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    La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?

    La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ? 

    16.2.2019

     

     

    Je vous retransmets aujourd’hui un article du colonel François-Régis LEGRIER qui termine un séjour opérationnel au levant (Irak, Syrie) où il dirigeait la Task Force Wagram.

     

    Cet article a été  publié il y a quelques jours sur la Revue de la Défense Nationale sous le titre : La bataille d’Hajin : victoire tactique, défaite stratégique ?

     

    Les conclusions de cet article ne convenant pas à nos autorités politiques et militaires qui tiennent à verrouiller toutes les informations dans le cadre bien compris de la propagande et de la censure de guerre, cet article a été retiré de la Revue de la Défense Nationale. Toute vérité n’est pas bonne à dire……

     

    L’auteur de cette analyse lucide pourrait même avoir des ennuis avec sa hiérarchie, si l’on en croit le journal « Le Monde »

     

    https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/15/un-colonel-francais-risque-des-sanctions-pour-avoir-critique-la-strategie-de-la-coalition-en-syrie_5424183_3210.html?

     

    Cette affaire est riche en enseignements.

     

    J’en retiens d’abord les 6 dernières lignes de la conclusion:

     

    « Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. Nous n’avons en aucune façon gagné la guerre faute d’une politique réaliste et persévérante et d’une stratégie adéquate.

     

    Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route ? »

     

    J’en retiens aussi les réactions épidermiques de ceux qui, aujourd’hui, souhaitent conserver le monopole de « l’information/désinformation » afin de continuer à manipuler le « bon peuple français » et de justifier nos ingérences tous azimuts et tous prétextes au profit d’intérêts qui ne sont pas ceux de notre pays…..

     

    Bonne lecture à tous.

     

    DD

     

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    bataille d'Hahjin 20190216

     

    La bataille d’Hajin (septembre 2018 – janvier 2019) du nom d’une petite localité située sur la rive Est de l’Euphrate aux confins de la Syrie et de l’Irak mérite de laisser son nom dans l’histoire militaire à plus d’un titre. Elle est d’abord la dernière « bataille rangée » contre le pseudo État islamique et semble mettre un point final à sa volonté de contrôler un territoire. Elle est ensuite, pour nous Occidentaux, riche d’enseignements sur la guerre, et tout spécialement les limites de la guerre par procuration et de notre approche tournée vers la suprématie technologique.

     

    Au XIXe siècle, le sort d’une bataille mettant en jeu quelques milliers d’hommes était réglé en une journée – Austerlitz par exemple ; au XXe siècle, il faut compter en semaines – que l’on pense à la poche de Dunkerque en 1940 ; au XXIe siècle, il faut près de cinq mois et une accumulation de destructions pour venir à bout de 2 000 combattants ne disposant ni d’appui aérien, ni de moyens de guerre électronique, ni de forces spéciales, ni de satellites. Telle est la réalité de la guerre aujourd’hui qui doit nous conduire, décideurs politiques et chefs militaires à un examen critique salutaire sur notre façon de concevoir et faire la guerre.

     

    Certes, la bataille d’Hajin a été gagnée mais de façon très poussive, à un coût exorbitant et au prix de nombreuses destructions. Certes, les Occidentaux, en refusant d’engager des troupes au sol, ont limité les risques et notamment celui d’avoir à s’expliquer devant l’opinion. Mais ce refus interroge : pourquoi entretenir une armée que l’on n’ose pas engager ? Si la réduction du dernier bastion de l’État islamique ne vaut pas la peine d’engager des troupes conventionnelles, quelle cause sera assez importante pour le faire ? Extrêmement à l’aise pour remplir les grands états-majors multinationaux d’une ribambelle d’officiers, les nations occidentales n’ont pas eu la volonté politique d’envoyer 1 000 combattants aguerris régler en quelques semaines le sort de la poche d’Hajin et épargner à la population plusieurs mois de guerre.

     

    Par ailleurs, en sous-traitant aux Forces démocratiques syriennes (FDS), c’est à-dire à des proxys – des troupes soutenues par les Américains qui leur ont délégué le droit de se battre à leur place – la conduite des opérations au sol, la Coalition (1) a renoncé à sa liberté d’action et perdu la maîtrise du tempo stratégique. Prise en étau entre la décision de Donald Trump de se retirer du Nord-Est syrien et le bon vouloir des FDS, elle n’a pas trouvé de meilleure solution que d’intensifier les bombardements pour en finir au plus vite, compromettant ainsi durablement l’avenir de cette province.

     

    In fine, la question qui se pose est de savoir si la libération d’une région ne peut se faire qu’au prix de la destruction de ses infrastructures (hôpitaux, lieux de culte, routes, ponts, habitations, etc.). C’est là, l’approche assumée sans complexe, hier et aujourd’hui, par les Américains ; ce n’est pas la nôtre et nous souhaitons ici indiquer ce qui aurait pu être fait pour mettre l’ennemi hors de combat sans transformer la poche d’Hajin en champs de ruines.

