartes et le cartésianisme, Voltaire et les philosophes, et les Lumières, la raison et la logique, dont on se pique dans nos « Etats de droit » en général, et chez nous en particulier ?

    Parlons franc, le satané et infernal Etat de droit impose au ci-devant « homme blanc » un fardeau tel qu’il serait injuste de ne pas trouver de circonstances atténuantes à ces personnages si élégants et bien coiffés qu’ils ne peuvent être malhonnêtes. A défaut d’entendre leur sanglot, il suffit de voir leur visage accablé par la misère du monde, leur indignation devant l’iniquité des Etats faillis que le monde civilisé est obligé de bombarder et de punir, devant l’insolence des émergents para-communistes, ou face aux provocations de tous ces « axes de la résistance ». Que de stoïcisme il faut pour mettre de côté son attachement aux principes des Nations-Unies afin d’imposer justice et démocratie chez les Barbares. Le vrai Etat de Droit n’est-il pas l’Etat de tous les droits : de définir des règles, des normes, de nommer, de juger, de menacer, de condamner, de sanctionner, de punir, d’intervenir, de changer les régimes inadaptés, d’occuper, de changer la géographie, etc. C’est une grande souffrance morale et une tache prenante, qui implique des devoirs et des droits, pile et face de la même médaille.

    Dans ces conditions, les Etats de Droit ne sauraient déchoir en s’embarrassant de scrupules indignes de leur rang, en respectant dans des pays barbares, des Etats « qui n’existent pas » aux dires de nos intelligences complexes, les principes et les règles d’un Droit qu’ils malmènent chez eux, à contre-coeur, n’en doutons pas. Le Droit est affaire de gens ou de pays civilisés. Les « Etats voyous » sont faits pour être sanctionnés, bombardés, punis, mis sous embargo ou sous blocus.

    A ce stade, un souci aura peut-être désespéré les adeptes du droit, ceux qui croient en la diplomatie et vénèrent la légalité onusienne… Pour qui juge naturelle l’hégémonie exercée depuis si longtemps sur le monde, il est logique de chercher à imposer des noms et des normes. C’est ainsi que l’Etat « hors-la-loi » a été défini par les idéologues inspirés par le messianisme néoconservateur. Selon Avraham Shlaïm, juriste israélien et professeur à Oxford, un « Etat voyou » détient des armes de destruction massive (ADM), soutient ou pratique le terrorisme et viole régulièrement le Droit international. Or, ces critères peuvent inspirer de mauvaises pensées : le cambrioleur crie au vol, l’agresseur hurle au viol.

    C’est ainsi qu’en Syrie, les trois Occidentaux et leurs alliés, puissances nucléaires détentrices d’ADM, ont enseveli un peuple sous des tonnes de sanctions sadiques, armes de destruction massive par excellence ; ils ont soutenu, armé, financé et protégé les centaines de groupes terroristes (y compris Da’esh et Al Qaida) qui ont martyrisé le peuple syrien. Ils bombardent, lancent des frappes punitives contre les « méchants ». Ils violent le droit international par leur seule présence militaire sans aval du gouvernement légal, enfreignant la charte des Nations-Unies par leur occupation illégale. Certains comme Erdogan ont même des revendications territoriales ou des velléités de recolonisation, sans s’attirer les foudres des « Gardiens du Droit », membres permanents du Conseil de Sécurité, alliés d’Ankara par la grâce de l’OTAN.

    Les réalités s’accommodent mal d’affirmations sommaires : il en va ainsi de celle, largement admise, qui réduirait le conflit de Syrie à une guerre contre le terrorisme, assimilée à la lutte contre Da’esh. Or, vue de Damas, cette guerre ne serait pas finie avec la seule disparition de l’Etat Islamique. A Idlib, sur la rive est de l’Euphrate ou du côté de la base US d’Al Tanaf, on trouve encore des milliers de terroristes présentés comme des opposants « modérés » ou des « rebelles armés » alors qu’ils n’ont que changé de badge afin d’échapper aux résolutions de l’ONU. Quand bien même ces « terroristes modérés » seraient-ils éradiqués ou évaporés, la guerre ne serait pas achevée. Resterait à obtenir le départ des « forces spéciales » occidentales et le retrait des janissaires du néo-calife traînant illégalement sur le territoire. Tant que le gouvernement n’a pas atteint ses objectifs légitimes, la Syrie sera en état de guerre.

    Il semble d’ailleurs que les partenaires atlantiques (l’Amérique, l’Europe et Israël) n’aient pas l’intention de déguerpir facilement. La Syrie, qui devait être « lentement saignée à mort », a été endommagée, mais elle résiste vaillamment, aidée par de puissants alliés. A défaut d’avoir gagné la guerre, pourquoi ne pas empêcher son retour à la vie en l’étouffant avec les armes que le maître fouettard aime tant : les sanctions, blocus et embargos. L’Amérique, chef spirituel de tous les criminels dévots, en battle-dress ou en trois pièces cravate, fait preuve d’une imagination débordante qui illustre son leadership moral et culturel, tandis que l’Union Européenne lui emboîte le pas avec une servilité inépuisable et un manque de fantaisie à faire dormir debout. Néanmoins, le dispositif est efficace, tant est puissante l’étreinte de l’Amérique et tellement est pervers son dispositif de normes unilatérales et extraterritoriales. Au point qu’un vague attaché commercial de l’ambassade US à Amman peut terroriser le gouvernement jordanien en interdisait tout commerce avec la Syrie, sa voisine. Les entreprises françaises, guère plus hardies, filent doux devant les menaces de sanctions financières ou commerciales. Le gouvernement de la « grande nation », comme on disait fièrement naguère, n’a plus que deux options : se soumettre bon gré mal gré ou se soumettre mal gré bon gré.

    Dans tous les domaines, la Syrie est déjà gavée de sanctions, y compris les plus farfelues. Depuis huit ans, les « trains » de mesures punitives se succèdent à un rythme effréné. La dernière fournée : la loi César, votée par le Congrès, qui généralise les sanctions, les étendant à tous les secteurs, et touchant non seulement les sociétés ou les banques, mais désormais les Etats et les individus. Il s’agit d’assécher les circuits financiers syriens pour interdire toute reconstruction, autrement dit d’étrangler le peuple syrien. Par ailleurs, les pays voisins ayant accueilli des réfugiés sont soumis à des pressions violentes visant à empêcher le retour de ces exilés vers la Syrie, « la situation n’étant pas mûre » (disent les occidentaux). L’Union Européenne s’est empressée d’imiter son grand timonier. Ses Etats, qui ne sont plus leurs propres législateurs, ne peuvent que se rallier à la majorité, laquelle ne jure que par la voix de son maître.

    Les discussions sur la question syrienne sont étouffées par une omerta et une censure impitoyables. Le lavage de cerveau est parvenu à pervertir le débat. Celui-ci ne porte jamais sur la légalité ou l’illégalité de l’envoi de troupes contre la volonté du gouvernement syrien. Aucun doute n’est émis sur la légitimité de leur présence et de leur maintien, prétendument pour combattre Da’esh, soutenir les « démocrates kurdes », vérifier le niveau de l’eau dans l’Euphrate, ou bombarder pour tuer le temps. Par contre, on distrait la galerie lorsque la tactique est critiquée sur le plan technique par tel ou tel officier. Comme si l’aventure militaire lancée par un « Etat de Droit » ne pouvait qu’être légale et légitime. De même, le débat national s’enflamme lorsqu’il concerne le retour et le jugement des terroristes français partis faire le djihad. Mais la discussion envisage le problème du seul point de vue de la sécurité de la France : quel danger représenteront ces individus à leur retour. Aucune condamnation de l’action passée en Syrie. A qui les remettre, aux Turcs, aux Kurdes… ? Pas un mot sur leur éventuelle remise aux seules autorités légitimes, celles de Damas. A en croire nos chefs de guerre, il n’y aurait plus d’Etat, pas de justice en Syrie. Dans ces conditions, comment la France peut-elle espérer remettre un pied dans ce pays qu’elle a contribué à détruire et dont elle nie l’existence, un Etat pourtant considéré comme le vainqueur potentiel ?

    Aux dires des experts la guerre est terminée, mais tant de mensonges ont été répandus qu’il sera difficile de normaliser. Loin de faire machine arrière, l’Occident, qui porte une responsabilité écrasante dans la tragédie, semble parti pour une fuite en avant où tous les coups seront permis, dans un mépris total de la légalité. L’approche tordue de « nos Etats de Droit » ne présage rien de bon. En ce huitième anniversaire, les dirigeants français sont enferrés dans un désir de vengeance irrationnel, prétendant plus que jamais décider de l’avenir de la Syrie, sur lequel ils n’ont guère de prise. On accordait jadis à la France une vocation de médiatrice ou de conciliatrice. Il est navrant que les dirigeants d’aujourd’hui se contentent d’une capacité de nuisance. Reviendront-t-ils à la raison ?

    Michel Raimbaud
    Ancien ambassadeur de France

    envoyé par Byblos

    https://reseauinternational.net/etats-de-droit/


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