     

    Les destructions dans le village d'Hajin, sur la route de Baghouz, où se trouve le dernier réduit du groupe Etat islamique. © Radio France / Etienne Monin

    Les destructions dans le village d’Hajin, sur la route de Baghouz, où se trouve le dernier réduit du groupe Etat islamique. © Radio France / Etienne Monin

     

    Caractéristiques de la bataille d’Hajin : un concentré de tous les types de guerre

     

    Située au cœur du « Grand Jeu » entre puissances régionales et grandes puissances, la poche d’Hajin regroupe en septembre 2018 environ 2 000 combattants islamistes dont une majorité d’étrangers. S’étirant sur une trentaine de kilomètres le long de l’Euphrate en territoire arabo-kurde syrien et large d’une dizaine de kilomètres, elle est le dernier bastion du soi-disant Califat « État islamique », autant dire pas grand-chose. En réalité, nous allons voir que la bataille déborde largement de son cadre géographique pour se répandre dans le champ des perceptions, autre enjeu essentiel du combat.

     

    La zone d’action est une bande de terrain en V coincée entre l’Euphrate à l’Ouest et la frontière irako-syrienne à l’Est avec une zone rurale (champs et villages) le long du fleuve et une zone désertique. Soulignons que la rive Ouest de l’Euphrate est plus ou moins sous contrôle du régime syrien et des milices irakiennes qui contrôlent également une partie de la frontière. La population est estimée à quelques milliers de personnes, surtout présente dans la partie Nord de la poche (localité d’Hajin).

     

    Au Sud de la poche (pointe du V) et au bord de l’Euphrate, en territoire irakien, la ville d’Al-Qaïm. Au Nord de cette ville, la frontière est tenue par l’armée irakienne et légèrement en retrait se trouve la position de tir des moyens feux sol-sol de la coalition. Au Sud, la frontière est tenue par une milice affiliée à l’Iran (Katiba Hesbollah), véritable petite armée avec ses chars et ses canons. Si la frontière est globalement étanche au Nord, elle est très poreuse au Sud, la milice se livrant à la contrebande.

     

    Le combat au sol a été confié à des proxys, les FDS, alliance arabo-kurde conseillée par les forces spéciales américaines et bénéficiant du soutien des moyens feux sol-sol et sol-air de la Coalition. D’un volume sensiblement équivalent à celui de Daech, leur valeur combative est toute relative sachant que les combattants kurdes viennent du Nord-Est syrien où ils sont régulièrement pris à partie par les Turcs, alliés des Américains au sein de l’Otan. Ainsi, fin octobre 2018, les FDS ont annoncé la suspension des opérations suite à des frappes turques et il a fallu plusieurs semaines de négociation pour qu’ils reprennent le combat. Le même scénario a failli se répéter mi-décembre et compromettre à nouveau la prise d’Hajin pourtant bien engagée.

     

    Au sol, les traits distinctifs de cette bataille sont assez proches de ceux des batailles de la Première Guerre mondiale : une ligne de front entre combattants où chaque gain de 500 mètres ou 1 kilomètre de territoire représente un succès ; des contre-attaques violentes et répétées de la part d’un ennemi cerné de toute part et qui cherche à desserrer l’étau des FDS ; un emploi massif de l’artillerie, seule capable de délivrer des feux par mauvaises conditions météorologiques et qui, à plusieurs reprises, a sauvé la mise aux FDS violemment prises à partie ; des pertes importantes au regard du volume de combattants (plusieurs centaines au total de part et d’autre).

     

    Sur un plan purement tactique, cette bataille a fait redécouvrir toutes les vertus d’un appui-feu sol-sol (2) alliant effets de saturation par obus explosif et effets de destruction par munition de précision et surtout opérationnel par tout temps. Ainsi, c’est le 3 décembre 2018 qu’ont été tirés avec succès pour la première fois en opération, les obus antichars à effet dirigé Bonus détruisant une colonne de pickup lancée à l’assaut des lignes de défense FDS.

     

    Dans les airs, la suprématie occidentale est évidemment totale. Comme dans le film de Gavin Hood, Eye in the Sky (3), c’est la quintessence de la haute technologie qui se déploie quasiment sans limite avec l’emploi massif de moyens de surveillance et de renseignement, et d’avions pour observer et frapper. En l’espace de six mois, plusieurs milliers de bombes ont été déversées sur quelques dizaines de kilomètres carrés avec comme résultat principal la destruction des infrastructures.

     

    L’ennemi a-t-il été détruit par ces frappes ? Oui, mais pas autant qu’on a bien voulu le faire croire dans les comptes rendus alignant un BDA (4) impressionnant calculé de façon statistique et non pas par observation visuelle.

     

    L’ennemi a-t-il été atteint dans son moral et sa volonté de combattre ? À l’évidence, non. Il a déployé jusqu’au bout une combativité inébranlable mettant à profit les périodes de mauvaise météo, le préservant de la menace aérienne, pour contre-attaquer violemment et infliger à plusieurs reprises de sérieux revers tactiques aux FDS. La défaite devenue inéluctable, il s’est exfiltré vers des zones refuges pour poursuivre la lutte en mode insurrectionnel ne laissant sur place qu’une poignée de combattants étrangers.

     

    Ainsi, cette bataille illustre à merveille les propos du général Desportes : « Des systèmes d’armes toujours plus performants produisent des résultats toujours plus décevants » (5). Entendons-nous bien. Ils ne sont pas décevants parce que performants mais parce que mal employés ; nous y reviendrons.

     

    Enfin, la bataille d’Hajin dépasse largement le cadre géographique pour s’inscrire plus largement dans le champ infini des perceptions.

     

    Force est de constater que dans ce domaine, Daech a su exploiter le moindre succès tactique pour le valoriser et en faire un succès stratégique. De même, les frappes occidentales et leurs dommages collatéraux réels ou fictifs ont aussi été largement médiatisés avec succès. En effet, à plusieurs reprises, la Coalition trop souvent en réaction sur le champ des perceptions, a dû renoncer à ses frappes face à la pression médiatique. Il y a ici tout un champ de réflexion à explorer et notamment le décalage des perspectives : là où Daech, dans une vision stratégique, s’adresse aux opinions publiques occidentales, la Coalition, outil militaire sans réelle pensée politique, est contrainte de rester au niveau tactique et ne peut exploiter ses succès dans le champ informationnel avec la même réactivité que l’ennemi.

     

    Les limites de la guerre par procuration et de notre approche techno-centrée

     

    La guerre par procuration ou comment perdre la main sur le plan stratégique

     

    En s’en remettant à des proxys pour conduire la bataille au sol, les Occidentaux en ont certes retiré un avantage politique à court terme : celui d’éviter des pertes et un mouvement d’opinion contre leur politique. En revanche, sur le moyen-long terme, ce choix s’est avéré désastreux.

     

    En affirmant que la poche était la Main Battle Area (6) tout en refusant d’y engager des moyens terrestres ou même des hélicoptères d’attaque, les Américains ont laissé planer un doute sur leurs intentions réelles d’en finir rapidement. Il est donc permis de penser que la poche d’Hajin constituait un excellent alibi pour maintenir une présence dans le Nord-Est syrien et surtout prévenir un éventuel délitement trop rapide de la Coalition. Ainsi, au fur et à mesure de la bataille, le discours s’est articulé de la façon suivante : « il faut détruire Daech » vers « oui, Daech est bientôt éliminé en Syrie mais il se reconstitue en Irak et reste tout aussi dangereux », ce qui pose la question de la pertinence de la stratégie suivie depuis des années. Où est le véritable enjeu ? Détruire Daech ou contenir l’Iran ?

     

    Par ailleurs, la conséquence la plus immédiate d’une telle approche est la perte de la maîtrise du temps : l’opération avance au gré de la volonté des proxys et selon leur propre agenda et elle traîne en longueur quelle que soit l’ampleur des moyens consentis. Cela s’appelle un enlisement.

     

    Pour compliquer les choses, est apparue au grand jour la divergence de vues entre Donald Trump et son état-major. Fidèle en cela à une promesse de campagne, le Président des États-Unis a saisi l’occasion de la reprise d’Hajin mi-décembre pour annoncer la victoire sur Daech et le retrait des forces américaines de Syrie montrant ainsi, certes de façon brutale, que c’est bien le tempo politique qui détermine la stratégie et non pas l’inverse.

     

    En refusant d’inscrire dans leur stratégie du Moyen-Orient cette volonté de retrait pourtant annoncée depuis deux ans, l’Administration américaine et les étatsmajors se sont mis d’eux-mêmes en porte à faux. Bousculés par le décideur politique d’un côté, ayant perdu la main sur le tempo des opérations au sol de l’autre, c’est-à-dire privés de toute marge de manœuvres, la seule réaction a été d’intensifier les frappes aériennes et donc d’augmenter encore le nombre de destructions. Hajin a subi le même sort que Mossoul et Raqqa : une destruction quasi complète.

     

    Ainsi, cette victoire tactique, par la façon dont elle a été acquise, a compromis l’avenir de cette province sans ouvrir de perspectives stratégiques intéressantes pour la Coalition. L’avenir du Nord-Est syrien est plus que jamais incertain et Daech, s’il a perdu son territoire, ne semble pas atteint dans sa volonté de continuer la lutte.

     

    La leçon est la suivante : il n’y a pas de stratégie et donc de victoire durable sans liberté de manœuvre. Celle-ci est au croisement du politique et du militaire. Le stratège doit impérativement inscrire son action dans une politique et doit garder la main sur les opérations dans tous les domaines, y compris les opérations terrestres s’il veut être en mesure de présenter plusieurs options stratégiques au décideur politique. Il n’y a pas d’autres solutions possibles.

     

    L’approche techno-centrée ou l’illusion de la puissance

     

    En s’en remettant principalement à des moyens air inopérants sur un plan tactique lorsque les conditions météo se dégradent et aux forces spéciales, la Coalition a perdu beaucoup de temps, d’énergie et de crédibilité, Daech ayant beau jeu de se vanter d’avoir tenu en échec la première puissance mondiale pendant des mois.

     

    Il faut être rentré dans une Strike Cell (7) par temps couvert pour comprendre toutes les limites de notre approche techno-centrée. En effet, en cas de pluie, de brouillard, de nuages, les écrans deviennent noirs, les gens jouent aux cartes ou regardent un film : la guerre s’arrête pour eux en attendant la prochaine fenêtre météo. Lors des violentes contre-attaques de Daech en octobre 2018 et le repli des FDS, le premier constat d’un officier général a été de dire : « C’est à cause de la météo, nous n’avions plus l’appui aérien. » Sous-entendu, Daech ne respecte pas les règles du jeu, il attaque par mauvais temps !

     

    Non, nous n’avons pas été tenus en échec par la météo mais par notre refus de nous adapter à notre ennemi et au réel. La guerre par procuration, c’est-à-dire ce refus d’engager des troupes au sol aptes au combat pour s’en remettre uniquement aux forces spéciales et à l’arme aérienne est l’un des facteurs principaux de nos échecs actuels. Les forces spéciales sont faites… pour les opérations spéciales et non le combat conventionnel en zone urbaine ou désertique.

     

    Encore une fois, ne nous y trompons pas, il ne s’agit nullement ici de critiquer l’apport indispensable aux opérations que constitue l’arme aérienne ou les forces spéciales mais de rappeler que c’est une erreur que de s’en remettre uniquement à elles pour gagner une bataille. Ce concept ultra-technologique conçu pour réduire le format des troupes conventionnelles et séduire le politique en lui faisant croire qu’on peut faire mieux avec moins est un leurre séduisant mais un leurre quand même.

     

    Alors que fallait-il faire ?

     

    La réponse est simple : comprendre que si la bataille se gagne au niveau tactique – adaptation au terrain et à l’ennemi – la guerre se gagne au niveau stratégique et politique, et qu’elle est une dialectique des volontés et non une éradication « des méchants » impossible à réaliser.

     

    En l’occurrence, il fallait resituer la bataille d’Hajin dans un cadre plus global : celui d’empêcher Daech de se reconstituer d’une part et de préserver l’avenir de la moyenne vallée de l’Euphrate en évitant des destructions inutiles d’autre part.

     

    Au niveau tactique, une bataille se gagne en disposant les moyens adéquats au bon endroit et au bon moment (principe d’économie des forces et de concentration des efforts) pour créer un rapport de force favorable. Ainsi, tout en s’appuyant sur les FDS, il fallait, en sus des moyens d’appui-feux, engager a minima un groupement tactique interarmes motorisé capable de s’emparer rapidement de la poche d’Hajin en limitant autant que faire se peut la destruction des infrastructures.

     

    En effet, une bataille ne se résume pas à détruire des cibles comme au champ de foire. C’est la combinaison de la manœuvre et du feu qui permet de disloquer le dispositif ennemi et de le mettre dans l’impossibilité de poursuivre la bataille par la conquête des points clés du terrain, et de ses moyens de commandement et logistique. La prise d’Hajin, en décembre, en est l’illustration tardive : l’ennemi, ayant perdu son centre de commandement, n’a plus été en mesure d’opposer une résistance coordonnée par la suite.

     

    Enfin, la bataille doit être menée en temps imminent dans le champ informationnel, c’est-à-dire avec un temps d’avance. Est cru par le plus grand nombre ce qui est affirmé en premier : c’est une loi immuable dont il faut tenir compte. Une plus grande réactivité aurait été nécessaire pour valoriser nos succès et disqualifier le comportement de l’adversaire quitte à assumer, et non pas justifier après coup, les dommages collatéraux.

     

    L’évocation de la bataille dans le champ des influences nous permet de faire la transition avec les parties hautes de la guerre, la stratégie et la politique.

     

    Au lieu de se focaliser de façon excessive sur la poche d’Hajin, la Coalition aurait dû l’intégrer dans une approche stratégique et ainsi découper son espace de bataille non pas en fonction de ses structures internes (répartition entre commandement des forces spéciales en Syrie et commandement conventionnel en Irak) mais en fonction de l’espace de bataille ennemi allant de Kirkuk au Nord-Est de l’Irak au désert d’Al-Anbar à l’Ouest, en passant par Hajin et Al-Qaïm.

     

    Seule une vue globale du problème aurait permis d’ébaucher une stratégie globale et d’éviter le constat amer de voir Daech resurgir là où on l’a chassé il y a deux ans. Seule une stratégie globale laissant entrevoir une résolution politique durable aurait permis au politique de comprendre la nécessité du temps long au lieu de brusquer les choses pour sortir de ce qui s’apparente à une impasse et un échec.

     

    Il faut donc rappeler avec le général Desportes que la victoire militaire doit toujours être pensée au prisme de son objectif politique et qu’elle ne peut se passer d’un engagement au contact : « La guerre à distance est un leurre : elle produit un effet militaire mais pas d’effet politique. La “projection de puissance”, c’est-à-dire la projection de destruction, sans “projection de forces”, de soldats sur le terrain ne fonctionne pas ; elle détruit sans maîtriser la reconstruction et crée le chaos. Il y a une vraie illusion de l’efficience aérienne : certes, elle permet quelques économies initiales mais elle ne conduit jamais au résultat espéré. À la fin des fins, il est toujours nécessaire, d’une manière ou d’une autre, de contrôler l’espace. » (8)

     

    Conclusion

     

    Oui, la bataille d’Hajin a été gagnée, au moins sur le terrain mais en refusant l’engagement au sol, nous avons prolongé inutilement le conflit et donc contribué à augmenter le nombre de victimes au sein de la population. Nous avons détruit massivement les infrastructures et donné à la population une détestable image de ce que peut être une libération à l’occidentale laissant derrière nous les germes d’une résurgence prochaine d’un nouvel adversaire. Nous n’avons en aucune façon gagné la Combien d’Hajin faudra-t-il pour comprendre que nous faisons fausse route ? w guerre faute d’une politique réaliste et persévérante et d’une stratégie adéquate.

     

    François-Régis Legrier

     

    Colonel. Chef de corps du 68e régiment d’artillerie d’Afrique. Commandant la Task Force Wagram au Levant d’octobre 2018 à février 2019. Auteur de Si tu veux la paix prépare la guerre aux Éditions Via Romana

     

    Courriel de l’auteur : frlegrier@gmail.com

     

    (1) Operation Inherent Resolve (OIR) : coalition dirigée par les Américains.

    (2) Il faut également souligner l’emploi massif par Daech de roquettes et de mortiers allant parfois à des consommations de 100 munitions par jour.

    (3) Sorti en 2016 : montre les ambiguïtés politico-juridiques d’une prise de décision d’une frappe aérienne.

    (4) Battle Damage Assessment : estimation des pertes ennemies.

    (5) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », Le Casoar n° 231, p 19.

    (6) L’espace de bataille prioritaire.

    (7) Centre d’opérations couvert d’écrans permettant une recopie des images fournies par les drones ou les avions. C’est à partir de là que s’effectuent les frappes aériennes et les tirs d’artillerie d’où son nom de Strike Cell.

    (8) Vincent Desportes : « Leçons d’aujourd’hui pour les guerres de demain », op. cit.

     

    Photo: La Task Force Wagram dans la bataille d’Hajin

     

    https://reseauinternational.net/la-bataille-dhajin-victoire-tactique-defaite-strategique/


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    Les guerres modernes de « démocratisation » percées à jour – « Plus jamais …

     

    Les guerres modernes de « démocratisation » percées à jour – « Plus jamais …

     

    Quand en 2011 treize membres de sa famille ont été tués lors d’une attaque intentionnelle de l’OTAN contre sa maison en Libye, Khaled al-Hamedi président de l’OPCR, a demandé à l’OTAN de rendre compte de ce crime de guerre. L’OTAN, par contre, s’est référée à la Convention d’Ottawa de 1951, qui garantit l’immunité pour l’alliance militaire et le jugement a donné raison à l’OTAN… pour combien de temps encore ?

     

     

    Depuis la Seconde Guerre Mndiale jusqu’à aujourd’hui, d’innombrables guerres et crimes de guerre ont eu lieu. La plupart d’entre eux ont été initiés et dirigés par le gouvernement américain et l’OTAN. Le prétexte de l’intervention militaire était toujours le même : le peuple d’un pays devait être libéré d’un « dictateur brutal » ou d’un « système de gouvernement antidémocratique ». La prétendue démocratie et la liberté, basées sur le peuple et pour le bénéfice du peuple – comme on l’a prétendu – devaient être introduites. Des guerres ont été déclenchées et des pays bombardés au nom de la démocratie et de la liberté.

     

    Il existe un moyen simple de déterminer si même une seule de ces guerres qui ont été menées sous le couvert de la démocratisation, était justifiée : c’est de comparer la situation du pays touché par la guerre avant et après la guerre. Si la guerre et la soi-disant démocratisation étaient vraiment pour le bien du peuple, les conditions de vie dans le pays après la guerre devraient être bien meilleures qu’avant la guerre. En d’autres termes, les conditions de vie dans le pays ne devraient pas être pires APRÈS la guerre qu’elles ne l’étaient AVANT, du temps du prétendu dictateur – sinon une guerre doit être condamnée comme contraire au droit international.

     

    Mais jugez par vous-même sur la base des quatre exemples suivants, qui sont représentatifs de toutes les autres guerres dites de démocratisation : La mission militaire internationale en Libye en 2011.

     

    L’opération militaire internationale en Lybie 2011

     

    AVANT – La Libye sous Kadhafi : la Libye les revenus par habitant étaient parmi les plus élevés du continent africain. Une partie des ventes de pétrole libyen a été (était) créditée directement sur les comptes des citoyens libyens. Il n’y avait pratiquement pas d’impôts, même les entreprises n’étaient que très peu taxées. Avoir un logement était considéré comme un droit de l’homme, tous les nouveaux mariés recevaient de l’Etat libyen l’équivalent de 45 000 €. L’électricité, les traitements médicaux et l’éducation étaient gratuits. Avant Kadhafi, seulement 25 % des Libyens savaient lire, après lui, 83 %. Kadhafi a permis aux femmes de s’émanciper dans les années 1970. Aucun vêtement spécial n’est requis et toutes les femmes avaient accès à des cours de formation de haute qualité si elles le souhaitaient.

     

    Il y avait des (femmes) médecins, avocates, ministres, des femmes d’affaires ou même des femmes au foyer normales, peu importe (selon) ce qu’elles voulaient être. Kadhafi avait planifié pour l’Afrique la création d’une banque et l’introduction d’une monnaie adossée à (indexée sur) l’or, ce qui aurait conduit la Libye à la liberté – à l’abri des élites financières et des impérialistes qui contrôlent les pays pauvres et leurs possessions. Kadhafi était également sur le point d’achever le plus grand projet de canalisation d’eau potable au monde à travers le Sahara – le « Great-Man-Made-River-Project » – pour un meilleur approvisionnement en eau de la population et pour l’agriculture. La Libye était un pays indépendant et prospère. M. Kadhafi a également contribué à contrôler les flux de réfugiés en provenance des pays africains. Pour les accepter, il a appliqué les normes européennes pour limiter l’afflux en Europe.

     

    APRÈS l’assassinat brutal de Kadhafi : sous prétexte de protéger le peuple libyen de son dirigeant Mouammar Kadhafi, la Libye a été bombardée pendant 7 mois par les forces de l’OTAN sous commandement américain. La guerre a coûté la vie à environ 50 000 civils libyens, et a fait au moins autant de blessés. L’infrastructure économique du pays a été détruite par les bombardements de l’OTAN. Les installations du grand réseau d’eau ont été attaquées et bombardées par l’OTAN, comme le montrent diverses vidéos sur YouTube. Selon « Global Research », un centre de recherche mondiale basé au Canada, la guerre de l’OTAN contre la Libye a mis en danger l’avenir du projet d’eau potable – et donc la prospérité du peuple libyen. Les réserves de liquidités de la Libye, qui s’élèvent à 150 milliards de dollars, sont maintenant gelées dans le monde entier et probablement perdues à jamais. Le pays a continué à être ébranlé par les luttes des milices rivales ; les attaques contre le gouvernement et le meurtre de fonctionnaires sont à l’ordre du jour (courants). Depuis 2014, il y a eu une guerre civile féroce. Après Kadhafi, la Libye est devenue un paradis pour les gangs de contrebandiers qui n’ont aucun obstacle pour faire passer des réfugiés en Europe.

     

    La 1ère guerre d’Irak (2ème guerre du Golfe) 1990/91 (www.kla.tv/7046)

     

    AVANT : En 1972, l’Irak a réussi à prendre le contrôle national sur ses réserves pétrolières, qui avaient été exploitées auparavant par des entreprises internationales. L’économie était en plein essor, ce qui a également profité à la population. En 1979, l’Irak avait des réserves d’argent d’une valeur de 35 milliards de dollars et était sur le point de devenir un pays industrialisé. Il a activement promu la modernisation de l’économie, de l’industrie, de l’administration, de la police, de l’agriculture et de l’éducation populaire. Avant 1990, le taux d’alphabétisation des filles dépassait 90 %. Entre autres choses, les recettes d’exportation provenant de la vente de pétrole ont contribué à la mise en place d’un système de santé irakien complet qui, jusqu’au début des années 1990, était considéré comme le meilleur du monde arabe. L’Irak était un pays en plein essor.

     

    APRÈS : Après que Saddam Hussein a occupé le Koweït suite à un conflit au sujet des champs de pétrole, l’armée irakienne a été presque complètement vaincue par une coalition dirigée par les Etats-Unis. Pour justifier la guerre, des atrocités qui se sont révélées par la suite être des mensonges ont été rapportées dans le monde entier par les médias de masse. Parmi ces mensonges se trouve ce qu’on appelle le mensonge des couveuses. Au moins 120 000 soldats irakiens et jusqu’à 55 000 civils ont été tués. Les dommages à long terme causés par les munitions à l’uranium appauvri sont dévastateurs. Depuis 1991, 1,5 million d’Irakiens, dont plus de 550 000 enfants de moins de cinq ans, sont morts à la suite des sanctions économiques imposées à l’Irak.

     

    La destruction des stations d’épuration a transformé le fleuve Tigre en un égout à ciel ouvert. De 1990 à 2003, les États-Unis ont empêché l’importation de pompes et de chlore pour le traitement de l’eau ; en conséquence, le taux de mortalité infantile est passé de 3,3 % à 12,5 % entre 1990 et 1997.

     

    La seconde guerre d’Irak (3ème guerre du Golfe) 2003

     

    Le 20 mars 2003, les troupes américaines et leurs alliés ont envahi l’Irak au motif que Saddam Hussein aurait possédé des armes de destruction massive et coopérait avec Al-Qaïda. Les deux accusations ont ensuite été réfutées par le comité des services secrets du Sénat américain.

     

    Selon l’étude indépendante du Lancet, 600 000 civils sont morts en 2006, ce qui représente 90 % de toutes les victimes. Rien qu’au cours d’une mission de trois semaines en 2003, entre 1 000 et 2 000 tonnes de munitions à l’uranium ont été utilisées par les États-Unis. A Falloudja, une ville située à 70 kilomètres de Bagdad, la contamination radioactive serait des dizaines de fois plus élevée qu’après la bombe d’Hiroshima. Depuis lors, un nombre croissant de bébés terriblement déformés naissent sans tête, avec deux têtes ou des membres manquants. D’innombrables crimes de guerre cruels commis par les troupes américaines ont été révélés au public et en partie par WikiLeaks. Depuis le retrait des dernières troupes américaines d’Irak en 2011, l’Irak est dans une situation similaire à une guerre civile.

     

    Guerre de Syrie depuis 2011

     

    AVANT : La Banque centrale syrienne était détenue et contrôlée par l’État et n’avait pas de dette envers le Fonds monétaire international (FMI). Bachar al-Assad, le président syrien, a initié la démocratie quelques années avant la guerre. Avant 2007, la Syrie était un pays tellement riche et prometteur qu’elle a pu accueillir deux millions de réfugiés irakiens. Le système de santé était gratuit. Pour protéger la population contre les risques sanitaires, les semences génétiquement modifiées (« OGM ») n’étaient pas autorisées. La Syrie, qui dispose (dans son sous-sol) d’énormes réserves de pétrole et de gaz participait à la construction d’un oléoduc avec l’Iran, sans la participation des géants pétroliers occidentaux. La population syrienne était très bien informée sur le NOUVEL ORDRE MONDIAL. Les médias et les universités débattaient de l’influence de l’élite du pouvoir global. La Syrie protégeait son identité politique, culturelle et nationale.

     

    APRÈS : Au cours du printemps arabe de mars 2011, il y a eu un conflit entre le gouvernement de Bachar al-Assad et divers groupes d’opposition. Peu après, des groupes lourdement armés sont entrés dans le pays et sont intervenus dans la guerre civile contre Assad. Selon les chiffres les plus récents des Nations Unies, plus de 250 000 personnes ont été tuées à ce jour – sans les chiffres non officiels. Un tiers d’entre eux étaient des victimes civiles. Plus de 3,8 millions de Syriens ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié sont des enfants.

     

    Actuellement le plus grand nombre de réfugiés en Europe provient de Syrie. Toutes les sources de revenus ont été supprimées par les sanctions économiques occidentales. Les exportations de carburant, de pétrole et de technologie ont été interdites. Les marchandises importées comme le blé se font rares et il y a une pénurie de pain. La nourriture est deux fois plus chère qu’avant la guerre. Selon Joshua Landis, professeur à l’Université d’Oklahoma, c’est entre autres choses la stratégie des Etats-Unis pour affaiblir les Syriens et les forcer à se rendre. En prétendant que la Syrie avait utilisé des armes chimiques, les États-Unis avec les États membres de l’OTAN ont tenté d’entrer en guerre. Cependant, on n’a jamais pu prouver qu’Assad avait utilisé des armes chimiques. Au contraire, il les a même fait détruire.

     

    La guerre en Ukraine depuis 2014

     

    AVANT : Avant la guerre, l’Ukraine était un pays neutre dans le conflit Est-Ouest et un pont entre la Russie et l’UE. L’adhésion à l’OTAN n’était pas prévue. Grâce à l’accord de Kharkov d’avril 2010, qui a permis à la flotte russe de la mer Noire d’être stationnée en Crimée jusqu’en 2042 au moins, l’Ukraine a reçu du gaz naturel russe à prix réduit. Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité de Jimmy Carter, décrit l’Ukraine comme le cœur de l’île du monde – c’est-à-dire l’Eurasie. Celui qui contrôle l’Ukraine gouverne le cœur du monde et donc le monde.

     

    APRÈS : Après la destitution anticonstitutionnelle du président Viktor Ianoukovitch à Kiev le 22 février 2014, le nouveau gouvernement a envoyé des troupes contre les régions orientales de Donetsk et Lugansk, qui n’avaient pas reconnu le changement de pouvoir et avaient proclamé des « républiques populaires » indépendantes. Victoria Nuland, secrétaire adjointe aux affaires étrangères des États-Unis, a involontairement témoigné lors d’une conversation téléphonique sur écoute que les États-Unis avaient investi cinq milliards de dollars pour amener au pouvoir en Ukraine un nouveau gouvernement dirigé par les États-Unis. Environ 6 000 personnes ont été tuées à ce jour – sans les chiffres non officiels ; 15 000 ont été blessés, et près de trois millions de personnes ont fui leur domicile.

     

    Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, plus de 150 000 personnes ont cherché protection en Russie. Des coups de feu sont tirés quotidiennement dans l’est de l’Ukraine, des maisons sont bombardées et l’infrastructure technique est gravement touchée : Dans de nombreuses villes, il n’y a de l’eau et de l’électricité que pendant quelques heures, et même maintenant plus du tout dans certaines villes. En Ukraine, le niveau de vie s’est considérablement détérioré depuis la destitution de Ianoukovitch : près de 80 % de la population ukrainienne vit autour du seuil de pauvreté. Avant que Ianoukovitch soit destitué, la pension retraite minimum était d’environ 120 euros par mois ; elle est maintenant de 40 euros ; le salaire minimum qui tournait autour de 90 euros par mois, est maintenant de 50 euros. Aujourd’hui, le salaire moyen est d’environ 120 euros par mois.

     

    Pour la période 2010-2013, l’inflation était de 3,5 % ; en 2015, elle était déjà de 40 %. Au cours des deux dernières années, l’inflation a été de 30 % pour les transports et de 200 % pour le carburant. Le prix des aliments a été multiplié ; les aliments de base – pain, viande, lait – ont augmenté de 40 % ; l’électricité et le gaz de 110 % ; Une nouvelle augmentation des prix est prévue tous les six mois. Les sociétés étrangères élargissent leur influence sur le secteur agricole ukrainien, comme les sociétés de biotechnologie telles que Monsanto, Cargill et DuPont. Selon des députés ukrainiens, le gouvernement de Kiev est sous le contrôle total du gouvernement américain. Selon le projet de loi 2953 de mai 2015, l’Occident doit être autorisé à stationner des armes nucléaires en Ukraine. Les Etats-Unis sont prêts à risquer une guerre en Europe pour maintenir leur présence militaire et leur suprématie.

     

    D’après ces faits – AVANT / APRÈS – une conclusion s’impose : Les guerres peuvent difficilement être justifiées – et certainement pas sous le prétexte de la démocratie et de la liberté. Toutes ces guerres et d’autres – comme les guerres en Yougoslavie, en Afghanistan depuis 2001, la guerre civile somalienne ou l’intervention militaire au Yémen en 2015 – toutes ces guerres n’ont été possibles qu’au moyen de mensonges délibérément répandus pour diffamer le pays cible. D’autres prétendues démocratisations et changements de régime – dans des pays comme l’ex-Yougoslavie, la Slovaquie, la Géorgie ou le printemps arabe, ainsi que dans tous les pays futurs – doivent également être envisagés sous cet angle. La question est maintenant de savoir si, au nom de la démocratie, une guerre ou une intervention militaire va à nouveau être justifiée par les politiciens et les médias, si le peuple écoutera cette argumentation ou s’il croira à nouveau à la propagande du mensonge et de la guerre. Aidez-nous à apprendre à tous comment comprendre à temps les mensonges et la propagande et comment dire d’une seule voix au moyen d’informations générales. « Plus jamais la guerre ! On n’y participera pas ! »

     

    de ct

     

    Liens : http://die-wahrheit-ueber-muammar-al-gaddafi.blogspot.de/2013/02/gaddafis-libyen-war-afrikas-reichste.html
    https://gegen-kapital-und-nation.org/muammar-al-gaddafi-%E2%80%93-von-wegen-verr%C3%BCckt
    http://www.luftpost-kl.de/luftpost-archiv/LP_11/LP20111_051111.pdf
    http://de.sputniknews.com/politik/20140825/269388155.html
    http://politik-im-spiegel.de/zwei-jahre-nach-kriegsende-in-libyen/
    https://de.wikipedia.org/wiki/Milizen_in_Libyen_seit_2011
    https://de.wikipedia.org/wiki/Krieg_in_Libyen_seit_2014
    https://de.wikipedia.org/wiki/Krieg_in_Libyen_seit_2014#cite_note-27
    http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/europa/gerhard-wisnewski/fluechtlingsstroeme-wie-die-nato-nordafrikas-entwicklung-zerbombte.html
    http://www.globalresearch.ca/libyas-water-wars-and-gaddafis-great-man-made-river-project/5334868
    http://www.gegenfrage.com/rueckblick-obamas-umgestaltung-im-nahen-osten/
    http://unsmil.unmissions.org/Default.aspx?tabid=3543&ctl=Details&mid=6187&ItemID=2099203&language=en-US
    http://www.zeit.de/politik/ausland/2015-04/libyen-fluechtlinge-transitland
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    https://denkbonus.wordpress.com/2015/08/08/das-geheimnis-hinter-der-massenzuwanderung

     

    Irak 1 – https://de.wikipedia.org/wiki/Irak
    http://www.blz.bayern.de/blz/web/irak/geschichte.html
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    https://de.wikipedia.org/wiki/Zweiter_Golfkrieg#Wirtschaftssanktionen
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    Irak 2 – https://de.wikipedia.org/wiki/Saddam_Hussein#Der_erste_Golfkrieg
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    http://de.sputniknews.com/politik/20150205/300975896.html#ixzz3imA3Ni4F
    http://www.politaia.org/politik/europa/willy-wimmer-zu-waffenlieferungen-der-usa-in-die-ukraine/
    http://www.gegenfrage.com/ukrainische-regierung-zu-100-unter-us-kontrolle/

     

    source:https://www.kla.tv/index.php?a=showlanguage&lang=fr

     

     

    https://reseauinternational.net/les-guerres-modernes-de-democratisation-percees-a-jour-plus-jamais/

     


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